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Début mercredi de la préolympique de Qingdao

Rohart Rambeau
DR

Côté français, une bonne partie de la délégation a déjà l’expérience de ce format puisque sept coureurs ont déjà disputé les Jeux. Le plus capé d’entre eux, Xavier Rohart, a même participé à trois olympiades et est le seul tricolore déjà sélectionné pour la prochaine. Il affirme cependant « ne pas venir pour gagner mais plutôt pour sentir le plan d’eau et s’imprégner de l’environnement » avant d’ajouter qu’il ne restera pas non plus un simple spectateur. Rappelons qu’avec Pascal Rambeau, ils arborent le plus beau palmarès actuel en voile olympique avec entre autre une médaille de bronze à Athènes et un récent titre de vice champion du monde ISAF. A côté de ce cursus unique, on retrouvera d’autres talents tricolores incontestés avec Faustine Merret, championne Olympique en planche à voile, ou Julien Bontemps, tous deux déjà présents à Athènes. De la même manière, Ingrid Petitjean et Nadège Douroux portaient les couleurs en Grèce et font toujours office de favorites, surtout depuis leur récent titre de vice championnes du monde ISAF. Enfin, Stéphane Christidis, en 49er est le dernier des bleus à avoir déjà défilé dans un stade olympique. Aujourd’hui, il équipe Morgan Lagravière et les deux hommes ont déjà connu plusieurs succès malgré la relative jeunesse de leur association. Morgan et Stéphane ont notamment réalisé un beau championnat du monde ISAF où ils ont souvent joué aux avants postes. Mais l’expérience des bleus ne se limite pas aux passages devant les Jeux. Ainsi, les tornadistes Xavier Revil et Christophe Espagnon sont de solides concurrents qui ont notamment remporté cette année l’Eurolymp de Medemblick et terminé sixième au Portugal. Les deux militaires Thomas Le Breton et Sophie de Turckheim sont aussi des habitués des podiums en Laser puisqu’ils ont tous deux terminé à la deuxième place des Jeux Mondiaux de la voile, il y a un peu plus d’un an. Pierre Leboucher et Vincent Garos, auteurs d’un début de saison tonitruant porteront les chances françaises dans la série des 470. Enfin, le Martiniquais Ismaël Bruno régatera dans la série des Finn.

Interview de Xavier Rohart :
« Nous ne venons pas pour gagner pour une simple raison, c’est qu’en général, nous régatons bien sur les sites que l’on connaît déjà. Je ne serai pas là non plus en spectateur mais je veux voir le plan d’eau et tout ce qu’il y a autour afin de trouver les paramètres à travailler et même la logistique à mettre en place. C’est la première fois que je viens en Chine et même en Asie à part quelques passages éclairs en avion. Le site est un mélange particulier, un peu comme si la Belgique était au Maroc. L’état de la mer et l’odeur de l’eau font penser à Oostende mais il fait beaucoup plus chaud. Je pense qu’il n’y a pas d’autre endroit sur terre comme ça. Pour l’instant, nous n’avons navigué qu’une seule journée car les conditions sont très instables. »

Interview de Ingrid Petitjean
« Cette année, nous passons un mois en Chine, c’est un peu moins que l’année dernière. Ici, nous avons de bonnes conditions pour nous entraîner (Ingrid et Nadège sont arrivées plusieurs jours avant Xavier et Pascal, ndlr) et il faut du temps pour se familiariser avec le site. De plus, nous avons des essais matériels à faire. Pour l’instant, nous sommes sur le même schéma météo que l’année dernière. Il y a une eau agitée avec du courant et du brouillard de temps en temps. Nous n’avons pas encore vu de grand ciel bleu comme l’année dernière mais il n’y a pas eu de gros coup de vent non plus. Nous sommes plutôt contentes, jusqu’à aujourd’hui, il n’y a eu qu’un seul jour où nous n’avons pas pu aller sur l’eau et en dehors de ça, les conditions étaient toujours navigables. »

Interview de Pierre Leboucher :
« Nous ne serons qu’un bateau par série ce qui ne fait pas grand monde sur le parking et encore moins sur l’eau. Pour ce qui est de la préparation, il n’y a pas grand chose qui change mis a part que l’on ne peut pas s’entraîner avec nos partenaires habituels. C’est un mal pour un bien car tous les coureurs sont dans le même cas, et ça nous permet de naviguer et de prendre des infos sur des concurrents que l’on ne connaît pas bien. Cette régate est vraiment une répétition des JO, elle ne ressemble pas aux eurolymps habituelles. Un bateau par nation, cela veut dire très peu de bateaux sur l’eau et ça signifie qu’il faut être présent dès le début. En tout cas, nous avons hâte d’aller jouer… »

Interview de Ismaël Bruno :
« Une préolympique, c’est un format assez particulier. En Finn, il y a une vingtaine de nations, et cela correspond à très peu de choses près aux 20 meilleurs mondiaux. En résumé, c’est une petite flotte, un niveau hyper élevé, pas de "touristes", une durée plus longue. A cela, il faut ajouter les spécificités du plan d’eau donc cela fait un cocktail assez intéressant et ca promet d’être intense. Je n’ai pas vraiment fait de préparation spécifique faute de temps, juste une bonne session de navigations cette semaine pour repérer un peu le plan d’eau. Pour l’instant, je ne sens pas plus de pression que d’habitude, au contraire je commence à voir à quoi cela peut ressembler d’être aux jeux et ca me motive énormément ! »

Coureurs français engagés :
– Tornado :
Xavier Revil / Christophe Espagnon (SRV Annecy – SRR Equipe de France militaire)

– Star :
Xavier Rohart / Pascal Rambeau (YC La Pelle – SR Rochelaises)

– 470 homme :
Pierre Leboucher / Vincent Garos (ASPTT Nantes / SNO Nantes)

– 470 femme :
Ingrid Petitjean / Nadège Douroux (SN Marseille – SN Marseille)

– RS :X homme :
Julien Bontemps (ASPTT Nantes)

– RS :X femme :
Faustine Merret (Crocos de L’Elorn)

– Laser standard :
Thomas Le Breton (SR Brest – Equipe de France Militaire)

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Une étape indécise autant que spectaculaire

Jean-Pierre Nicol
DR

Le portant, c’est important. On néglige trop souvent ce qui peut se passer au vent arrière. Trop habitués à un jeu collé serré – surtout en monotypie – dont l’idée reçue veut qu’il génère pas ou peu d’écarts, qu’il suffit d’être rapide sous spi pour s’en sortir. Pan sur le bec, on a eu droit à de jolies surprises tôt ce matin avec le passage à la bouée BXA dans l’estuaire de la Gironde. C’est ainsi que le bizuth Jean-Pierre Nicol (Gavottes) au terme d’une belle sinusoïdale à l’est et à l’ouest de la route, passait en premier la marque par le travers du phare de Cordouan, à 6h42, avant de mettre le cap sur La Corogne. Robert Nagy (Théolia) et Christian Bos (Belle-île en mer) viraient respectivement en 2e et 3e position cette même bouée, suivis de près par les leaders d’hier, à savoir Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier), Thierry Chabagny (Brossard), Vincent Biarnes (Côtes d’Armor), Michel Desjoyeaux (Foncia), Corentin Douguet (E.Leclerc/Bouygues Telecom) et Gildas Morvan (Cercle Vert), ce dernier étant précédé du vainqueur 2006, un Nicolas Troussel (Financo) fort bien revenu dans le match. Il y avait alors déjà des écarts substantiels, sans être rédhibitoires. Ainsi le leader au général Fred Duthil (Distinxion) rendait 40 minutes au leader et Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs) 3e au général, un peu plus de trois quarts d’heure. Ce soir, les deux hommes sont respectivement 10e à 10 milles (Duthil) et 16e à 12 milles (Bérenger). Voilà qui, pour l’instant, fait les affaires de Desjoyeaux, Mahé et Chabagny au général… mais la course est loin, très loin d’être terminée.

Vainqueur du Tour de France à la voile 2006 et Champion de France de Match Racing 2007, le bizuth Jean-Pierre Nicol ne pouvait alors que se réjouir de sa trajectoire un peu plus à l’est que celle du groupe Desjoyeaux, lors de la descente vers BXA. « Après deux premières étapes catastrophiques, passer la marque en tête m’a fait du bien», confiait-il à la vacation radio. Hélas pour lui, à 10h le golfe de Gascogne se transformait en lac totalement déventé. Bien difficile de trouver le moindre souffle pour faire avancer la machine sur cette mer d’huile. « On est collé dans la pétole et Christian Bos s’est un peu barré devant», racontait alors Jean-Pierre Nicol. Confirmation au pointage de 16h : en effet, le skipper de Belle-Ile-en-mer (qui n’a pas répondu à la vacation radio) était en tête à 294 milles de la Corogne et affichait 5,3 milles d’avance sur Robert Nagy (Théolia), fort bien inspiré également dans la descente sous spi vers la Gironde et lui aussi à l’affût de la moindre risée salvatrice. Celle qui permet de progresser tant bien que mal tout mettant un terme, même momentané, à l’entêtant claquement des voiles faseyantes.

«Prêts à faire le gros dos »

Ne pas s’y méprendre toutefois. Si le changement de rythme est manifeste, deux choses sont importantes à retenir : primo, la pétole ne devrait pas durer. Ensuite les gros bras d’hier et ceux du classement général sont loin d’avoir dit leur dernier mot. Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier) est le mieux loti d’entre eux : troisième à 6 milles de Christian Bos. Mais Michel Desjoyeaux, Gildas Morvan, Thierry Chabagny, Nicolas Troussel, Vincent Biarnes et Corentin Douguet vont aussi se battre pour la gagne sur les 300 milles qui restent encore à parcourir d’ici l’arrivée à La Corogne. Si les écarts sont maintenant pertinents – plus de 15 milles de retard à partir du 20e – le groupe de poursuivants mené par Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole, 9e à 10 milles) peut très bien s’en sortir lui aussi. Côté météo, cette pétole est une classique entre deux systèmes. «Et le vent va revenir doucement par l’ouest cet après-midi », explique Richard Silvani de Meteo France. «Il va s’orienter sud-ouest et forcir dans la nuit pour monter jusqu’à 15 nœuds demain mardi, au matin. Ensuite on passera au vent vraiment fort avec 30 à 35 nœuds et des rafales à 40, une mer inconfortable. Ce sera pour mardi soir et la nuit de mardi à mercredi ». L’absence de vent du moment n’est donc qu’un leurre passager. Les skippers de cette 38e Solitaire Afflelou Le Figaro le savent. Si bien qu’ils sont nombreux cet après-midi à expliquer s’être déjà préparés à affronter « la baston », ce fameux coup de chien qui succèdera au calme du jour, trop plat pour être honnête. Tous racontent qu’ils ont passé les bosses de ris (boutes qui servent à réduire la toile dans le vent fort, ndr) et rangé les bateaux. Qu’ils sont « prêts à faire le gros dos », comme dit un Eric Drouglazet (Luisina, 17e à 12 milles) qu’on sait dur au mal et qu’on imagine bien avec un sourire carnassier de corsaire malicieux quand il déclare à la vacation du jour : « j’attends le gros temps avec impatience. » Ce n’est pas forcément le cas de tout le monde. Mais n’anticipons pas. Avant ce passage nocturne dans le coup de tabac, il y a encore une nuit et une journée de régate à gérer. Et depuis le départ de Caen, on a confirmation que vingt-quatre petites heures peuvent contenir un respectable quota de péripéties et retournements de situations en tout genre lorsqu’on parle de course au large, a fortiori en solitaire et à armes égales. Les neuf premiers bateaux tiennent en moins de dix milles nautiques. Cela peut paraître beaucoup. C’est relativement peu en vérité lorsqu’on sait que la bouée au vent s’appelle La Corogne. Et que celle-ci est encore 300 milles devant l’étrave de l’étonnant Christian Bos.

Les échos du large

Jean-Pierre Nicol (Gavottes): « En ce moment, on est scotché. On sait que le vent doit rentrer mais on ne sait pas si ce sera de droite ou de gauche. Devant, j’ai Christian Bos qui s’est fait un peu la malle. Pour l’instant, on ne peut pas aller se reposer, il faut être à l’affût de la moindre risée. Pour l’instant, j’ai choisi de rester sur la route. »

Thierry Chabagny (Brossard) : « On essaye de sortir de cette zone de molle. On commence à toucher un peu de vent maintenant, c’est agréable d’entendre le bateau faire un peu de bruit dans la mer. La stratégie, pour l’instant, c’est d’avancer et de se positionner vers la dépression qui va nous arriver bientôt, dans la nuit et demain surtout. On va faire un peu de nord-ouest et avancer. Je n’ai pas beaucoup dormi depuis la première nuit. Cette nuit, après la bataille d’empannage, puis le passage de BXA, le vent était ingérable, on se prenait les voiles dans la figure, impossible de dormir. »

Jeanne Grégoire (Banque Populaire) : « Je viens d’ouvrir un oeuf dur qui a un peu trop cuit, il ne sent pas très bon et il n’est pas très beau à voir… pour te dire, ma course ressemble un peu à ça pour l’instant. J’ai l’impression que sur ce Figaro, je n’arriverai pas à faire les choses à l’endroit. Pour ce qui est de mon option quand le vent va rentrer, moi, j’irais plutôt à la côte, pour ne pas avoir de mer, ça peut permettre d’avancer plus vite… ça va être fort mais ce sera pas la grosse tempête. Le seul truc qui m’inquiète : si ça passe au nord-ouest et que je suis à la côte, je vais manger énorme. »

Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole) : « Je n’ai pas eu mon ticket de passage au raz de Sein. J’ai eu droit à un petit mouillage forain… puis une belle descente à la BXA et maintenant les voiles qui claquent. J’aurais pu être encore mieux car j’étais avec Christian Bos jusqu’à la fin de la nuit. Mais bon, il reste 300 milles de près dans la baston donc rien n’ est fait. J’ai un peu d’appréhension d’autant que je n’ai pas beaucoup dormi…Là, il n’y a pas de vent donc on est obligé d’être sur le pont pour grappiller le moindre mètre. J’ai bien en tête tout ce que j’ai à faire pour attaquer le coup de vent. Les bosses de ris sont passées, il va y avoir des changements de voiles, il n’y a plus qu’à sortir les cirés. Je suis avec Fred Duthil et Corentin Douguet. J’aperçois la tête de flotte qui semble s’échapper un peu. »

Gildas Morvan (Cercle Vert): « Depuis 2 heures, c’est le lac. Il y a des petites risées qui arrivent, faut essayer de les attraper pour repartir avec. Tout ce qu’on peut grignoter dans l’ouest, ce sera bien pour partir en premier. Je suis avec Financo, Brossard et Foncia…on se tire la bourre. On essaie d’avancer plus ou moins sur la route.»

Eric Nigon (AXA Atout Cœur pour Aides) : « Je regarde partout pour voir s’il y a une petite risée qui vient, mais il n’y a pas grand chose. J’ai tiré un bord à terre qui était assez intéressant. Pour l’instant, c’est une très belle ballade, il manque juste un peu de vent. On aura du gros temps donc j’ai privilégié d’aller chercher une mer plus plate plus près des côtes espagnoles. Tout va bien, j’ai passé la première nuit à me reposer un maximum.»

Marc Emig (A.ST Groupe) : « J’ai été mauvais toute la nuit donc forcément, je le paye. Il y a eu la surprise de ceux qui étaient à terre. Bref, faut repartir à zéro. Ce matin, j’ai pu dormir un poil avant cette grosse molle. Vu ce qui nous tombe sur la tête en ce moment, la stratégie sera surtout de démarrer de là où on est. Car le vent va arriver par devant, donc, évidemment, faut être devant. La suite ne va pas être toute simple. Il y a un passage de front avec 35 à 40 nœuds et il y aura sûrement une bascule à l’ouest à aller chercher. »

Robert Nagy (Théolia) : « Je suis passé 2e à la BXA. Hier à la même heure, lorsque je vous parlais, je vous disais que j’étais sur la droite du plan d’eau pour être du bon côté de la bascule, pas autant que Jean Pierre (Nicol) qui était très loin à droite. Mais ça a bien marché. Jusque il y a une minute, je me demandais si je n’allais pas sortir le mouillage… mais j’y ai échappé. Dans pas longtemps, ça va être gros carton. J’ai eu la super bonne idée de dormir 1 h 15 après BXA : c’était certainement la meilleure idée de la journée »

Pointage à 19h : 1. C. Bos (Belle Ile en Mer) à 280.7 milles de l’arrivée; 2. J.P. Nicol (Gavottes) à 7.8 milles du leader; 3. G. Mahé (Le Comptoir Immobilier) à 8.1 m; 4. M. Desjoyeaux (Foncia) à 8.3 m; 5. G. Morvan (Cercle Vert) à 9.6 m; 6. V. Biarnes (Côtes d’Armor) à 9.8 m; 7. N. Troussel (Financo) à 9.9 m; 8. C. Pratt (Espoir Crédit Agricole) à 11 m; 9. C. Douguet (E. Leclerc / Bouygues Telecom) à 11.5 m; 10. F. Duthil (Distinxion) à 11.5 m; 11. G. Véniard (Scutum) à 14.6 m; 12. P. D’Ali (Kappa) 14.7 m; 13. E. Drouglazet (Luisina) 15.3 m; 14. R. Treussart (Groupe Céléos) à 15.3 m; 15. N. Lunven (Bostik) à 15.4 m; 16. N. Berenger (Koné Ascenseurs) à 15.7 m; 17. F. Le Gal (Lenze) à 15.8 m; 18. B. de Broc (Les Mousquetaires) à 17.6 m; 19. J. Grégoire (Banque Populaire) à 17.9 m; 20. T. Rouxel (Défi Mousquetaires) à 19.1 m; 21. F. Rivet (Novotel Caen) à 19.8 m; 22. J.P. Mouren (M@rseillEntreprises) à 19.9 m; 23. M. Emig (A.ST Groupe) à 20.4 m; 24. N. King (Nigel King Yachting) à 22.3 m; 25. M. Lepesqueux (Rapid’ Flore – Caen-La-Mer) à 23.5 m; 26. E. Nigon (AXA Atout Coeur Pour Aides) à 24.4 m; 27. P. Bougard (Kogane) à 25.3 m; 28. C. Lebas (LoLa La piscine assemblée) à 27.4 m; 29. G. Le Mière (Basse-Normandie / OTCex Group) à 28.2 m; 30. L. Pellecuer (Cliptol Sport) à 28.2 m; 31. J.C. Monnet (Degrémont Suez Source de Talents) à 28.2 m; 32. L. Wardley (Sojasun) à 28.5 m; 33. T. Duprey du Vorsent Thierry (Domaine du Mont d’Arbois) à 28.9 m; 34. A. Belloir (CAP 56) à 29 m; 35. A. Loison (All Mer Inéo Suez) à 29.1 m; 36. P. O’Rian (City Jet) à 29.6 m; 37. M. Thiercelin (Siemens) à 30.2 m; 38. E. Defert (Suzuki Automobiles) à 30.3 m; 39. A. Tripon (Gedimat) à 30.5 m; 40. A. Pedro Da Cruz (Baïko) à 32.1 m; 41. Q. Le Nabour (Votre Nom pour Le Figaro) à 38.7 m; 42. L. Nabart (Corsica) à 41.4 m; 43. J.P. Le Meitour (Construction Dorso) à 42.4 m; 44. J.F. Bulot (Crédit Mutuel de Normandie – Ville de Caen) à 43 m; 45. J. Le Baut (Port Olona – Arrimer) à 62 m; 46. J. Bird (GFI Group) à 94.8 m.

Non localisés : T. Chabagny (Brossard) et R. Nagy (Théolia)
Abandons : E. Svilarich (Grain de Soleil) et D. Bouillard Didier (MEDevent)

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Les Finistériens à l’attaque

Gildas Mahé Le Comptoir immobilier
DR

La flotte s’est en effet retrouvée engluée au Raz de Sein dans une zone sans vent, à la merci des courants contraires. La plupart des coureurs ont préparé leur mouillage, dans la crainte de passer une nuit à l’arrêt, à attendre la prochaine marée. Une crainte suivie d’effets pour certains, à l’instar du bizuth Jean-Charles Monnet (Degrémont Suez Source de talents), contraint de jeter l’ancre dans 25 mètres de fond. Frédéric Duthil (Distinxion), le leader du classement général, n’y a pas échappé non plus : « Il y a eu un petit passage compliqué. La porte s’est un peu refermée devant nous. On a été obligé de mouiller pendant une bonne heure et ceux de devant se sont échappés ». Heureusement, le coup d’arrêt a été de courte durée, sans effet rédhibitoire sur le classement. Les plus inspirés pour déjouer les pièges de ce passage à niveau sont aussi de fins connaisseurs de cette zone de navigation : les finistériens Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier), Eric Drouglazet (Luisina), Gildas Morvan (Cercle Vert) et Christophe Lebas (Lola La Piscine Assemblée) entre autres, ont trouvé le trou de souris pour s’échapper du Raz et pointent ce matin aux avant-postes, en compagnie de Corentin Douguet (E. Leclerc/Bouygues Telecom), visiblement satisfait de son début de course. Les 16 premiers concurrents sont très groupés (1,5 milles), et ont creusé un léger écart (2 milles) avec un deuxième groupe de poursuivants, emmené par Duthil. Quoi qu’il en soit, ces conditions de navigation douces et clémentes, permettent aux solitaires de confier la barre de leur Figaro Bénéteau au pilote automatique et de se reposer entre deux réglages de spi. Ils devraient continuer à naviguer au même régime pendant toute cette journée de dimanche.

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Avis de tempête sur la Fastnet Race, l

Avis de tempête sur le Fastnet
DR

Ce report est le premier depuis la création de la course il y a 83 ans mais la navigation en Manche et en mer d’Irlande avec de telles conditions serait périlleuse pour les concurrents. Le premier départ pour les 300 inscrits devrait donc être donné lundi 13 août à 11 heures. « Ce cas de figure est exactement la politique sécuritaire du RORC, donner un départ uniquement lorsque les conditions sont praticables, mais la décision de participer ou non à une course demeure de la responsabilité du propriétaire du bateau » analysait Janet Grosvenor, manager du comité de course du RORC.

L’Orma jette l’éponge…
Pour la classe ORMA, en accord avec tous les skippers engagés, la course est annulée. Une annulation motivée par 3 raisons principales. En effet, une violente dépression se creuse au large des côtes anglaises avec des vents de 35 à 40 noeuds et une mer très formée (4 à 5m). Dans ces conditions extrêmes avec un parcours à 90° du vent, le risque s’avère important pour l’ensemble de la flotte et principalement pour la classe des multicoques ORMA. Cette même dépression, très instable, est également à l’origine du changement de parcours de la course du Figaro.

Une décision difficile pour la direction de course,
En décidant de reporter le départ, les organisateurs ont pris une décision unique pour toutes les classes de bateaux créant une situation délicate pour les bateaux les plus rapides comme les multicoques ORMA qui auraient pu effectuer la totalité du parcours en avant de la dépresssion si le départ avait bien été donné dimanche, comme prévu. En effet, ce report devrait permettre aux petites embarcations (monocoques de petites tailles) de s’abriter, si nécessaire, dans des ports sur les côtes sud de l’Angleterre en attendant de voir passer le centre dépressionnaire… Les multicoques, quant à eux, se seraient retrouvés au coeur de la dépression, sans possibilité d’abris. Après discussion avec les organisateurs et l’ensemble des skippers de la classe, cette décision d’annuler le départ pour la classe ORMA s’est vite imposée comme l’unique solution "raisonnable" et "sage" à deux mois de l’objectif principal de la saison sportive : la Transat Jacques Vabre.

Horaires des départs selon les classes:
 IMOCA 60 – 11h00
 IRC 3 – 11h20
 IRC 2 – 11h40
 IRC 1 – 12h00
 IRC Z – 12h20
 IRC SZ & CK – 12h40
 Multicoques – 13h00

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Desjoyeaux en éclaireur

Michel Desjoyeaux
DR

Les voix sont calmes, détendues à la vacation du jour. Après un premier coup de stress au départ de Brest hier soir, puis un deuxième dans le raz de Sein où certains ont été obligés de mouiller une ancre pour ne pas culer dans la pétole avec le courant, chacun a pris ses marques. D’abord en admirant la pluie d’étoiles filantes dans la nuit noire, puis à la barre ce dimanche, pour composer au mieux avec le vent arrière et le léger clapot. Cet après-midi, au grand large de la Vendée, on ne se plaint guère. « On a quelques nuages, mais il fait chaud. Les conditions sont très agréables et je bricole des zigzags pour essayer de revenir sur les tout premiers », témoigne Gérald Véniard (Scutum). Les skippers des 48 Figaro Bénéteau en course (abandons d’Etienne Svilarich et de Didier Bouillard hier) naviguent en ce moment sous spi vers la Gironde, poussés par un vent de secteur nord-ouest d’une quinzaine de nœuds, un peu plus soutenu que prévu. « C’est très joli », assure Nicolas Raynaud à bord du bateau Direction de course, « ils empannent pour suivre les oscillations du vent, les bateaux rattrapent leurs propres spis, obligeant les marins à régler et barrer le plus possible. C’est une belle bagarre mais pour l’instant cela tient encore du round d’observation. La grande empoignade stratégique débutera réellement à partir de la bouée BXA, dans l’estuaire de la Gironde, qu’on devrait atteindre demain matin. » 

Michel Desjoyeaux (Foncia) est en tête au pointage de 16h. D’un rien : 0,3 mille devant Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier). C’est très serré en tête. Les dix premiers se tiennent en un mille en terme de distance au but et les positions aux classements jouent au yo-yo, sous l’influence des écarts latéraux. Lesquels ont été relativement importants aujourd’hui même si les routes convergent de nouveau en tête. Pour résumer tout de même, un petit quart de flotte (16 bateaux) dans lequel on retrouve une majorité de meneurs au classement général a réussi à faire un petit écart sur le reste de la meute, essentiellement à la faveur du passage du raz de Sein. Aux avant-postes, outre l’inévitable Michel Desjoyeaux et le décidément talentueux Gildas Mahé, on retrouve le très régulier Thierry Chabagny (Brossard, 3e à 0,4 mille), le leader de ce midi Gildas Morvan (Cercle Vert), Eric Drouglazet (Luisina), mais aussi Corentin Douguet (E.Leclerc/Bouygues Telecom), Ronan Treussart (Groupe Céléos), Gérald Véniard (Scutum), Christophe Lebas (Lola La piscine assemblée) et le bizuth Nicolas Lunven (Bostik). Tous ceux-là sont incontestablement bien dans le match.

A l’inverse, sans être lâchés – très loin de là – le leader du général Fred Duthil (Distinxion), le troisième Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs) et le vainqueur 2006 Nicolas Troussel (Financo) ont pris un léger retard. « J’ai été obligé de mouiller deux fois dans le raz pendant que ceux de devant se barraient », raconte Nicolas Bérenger, « j’ai eu très peur de prendre une marée de retard sur ce coup-là. Heureusement ça n’a pas duré trop longtemps, mais j’ai frisé la correctionnelle.» Les débours au premier de ces trois-là se sont réduits depuis ce matin et s’étalonnent désormais entre 1,4 et 2,8 milles. Pas de quoi en faire toute une histoire, à encore 430 milles de La Corogne. « J’ai l’écoute entre les dents et à bloc Jean Floch, à l’attaque pour revenir », raconte avec humour le skipper de Koné Ascenseurs. Entre deux pointages, chacun cherche son salut en vitesse pure (moyennes à 7 nœuds au pointage de 16h) et dans de légers décalages latéraux. Il y a de petits coups à jouer, certes, mais surtout, chacun suit le vent en faisant marcher au mieux le bateau tout en se préparant pour la suite, annoncée copieuse, entre l’estuaire de la Gironde et La Corogne. Tout ou partie des 300 derniers milles devraient en effet se courir au louvoyage en remontant un fort vent de sud-ouest, sans doute jusqu’à 35 nœuds. Le tout en coupant à travers le golfe de Gascogne, jamais confortable dans ces conditions. Et au près, il y aura forcément davantage de stratégie et de tactique. Pour l’heure, les marins anticipent cette deuxième nuit de course où il faudra être vigilant, notamment en doublant le plateau de Rochebonne, au large de Ré, contrée très fréquentée des pêcheurs. Viendra ensuite le pointage du Grand Prix Suzuki à BXA, demain matin. On pourra alors se faire une idée plus précise de la hiérarchie qui se dessine sur cette troisième étape marathon de La Solitaire.

Echos du large

Gildas Morvan (Cercle Vert): « Le passage au raz de Sein a été assez spécial, à la tombée de la nuit, dans la pétole. On a eu de la chance, on a réussi à passer avec un peu courant et juste après, le vent est revenu. La navigation de cette nuit a été super sympa. Je me suis fait un super petit plat : j’ai mangé les paupiettes que ma mère m’avait préparées. Mais à part ça, il y avait des coups à jouer, il fallait aller chercher la pression dans l’ouest, être sur le qui-vive, regarder à gauche à et à droite. Maintenant, j’essaie de me recaler un peu vers les copains, je n’ai pas envie de partir seul dans mon coin. On est tous bâbord amure, le vent est un peu à droite… Nous sommes à 115 milles de BXA. »

Nicolas Luven (Bostik), en train de régler son spi récalcitrant : « Les conditions sont top. Ce matin le vent est rentré avec une quinzaine de noeuds. Je suis bien placé, tout va bien à bord de Bostik. Au passage du raz de Sein, j‘ai eu beaucoup de chance. J’ai été un des derniers à attraper le bon wagon. On a réussi à démarrer avec un peu de vent et de courant. Ensuite, j’ai fait quelques petits empannages opportuns et j’ai eu la bonne surprise ce matin de me retrouver derrière Mich (Desjoyeaux). J’ai pu me reposer cette nuit mais là, ça devient compliqué de lâcher la barre à cause du clapot. »

Thierry Chabagny (Brossard): « Au raz de Sein, il a fallu serrer les fesses pour passer avec le courant. J’étais à la limite, je suis passé avec un petit souffle. Maintenant, depuis la baie d’Audierne, on est sur un bord de spi assez sympa. On est vent arrière et on suit les oscillations. Il faudra peut-être aller un peu plus à terre pour garder de l’air jusqu’à la Gironde. Mais je suis content d’être bien placé, c’est beaucoup plus sympa que se battre pour remonter des places. Cette étape ressemble étrangement à la deuxième où je me suis retrouvé comme aujourd’hui, dans le tableau arrière de Gildas (Morvan) »

Bertrand De Broc (Les Mousquetaires): « Cette nuit, c’était incroyable, il y avait des étoiles filantes partout, on passait notre temps à lever la tête, c’était un super spectacle. Côté navigation, c’était difficile car j’étais collé au bitume. J’ai du arrêter le bateau et faire marche arrière car j’avais des plastiques pris dans les safrans et la quille. Je suis à peu près à 1 mille derrière Chabagny. Il y a des couloirs, des bascules de vent et avec les petites vagues, c’est difficile de rester sous pilote. D’après les fichiers, il semble qu’il y ait un peu plus de vent sur la gauche. De mon côté, je vais rester dans le paquet et s’il y a une opportunité, je la saisirai.»

Patrice Bougard (Kogane): « Ca fait plaisir d’être un peu devant. Je vois le bateau de la Marine, je suis très content. J’ai réussi à me reposer après le raz de Sein car là bas, ça a vraiment été difficile, il a fallu s’arracher les tripes pour sortir contre le courant. J’ai beaucoup barré depuis hier. Là je suis sous pilote, je viens juste de manger et je vais aller me reposer. »

Eric Defert (Suzuki Automobiles): « Au raz de Sein, ça a été l’enfer. J’ai reculé un moment puis j’ai essayé de mouiller mais ça ne tenait pas. Heureusement là, c’est reparti. J’ai 15 nœuds, un vent au 300 qui devrait un peu tourner à gauche. J’essaie de bien me placer pour remonter quelques places, j’ai une grosse pêche pour finir cette étape.. J’ai Défi Mousquetaires près de moi, Région Basse-Normandie et sous le vent, Rapid’Flore. »

Gérald Véniard (Scutum): « C’est clair que là, les conditions sont plutôt sympa. Il fait beau, chaud, je suis en t-shirt. Si on était monté en Irlande ça n’aurait pas été la même chose. Le passage du Raz de Sein a été moyen. On s’est fait un peu fait enfermer à terre avec Foncia. Ca va encore bricoler pas mal pendant une quinzaine d’heures jusqu’à la bouée BXA. Mais pour l’heure, c’est un peu un round d’observation. »

Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs): « Je suis amarré à ma barre, à l’attaque, l’écoute entre les dents. Je suis plutôt mal parti. A la bouée de dégagement, je n’avais plus que 3 ou 4 bateaux derrière moi. En fait, ça fait trois étapes et trois mauvais départs. Il semble que je sois programmé pour revenir dans le match quand ça va pas… Il faut croire que j’ai besoin de ça pour démarrer. »

Robert Nagy (Théolia): « Un peu de chaleur, ça change et ça fait du bien. Sur le plan d’eau, la flotte est bien partagée. Moi je suis plutôt du côté gauche en descendant, en compagnie de Fred Duthil, et j’attends la bascule au sud-ouest. J’ai eu du mal au raz de Sein. J’étais décalé à 150 mètres de Gildas Mahé. Ils ont pris la risée devant moi, et là, je les ai vus partir. Sur ce coup là, ils m’ont mis un mille. Je suis toujours un peu handicapé par mon poignet, mais je fais attention, et les conditions n’ont pas été très gênantes. »

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Changement de parcours !

Figaro
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Mais l’avis de fort coup de vent prévu à partir de mardi au passage du rocher, et le manque de précisions quant au déplacement et au creusement de la dépression que les coureurs devaient subir, a poussé l’organisation à revoir sa copie et à envoyer les concurrents vers le sud, dans le golfe de Gascogne, plutôt que vers le nord. Ils iront donc virer la bouée de BXA, en face de l’estuaire de la Gironde, avant de mettre le cap vers la Corogne. « Nous avons mis du temps à prendre cette décision. Je sais que certains auraient préféré monter au Fastnet, mais avec la météo annoncée et la possibilité d’avoir au Fastnet une mer très forte, nous n’avons pas voulu prendre de risques et rendre cette course dangereuse. Nous ne sommes pas là pour faire les jeux du cirque, mais pour faire de la régate » a déclaré ce matin le Directeur de Course Jacques Caraës devant les 50 skippers. Le fameuse Fastnet Race qui part tous les ans de Cowes et qui devait s’élancer ce dimanche a d’ailleurs été retardée elle aussi, pour les mêmes raisons. L’heure de départ de cette 3e étape (samedi 15h00) est en revanche maintenue.

Les skippers ont tous très bien réagi à ce nouveau programme, à l’image de Fred Duthil (Distixion), leader du classement général : « Faut s’adapter et puis je pense que c’est une décision sage de ne pas envoyer tout le monde dans la grosse baston. De toute façon, on va quand même se faire 560 milles de course dans du vent assez fort. Simplement il va falloir réétudier rapidement ce nouveau parcours et se remettre très vite à la table à carte… » Ce nouveau tracé de 560 milles ne sera donc pas une promenade de santé. « Nous aurons tout de même un parcours tonique, avec des vents de sud-ouest forts – entre 25 et 30 nœuds- entre BXA et la Corogne, notamment dans les douze dernières heures de course. ». Pour la première partie de course (250 milles jusqu’à BXA), les Figaro vont d’abord s’élancer au portant, dans un flux modéré de nord-ouest avant une progressive bascule du vent à l’ouest puis au sud-ouest sous l’influence de la partie sud de la dépression. Les routages actuels prévoient les premières arrivées le 15 août au soir.

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C’est reparti !

Départ Figaro
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Il aura fallu s’y reprendre à trois fois pour lâcher la meute ! Dans un premier temps, un souffle d’ouest permettait au Comité de course de La Solitaire Afflelou Le Figaro de donner un premier départ à 15h ce samedi après-midi, en rade de Brest, avant que la flotte ne soit rapidement neutralisée, suite à un changement de parcours non compris d’un grand nombre de concurrents. De 15h à 17h 30, la flotte a donc passé hors course le goulet de Brest, dans de petits airs et du courant déjà exigeants aux réglages et à la barre. Le spectacle était malgré tout au rendez-vous entre la pointe de l’Armorique – cette Armorique que l’on quitte – et la pointe des Espagnols, ibères amis chez qui l’on va toujours. Mais c’est finalement dans l’anse de Berthaume, à la sortie du goulet de Brest, que la flotte pouvait de nouveau être regroupée vers 17h30.

A 17h50, un deuxième départ était lancé… mais finalement annulé lui aussi par un rappel général ! Ce n’est donc qu’au troisième essai, donné sous le menaçant pavillon Z (deux heures de pénalité sans instruction) que la flotte était enfin lâchée à 18h10, dans un flux d’ouest-sud-ouest d’une dizaine de nœuds. Bon départ, cette fois pour toute la flotte, à l’exception du malheureux leader du classement bizuths Vincent Biarnes (Côtes d’Armor), rappel individuel, lequel part donc avec un lourd handicap.

A 18h45, la bouée au vent Radio France n’était toujours pas franchie. Au ras des cailloux, le spectacle était déjà somptueux dans une lumière rasante, avec une bagarre au près à gauche entre Michel Desjoyeaux (Foncia) et Pietro D’Ali (Kappa) et à droite entre Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole), Robert Nagy (Theolia), Fred Duthil (Distinxion) et Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs). Après cette bouée Radio France, la prochaine marque à respecter ensuite sera la bouée BXA, dans l’estuaire de la Gironde, où sera jugé le Grand Prix Suzuki. Car on sait depuis ce matin que pour voguer de Finistère en Finisterre on n’ira finalement pas escalader l’irlandais Fastnet, où le passage d’une importante dépression annonce des vents de 50 nœuds et des creux de 5 à 6 mètres. Trop. Le directeur de course Jacques Caraës n’a d’ailleurs enregistré aucune plainte des skippers suite à cette modification du parcours. Il faut dire que là-haut, même les Anglais diffèrent le départ la Fastnet Race – pourtant en équipage – pour les mêmes raisons. «La voile, ce n’est pas les jeux du cirque », a expliqué Jacques Caräes. « C’est une sage décision », a répondu le bizuth Nicolas Lunven (Bostik), résumant un sentiment largement majoritaire au sein de la flotte.

560 milles pour les costauds

C’est donc pour une étape de 560 milles que s’élancent finalement ce soir dans la jolie lumière du soleil rasant les marins de La Solitaire, qui sont désormais dans le vif du sujet et tentent de progresser au mieux vers cette fameuse bouée BXA. Côté météo, cette marque de l’estuaire de la Gironde pourrait d’ailleurs fort bien marquer une frontière entre deux portions de courses très différentes qu’on peut résumer ainsi : petits airs jusqu’à la Gironde, mais vent soutenu et mer formée ensuite. On annonce ainsi sur les 300 derniers milles du parcours du vent de sud-ouest de 35 nœuds qui obligera à louvoyer vers La Corogne, sur un terrain de jeu – le golfe de Gascogne – pas franchement réputé pour son hospitalité dans ces conditions. Saute-mouton au programme « pour les costauds du bûcheronnage » comme dit Thierry Chabagny (Brossard). « C’est un autre exercice que celui qui était prévu » confirme Jeanne Grégoire (Banque Populaire) qui résume à sa façon ce qui attend les marins : « la première partie jusqu’à BXA est typique d’une étape de La Solitaire dans le petit temps : de la pétole, du plein vent arrière, tout ce qu’on aime ! Après, ce sera baston au près jusqu’à la Corogne ».

Baston au louvoyage. Autrement dit stratégie et tactique dans des conditions inconfortables. Possibilité de donner un grand coup de pied dans la fourmilière du classement général. A condition de faire la meilleure trajectoire et d’être parmi les costauds qui tiendront le choc. Qui iront vite et au bon endroit. Car il ne faut pas s’y tromper : si cette troisième manche affiche 200 milles de moins qu’initialement prévu, elle est tout sauf une étape au rabais. Même amputée de 200 milles, elle reste de très loin la plus longue manche de cette édition 2007 et conserve intacte sa réputation de juge de paix d’un classement général où les sept premiers tiennent en une heure et où deux heures suffisent à loger la moitié de la flotte. On n’en est pas encore là. Pour l’instant, la flotte se débat aux abords de la Presqu’île de Crozon, où l’on distingue presque les accords lointains émanant du très réussi Festival du Bout du Monde. Sur l’eau c’est une toute autre musique qui se trame sous des crânes fatalement échaudés par ce départ mouvementé. Une petite ritournelle lancinante qui fait : ne rien lâcher-aller vite-au bon endroit-ne rien lâcher… Le jeu est grand ouvert et tout pourrait bien se jouer entre ce soir et mercredi, quand les premiers pourront enfin tutoyer les abords du Cap Finisterre.

Les échos des pontons, juste avant le départ

Fred Duthil (Distinxion, leader au général) : « Il faut s’adapter et je pense que c’est une décision sage de ne pas envoyer tout le monde dans la grosse baston. De toute façon, on va quand même se faire 560 milles de course dans du vent assez fort. Simplement il va falloir réétudier rapidement ce nouveau parcours et se remettre très vite à la table à carte … »

Michel Desjoyeaux (Foncia, 2e) : « Entre le Raz de Sein et la bouée BXA, la route directe passe à 80 milles dans l’ouest de Belle-île, donc ce ne sera pas vraiment du côtier jusqu’à l’estuaire de la Gironde. D’un point de vue technique et stratégique, on a presque quelque chose de plus intéressant qu’en allant au Fastnet, puisque de BSA à La Corogne on va avoir du louvoyage, ce qui est très différent tout de même d’un tout droit sous spi comme cela aurait pu être le cas en redescendant du Fastnet.»

Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs, 3e) : « Pour moi, la difficulté était l’atterrissage à la Corogne, or, on va faire cette arrivée à peu près au même moment que si nous étions allés au Fastnet. On va quand même prendre cher au niveau de l’Espagne. Au Cap Finisterre, la pointe espagnole, avec ce genre d’orientation du vent, ça ne fait que s’accélérer et lever une mer forte. Il faut s’attendre à ce que ce soit dur. »

Thierry Chabagny (Brossard, 4e) : « De la baston, on va en prendre quand même. Car si jusqu’à BXA ce sont plutôt de petits airs, ensuite ce sera plein la face jusqu’à La Corogne, du bûcheronnage avec deux ris dans la grand voile, à se battre contre la mer. Le Cap Ortegal dans 35 nœuds, déjà au portant ce n’est pas très confortable. Alors au près… »

Gildas Morvan (Cercle Vert, 8e) : « Cette étape sera moins extrême que ce qui nous attendait en allant au Fastnet, mais il y aura quand même de quoi jouer pour les gros bras. Il peut y avoir des écarts à l’arrivée. Le fait d’arriver en Espagne est une motivation supplémentaire parce que j’y ai déjà gagné deux étapes, dont une l’année dernière à Santander. Peut-être que le dicton « jamais deux dans trois » prendra sens pour moi dans quelques jours… »

Jeanne Grégoire (Banque Populaire, 14e) : « Je pense que ce changement de programme est tout à fait raisonnable. Jamais on a eu un directeur de course (Jacques Caraës) avec autant d’expérience. Il sait très bien où il nous envoie et ce qu’il faut faire pour que ça colle pour la moyenne des 50 coureurs, c’est ça qui est important. »

Laurent Pellecuer (Cliptol Sport, 16e) : « Je suis un peu déçu car je m’étais préparé à faire cette grande guerre. Or, là, on aura une petite guerre au fond du golfe au lieu d’avoir une grande guerre au large. C’est sur que ce sera une étape difficile, mais pas avec le même jeu. Il reste encore du travail, mais ce n’est plus exactement la même mayonnaise. Et moi, avec mon heure et demie de retard au classement, j’aurais bien voulu avoir une très longue course avec un plus fort potentiel d’écarts à l’arrivée. »

Christophe Lebas (Lola la Piscine Assemblée, 29e) : « J’aime mieux qu’on fasse ça plutôt qu’ils neutralisent la course en vrac là haut. Les conditions de mer là haut n’auraient pas été top. Et avec la grosse mer dans le nez pour redescendre, il y’avait potentiellement de quoi casser du matériel. J’aime mieux qu’on fasse ça plutôt que risquer de ne pas valider la course. Au moins là, on va régater.»

Nigel King (Nigel King Yachting, 38e) : “C’était un dilemme pour l’organisation. La décision a dû être difficile à prendre, mais c’était la bonne. Je ne suis pas certain que les conditions seront favorables pour moi car je n’ai pas d’expérience, sur les Figaro Bénéteau, de navigation dans de telles conditions.»

Didier Bouillard (MEDevent) déclare forfait pour la 3e étape

Didier Bouillard a annoncé ce matin à la Direction de course qu’il ne prendrait pas le départ de la 3e étape. Il a néanmoins l’intention de rejoindre la Corogne directement, en convoyage, pour retrouver la flotte au départ de la quatrième et dernière étape. Pour sa première participation, le skipper de MEDevent ne souhaitait pas prendre de risques alors que des vents forts et contraires sont annoncés en deuxième partie de parcours. Il sera donc classé DNC (did not compete) et écopera du temps du dernier concurrent plus 6 heures de pénalité.

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Leroy Championne du Monde !

Claire Leroy et l´équipage du Team Ideactor
DR

Menée 2-1, vendredi soir, en demi-finale par la Danoise Lotte Meldgaard Pedersen. il restait deux matchs à Claire Leroy, hier samedi, pour tenter de se qualifier pour la finale. " Le premier duel a été acharné. On a vraiment sorti nos trippes pour le gagner : on part derrière, on lui colle une pénalité mais elle repasse devant et annule sa pénalité avant qu’on lui en remette une. En somme, ça n’a pas arrêté, il a vraiment fallu aller le chercher ce point. Mais une fois acquis, dans notre tête, tout a basculé et lors du dernier match, on est parti devant et on l’est resté " a commenté Claire Leroy. Elle le savait, la Danoise, numéro deux mondiale, serait son adversaire la plus dure à battre cette semaine. Pour preuve, les matchs contre l’Australienne Katie Spithill (numéro 6 mondiale) – soeur du barreur du Défi Italien sur la Coupe America, présente sur le circuit mondial depuis 1999 – en finale ont été nettement moins accrochés. " Les matchs ne se sont pas joués au contact comme ça a pu l’être face à Lotte. Néanmoins, ça a été serré. Nous avons remporté le premier match, elle a gagné le second grâce notamment à un excellent départ puis nous nous sommes adjugées le dernier. Nous avons bien manoeuvré et su rester sereines même quand le Comité de Course a réduit " a expliqué la numéro un mondiale. En effet, comme l’impose le réglement, aucun départ n’a pu être donné après 19h30. Résultat, la finale s’est jouée en deux matchs gagnants. " C’était un peu plus dur psychologiquement, n’empêche, on a remporté le titre et on s’est éclaté, vraiment éclaté ! " a poursuivit Claire. Vainqueur de la Nations Cup, numéro un mondial depuis mai 2005 et maintenant championne du Monde, la sociétaire du Sport Nautique Club de Saint-Quay-Portrieux ne cachait pas son émotion hier : " Ce mondial, c’était l’une des trois régates à objectif de l’année, la deuxième après Calpe que l’on a également remporté. Gagner à la maison, devant notre entourage, c’était vraiment intense ! "

Perrine Vangilve

Classement : 1. Claire Leroy (France); 2. Katie Spithill (Australie); 3. Lotte Meldgaard Pedersen (Danemark); 4. Josie Gibson (Grande-Bretagne); 5. Klaartje Zuiderbaan (Pays-Bas); 6. Christelle Philippe (France); 7. Silke Hahlbrock (Allemagne); 8. Jessica Smyth (Nouvelle-Zélande); 9. Jenny Axhede (Suède); 10. Nicky Souter (Australie); 11. Gemma Farrel (Grande-Bretagne); 12. Sandy Hayes (USA).

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La voile en rase moth

Moth à foils
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Pour comprendre le Moth, il faut d’abord revenir en arrière. A ses origines. Il est apparu en Australie en 1928. Huit ans plus tard sur les plans d’eau français. Ensuite, c’est surtout le Moth Europe qui a permis à de nombreux régatiers de se distinguer. "Mais le Moth, c’est surtout une jauge à l’intérieure de laquelle, on peut faire ce qu’on veut : à condition de respecter la longueur maxi de 11 pieds (3,35 m), la largeur de 2,25 m, la surface de voile de 8 m² maxi, la hauteur de mât (6,25 m) et l’obligation d’avoir deux caissons indépendants et étanches. Du coup, le bateau est en constante évolution", explique Nicolas Bessec, président de l’IMCA, association française de Moth à foils.

8-10 nœuds
pour décoller

Grâce à cette jauge à restrictions mais ouverte aux développements, ces petits dériveurs n’ont cessé d’évoluer au fil des ans. Jusqu’à devenir au début des années 2000, des bateaux volants : coque et ailes en carbone, voile à cambers, foil sur le safran pour éviter l’enfournement. Aussi rapide et impressionnant sur l’eau qu’instable sans l’aide d’Eole, le Moth à foils possède une coque étroite (30 cm de large). Avec un poids total de 30-35 kg (soit deux à trois fois plus léger que le barreur), ce bateau ressemble à une libellule qui a juste besoin de 8-10 nœuds de vent pour déjauger. "Il y a une vingtaine de pratiquants en France. En Bretagne, le développement se fait par le biais de Breizh Skiff. Notre but est de faire connaître le Moth à foils dont la fabrication se limite à cinq ou six unités construites dans des garages", ajoute Nicolas Bessec qui, depuis un an et demi, n’hésite pas à aller se frotter aux meilleurs spécialistes sur le circuit mondial.

"Il faut de la
persévérance"

Hier, ce Malouin de 25 ans, titulaire d’un MAI (Master Achat International), a fait la promotion de son bateau préféré en baie de Morlaix. Aujourd’hui, il sera au Moulin-Blanc à Brest. Où un certain Eric Drouglazet, actuellement en escale sur la Solitaire Afflelou – Le Figaro, viendra peut-être admirer son show : "Sébastien Josse, qui en avait essayé un à Melbourne pendant la Volvo Ocean Race, m’en avait ramené un : c’est le Moth du vice-champion du monde", explique le Névezien. On ne serait pas non plus surpris que le Forestois Michel Desjoyeaux vienne poser son regard de technicien sur le "petit-frère de l’Hydroptère", capable de pointes de vitesse à plus de 25 nœuds. "Si la conduite du Moth à foils est facile ? Oui, à condition d’avoir le sens de l’équilibre, d’avoir déjà touché au dériveur, de faire preuve de persévérance, avoue Bessec. Il faut un peu de pratique et un bon professeur. Mais franchement, on y arrive".

Philippe Eliès / Le Télégramme

Le "Sphynx Colibri" made in Plougasnou

Ils sont deux architectes, aiment ce qui va vite sur et surtout au-dessus de l’eau et ne rêvent que d’une chose : construire un prototype dans le but de produire ensuite des Moth à foils en série. Le Morlaisien Tristan Pouliquen et le Pornichetain Olivier Gouard ont déjà commencé la construction du "Sphynx Colibri" (ndlr : petit papillon diurne dont le vol est vif et rapide) dans un chantier à Plougasnou. "On a vraiment envie d’implanter ce type de bateau ici en France".
Le premier proto pourrait être mis à l’eau en octobre prochain, "le but étant, bien sûr, d’en produire d’autres derrière". Le prix de ce Moth à foils oscille entre 11.000 et 13.000 euros.

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Le Challenge Espoir cherche un nouveau partenaire

Challenge Espoirs
DR

Depuis le début des années 90, cette filière de détection unique en France s’est forgée une solide réputation. Elle a notamment révélé Franck Cammas, Sébastien Josse, Yann Elies ou Armel Le Cléac’h. Tous skippers de haut vol aujourd’hui, ils sont unanimes pour saluer le coup de pouce exceptionnel donné par ce statut. « Remporter le Challenge Espoir Crédit Agricole m’a permis de débuter ma vie de skipper professionnel, de mettre le pied à l’étrier » explique Franck Cammas, vainqueur en 1994 alors que Yann Elies se rappelle toujours de ce « moment inoubliable » où il est passé « du rêve à la réalité » en franchissant la ligne d’arrivée avec quelques secondes d’avance sur son concurrent direct. Christopher Pratt, skipper Espoir Crédit Agricole en titre, voit dans le challenge une « entrée dans le monde du solitaire qui n’est pas accessible sans ça ». Il a pour sa part quitté Marseille à quatre reprises pour venir tenter sa chance à Port La Forêt. Comme ses prédécesseurs, Christopher s’est rapidement illustré en terminant 1er bizuth de l’édition 2006 de la Solitaire. Tout aussi représentatif du niveau relevé de la sélection, la majorité des finalistes du cru 2005 est inscrite sur la Solitaire cette année ce qui est déjà un signe de réussite pour des régatiers de 25 ans. Pour le directeur du Pôle France, Christian Le Pape : « le Challenge Espoir est un travail de fond qui permet le renouvellement, c’est la pépinière où l’on cultive les jeunes pousses. Si on ne le fait pas, il n’y aura plus de filière d’avenir. » Car après avoir parrainé dix marins depuis 1993 et participé à 14 solitaires – un record -, le sponsor historique, le Crédit Agricole du Finistère, tourne la page. « L’ensemble du projet dépasse maintenant le Finistère, il est devenu disproportionné par rapport à ce que nous avons lancé » explique d’une voix émue, Anne Queguiner, responsable des partenariats pour le Crédit Agricole du Finistère. « En 14 ans de collaboration avec le Pôle, le partenariat n’a pas failli un seul instant, c’était une aventure merveilleuse et nous avons eu la chance de tomber sur des gens extraordinaires. » Pour sa part, Christian Le Pape parle « d’années fantastiques. Le Crédit Agricole a beaucoup apporté au développement de cette filière ». Au sein de l’équipe de Port La Forêt, personne n’envisage d’arrêter cette détection qui a survécu au changement de bateau et à la professionnalisation du sport. A ce jour, la prospection continue afin de trouver la société qui associera son image à la révélation de talents et, indirectement, à l’avenir de la course au large.

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