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Retour sur la troisième étape

Michel Desjoyeaux (Géant)
DR

Nicolas Troussel (Financo), 2e de l’étape, 3e au général provisoire : « Ca fait du bien d’être arrivé, car c’était dur sur la fin et je commençais à faire des bêtises. Quand on voit le classement, on oublie le reste mais on en a quand même bavé. J’ai fait ma course tout seul. Je n’ai pas trop mangé ni bu. Je ne sais pas vraiment si j’ai dormi. De toute façon, ça bougeait tellement dans le bateau…. C’était sport, humide. On s’est fait rincer tout le temps. Je me suis maudit d’avoir laissé ma combinaison sèche dans le camion. Et puis c’était des changements de voiles incessants, toute la garde robe y est passée : 1 ris, 2 ris, 1 ris dans le foc, génois, solent, tourmentin. On a même fini par mettre le spi sur la fin, dans les douze derniers milles ! La nuit, je ne barrais pas parce qu’on ne voyait pas les vagues, en revanche, je barrais toute la journée, de longues heures interminables. Il fallait faire attention au matériel, être vigilant, même dans les manœuvres, épuisant. Il y a eu des moments de lassitude… »

Michel Desjoyeaux (Foncia), 3e de l’étape, leader au général provisoire: « On a été bien servis ! C’est gentil de nous avoir emmené faire ça. C’était animé toute cette manche : du près, du portant, de la castagne. C’était beau, de belles déferlantes dans la lumière du soir. J’ai été un peu devant, un peu derrière… La dernière journée, je n’avais plus de contact avec personne. A l’arrivée, c’était la pochette surprise. C’est con, car je pense que j’ai perdu les leaders dans l’après-midi dans un contre bord inutile à cause d’un manque de lucidité et de patience… J’étais allé bien assez loin comme ça au large, j’ai fait une erreur d’y retourner. La mer a été forte à un moment. Pour des Figaro, ça commençait à causer. On a fait quelques beaux sauts de vagues avec tout le bateau qui sort de l’eau. Le bateau arrive à huit nœuds sur la vague et se retrouve devant un grand trou, puis ça retombe et ça fait un grand ‘baaamm’. Ca tape très fort et ça peut être comme ça une fois par minute. C’est le tarif. Pas très agréable, surtout quand on est à l’intérieur du bateau. »

Liz Wardley (Sojasun), 21e de l’étape: « Dans un saut de vague, je me suis fait éjectée et je me suis retrouvée sous les filières, sous l’eau accrochée par mon harnais. C’est la même vague qui m’a remise dans le bateau. J’ai eu très peur. Après ça, je me suis assise dans le cockpit, j’ai pleuré pendant 10 minutes, j’ai crié. Puis j’ai fini par repartir pour me remettre dans la course. C’était pas très cool. Au final, j’ai pris cher au général mais je suis assez contente de la manière dont j’ai navigué. Ce n’est pas fini, il reste encore une étape. »

Jean-Paul Mouren (M@rseillEntreprises), 11e de l’étape: « Je retiens de cette étape que la mer, c’est souvent la vraie guerre dans le sens primitif du terme et je trouve que le prix du poisson n’est pas assez cher quand je vois ces chalutiers qui se font chahuter dans des endroits épouvantables à longueur d’année, je suis en admiration devant le métier de marin pêcheur. Les gens qui vont sur la mer sont des gens très spéciaux, c’est un peu comme ceux qui vont dans l’espace, c’est une sorte de 4e dimension. La nature vous remue les tripes, au sens propre et figuré. La mer est d’une puissance terrible, c’est elle qui vous éjecte du jeu si elle veut. On voit bien la précarité et la limite de notre libre arbitre et on se retrouve à gérer son petit patrimoine individuel avec beaucoup d’attention. »

Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole), 13e de l’étape : « J’ai raté le coche une fois de plus. Je suis un peu déçu car j’étais avec le bon paquet (Douguet et Mahé) jusqu’à la dernière nuit. J’ai un peu manqué de lucidité au moment ou j’ai eu pas mal d’avaries. J’ai déchiré la GV au niveau du deuxième ris, ensuite, j’ai cassé l’aérien,donc plus d’info sur le vent et plus de mode vent sur le pilote. Pendant toute l’étape je me suis dit : « qu’est ce que c’est dur ». Je crois que j’ai jamais fait un truc aussi dur de ma vie. Par contre ce qui est fou, c’est qu’une fois arrivé à terre, 2 secondes après, tu as tout oublié. Je n’arrive plus à me dire que j’ai passé un mauvais moment. Car c’était quand même une étape d’anthologie : 5 jours et 5 nuits de mer avec tout de A à Z, de la pétole, de la baston, le mouillage, le deuxième ris, le ris dans le solent, ça a été une étape extraordinaire. »

Nicolas Lunven (Bostik), 9e de l’étape: « Je ne savais pas trop que j’avais fait une belle course car je n’avais pas de vacation VHF. C’était assez sportif mais tant qu’on n’a pas d’ennui avec le bateau, ça se passe toujours mieux. Souvent, c’est une petite galère qui en amène une autre puis une autre et là ça devient vite l’enfer. Mais moi, ça n’a pas été le cas. J’ai eu de la chance. On a peut-être pas eu tous les mêmes conditions selon notre position. Moi je n’ai jamais eu plus de 40 nœuds de vent… D’autres en ont eu plus. Par contre, il y avait pas mal de mer. »

Frédéric Duthil (Distinxion), 8e de l’étape: « J’ai bien vu que j’avais perdu le fil de la course hier soir alors que j’étais remonté en tête de la flotte… J’étais crevé, il fallait continuer au nord-ouest. Mais je me suis dit, il y a une petite bascule à exploiter. Je me suis enflammé tout de suite sans trop réfléchir. C’était pas très intéressant ces conditions de navigation. C’était du ‘bourrinage’ au près dans 45 nœuds de vent. Je me disais : il va y avoir des gens en vrac parce qu’il y avait vraiment du vent, mais heureusement, tout va bien. J’ai eu des soucis techniques : mes antennes sont tombées, mon solent est mort. C’est casse bateau, casse bonhomme et à la fin tu ne fais plus trop attention à la stratégie. Ca a été plus de la survie, mais bon, voilà, on l’a fait. »

Thierry Chabagny (Brossard), 17e de l’étape « Pendant les dernières heures de course, je me suis cru au front, avec les sacs de sable et ma mitrailleuse, à me prendre un tas d’obus sur la gueule. Pour ne pas me faire éjecter par les vagues quand j’étais à la barre, je m’étais ceinturé avec la longe du harnais. Mais malheureusement, j’ai fait un manque à virer et je me suis retrouvé sous le vent, attaché, en moitié dans l’eau…je me suis fait une grosse frayeur.. »

Franck Le Gal (Lenze), 14e de l’étape : « Au Raz de Sein, dans la pétole, je me suis fait dépasser par tout un paquet. J’ai cravaché pour revenir à la BXA. J’étais revenu dans le match et ensuite, on s’est préparé au mauvais temps. J’ai mis ma combinaison sèche, et on eu ce qui était prévu. C’était vraiment dur. J’étais bien dans le match mais à la fin, mentalement, j’ai complètement craqué. Il y avait un ras le bol général. A la vidéo, je le raconte bien : je mène la course mais que je vais m’abriter à la côte parce que je n’en peut plus.Ca a été une grosse erreur stratégique. Mais c’est vraiment la tête qui lâché. Le fait de se faire rincer, de prendre des vagues en permanence. C’est l’accumulation physique qui fait que mentalement j’ai décroché. Je le paye cher, dommage. Je ne fais pas une bonne opération au général. »

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Nouveau départ à 125 milles de l´arrivée

Corentin Douguet
DR

Sous tourmentin pour certains, avec deux ris dans la grand-voile, ils ont escaladé des montagnes à crête écumante, attachés à la barre, et progressé à vitesse réduite, à 5 nœuds de moyenne. « C’est la guerre, depuis hier, on se fait pas mal latter. J’ai passé le front tout à l’heure, on a eu 50 noeuds. C’est plus qu’une étape de montagne… je trouve que c’est un peu extrême de prendre ça en solo » lâche le bizuth Frédéric Rivet (Novotel Caen), 41e à la vacation de 5h00 du matin… une atmosphère confirmée par son camarade de jeu Aymeric Belloir (Cap 56) : « cette nuit, on s’est mis en mode survie car c’est monté bien bien fort. Comme croisière estivale vers l’Espagne, on a vu mieux ! Le plus gros est passé mais ça a été rude ». Au petit matin, le vent avait relativement faibli (40 nœuds), permettant aux coureurs de renvoyer un peu de toile à l’avant et de passer sous solent arisé. Peu de concurrents ont pu être contactés ce matin à la vacation, mais certains ont déjà fait des demandes pour leurs préparateurs via la Direction de Course : la liste des pépins techniques promet d’être longue.

Le bord bâbord, face à la mer, s’est révélé peu à peu impraticable. Du coup, la plupart des marins ont viré cette nuit pour éviter les coups de butoir aussi inconfortables pour les hommes que dangereux pour le matériel. De fait, ce sont les concurrents qui s’étaient placés hier à l’abri plus près des côtes espagnoles, mais aussi à proximité de la route directe, qui ont les honneurs du classement de 4h00. C’est ainsi que Christian Bos (qui avait été le premier à virer hier pour se recaler au sud) retrouve de sa superbe en tête de course. Le skipper de Belle Ile en Mer pointe en tête devant Franck Legal (Lenze) à 0,4 mille, Nicolas Lunven (Bostik), à 0,6 mille, Jean-Pierre Nicol (Gavottes) et le maillot jaune au classement général Frédéric Duthil (Distinxion). De nouveaux protagonistes sont apparus dans le top ten à l’image de Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs) et Jeanne Grégoire (Banque Populaire) qui pariaient tout deux depuis un moment sur cette stratégie au sud. A l’opposé, les nordistes ont bien rétrogradé. Mais pour combien de temps ? Car les 45 Figaro Bénéteau sont répartis sur une nouvelle ligne de départ longue 110 milles (la distance qui sépare Gildas Mahé, le plus au nord, de Jean-Pierre Nicol, le plus au sud), au large du cap Ortegal. Les écarts en distance au but restent faibles (26 bateaux en 15 milles)… Les dés sont loin d’être jetés. Au critère stratégique va toutefois s’ajouter une autre variable tout aussi cruciale : l’état de fatigue des marins qui dégustent depuis une bonne vingtaine d’heures maintenant. Les plus aguerris, les plus frais et ceux qui auront conservé leur matériel intact seront probablement les gagnants.

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Des abandons à la pelle

Rolex cup 2007
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Presque tous les voiliers se sont abrités dans différents ports le long de la Cornouaille et la majorité d’entre eux à Plymouth. Il faut dire que la mer est devenue très agitée avec des vents soufflant à plus de 40 nouds dans la nuit. L’un des premiers abandons a été celui de "Alfa Romeo" qui s’est retiré de la course, lundi soir, après avoir déchiré sa grand-voile.

Démâtages
Selon les Coast Guard, trois concurrents ont démâté au sud de Plymouth : un J 105, un Swan 47 et un Prima 38. A bord d’un IMX 40, c’est la grand-voile qui s’est déralinguée . D’ailleurs, la plupart des abandons sont dûs à des déchirures de voiles : c’est ce qui est arrivé à bord du 60 pieds "Aviva" mené par Dee Caffari et Mattheux Pinsent : "Nous abandonnons la course et
rentrons sur Southampton. Trou dans la GV. Continuer serait de la folie. Grosse déception à bord". Même punition à bord d’Artemis qui après avoir déchiré sa grand-voile, s’est arrêté à Southampton. Sur "Estrella Damm", le skipper espagnol Guillermo Altadill et son co-skipper américain Jonathan McKee ont, eux aussi, annoncé leur retrait de la course : un défaut sur le système d’électronique contrôlant la quille a été détecté.

"Jouer la carte  de la prudence"
Au vu des conditions musclées annoncées en mer d’Irmlande, les Finistériens Roland Jourdain et Jean-Luc Nélia ont pris la décision de ne pas affronter le passage de la dépression prévue pour préserver "Veolia Environnement" récemment mis à l’eau. "Après mûre réflexion avec Jean-Luc, on n’avait pas vraiment envie d’affronter le mauvais temps et on a préféré jouer la carte de la prudence en s’arrêtant au stand en milieu de Manche", disait hier
Bilou qui s’est arrêté à Plymouth. Le 90 pieds "Rambler" a passé le Fastnet en tête, hier à 18 heures… trois secondes avant le 100 pieds "Icap Leopard" : le vent soufflait au sud-ouest
30 nouds et les premiers 60 pieds, "Prb", "Delta Dore" et "Cheminées
Poujoulat" n’étaient pas très loin derrière eux.

Pointage à 18 h : 1. Prb (Riou – Josse) à 278 milles de l’arrivée; 2. Delta
Dore (Beyou – Gavignet) ) 282 m; 3. Cheminées Poujoulat (Stamm – Riou) à 285
m; 4. Temenos (Wavre – Paret) à 290 m; 5 Hugo Boss (Thomson – Cape) à 293 m;
6 Mutua Madrilena (Sanso – Rivero) à 298 m; 7 Maisonneuve (Dejeanty –
Toulorge) à 306; 8 Spirit of Weymouth (White – Melville) à 358 m.

– Abandons : Artemis Ocean Racing (Malbon – Tourell); Educacion Sin
Fronteras (Escoffier – Bargues); Veolia Environnement (Jourdain – Nélias);
Aviva (Dee Caffari – Broughton); Estrella Damm (Altadill – McKee).
– Non partant : Akena Verandas (Boissières – Chomette).

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Scénario à rebondissements

Nicolas Lunven
DR

Pour l’heure c’est un peu l’inconnu. Seule certitude ce midi : les marins tirent des bords au large des côtes des Asturies dans un vent d’ouest-sud-ouest de 25 à 30 nœuds et une mer toujours forte. Depuis ce matin 4h00, les classements ne cessent de bouger et les leaders de jouer aux chaises musicales : Christian Bos (Belle Ile en Mer) à 4h00, puis Frédéric Duthil (Distinxion) à 8h00, puis Nicolas Lunven (Bostik) à 10h30. Et pour cause. Entre Vincent Biarnes (Côtes d’Armor), le concurrent le plus au nord, pointé 40e au classement de 10h30 et Jean-Pierre Nicol (Gavottes), 8e, qui a décidé d’aller flirter sous les falaises des Asturies, la flotte est dispersée sur 120 milles. Entre les deux, toutes les options sont permises. Les groupe des leaders (Lunven, Le Gal, Duthil, Grégoire et les autres), est positionné légèrement au dessus de la route directe. Les gros parieurs du nord que sont Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier), 36e à 24 milles de la tête de flotte et dans une moindre mesure Michel Desjoyeaux (Foncia) et Corentin Douguet (E.Leclerc/Bouygues Telecom) mangent leur pain noir en attendant le passage du vent à l’ouest. Quoi qu’il en soit, pour les 45 marins en course, cette progression au près vers La Corogne n’est toujours pas une partie de plaisir. Le vent a légèrement faibli, mais la mer est toujours forte. Seule consolation, se réjouissait le Directeur de Course Jacques Caraës, dans un message envoyé à midi, « le soleil qui commence à pointer le bout de son nez pour réchauffer les cœurs ». La mer si mal rangée et si noire cette nuit prendra sous la lumière des teintes émeraude, turquoise et bleu foncé…petite récompense au regard des efforts accomplis.

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Victoire de PRB chez les Imoca

PRB
DR

Une belle victoire arrachée après une course particulièrement éprouvante. Les 608 milles séparant Cowes de Plymouth via le rocher du Fastnet n’ont en effet pas été de tout repos pour PRB et les autres concurrents. Le RORC, qui avait dû décaler le départ de 25 heures en raison du fort coup de vent attendu en mer d’Irlande, a vu l’abandon de plus de 150 bateaux. Les 60’ n’ont pas été épargnés avec les retraits de Veolia Environnement, Aviva, Estrella Damm, Education sin fronteras ou encore Artemis. Avec des rafales à 40 nœuds et un vent de Sud Ouest très instable, la nuit de lundi à mardi, a été particulièrement difficile pour Vincent et Sébastien. Usante même puisque les deux hommes ont dû faire preuve de prudence et rester sur le pont pour enchaîner les changements de voiles. Oublié donc le mode convoyage… Mais le duo a rapidement récolté les fruits de son investissement puisque déjà, PRB s’emparait de la tête de flotte. Naviguant bord à bord avec leurs plus proches adversaires durant une bonne partie de la course – Cheminées Poujoulat, Delta Dore, Téménos et Hugo Boss- Vincent et Sébastien ont réussi à maintenir le rythme pour ne jamais lâcher cette première place mais c’est cette nuit qu’ils ont véritablement fait le trou reléguant ce matin Bernard Stamm à près de 30 milles de leur tableau arrière. Rappelons qu’il s’agit de la deuxième victoire de la saison pour PRB qui s’était déjà imposé en juin dernier sur la Calais Round Britain Race. Sébastien Josse fait lui aussi coup double puisqu’il avait déjà remporté la Rolex Fastnet Race à la barre de son VMI en 2003. A maintenant moins de trois mois du départ de la Barcelona World Race, la victoire sur ce qui constituait le prologue de ce tour du monde est donc particulièrement satisfaisante pour l’équipage de PRB. Elle vient confirmer, s’il en était besoin, que ces deux là seront bel et bien de très sérieux concurrents sur un bateau qui ne cesse de prouver tout son potentiel. PRB va mettre le cap dès demain vers la Bretagne. Il entrera ensuite en chantier pour une durée de quatre semaines en vue de la Barcelona World Race.

Deux heures après son arrivée à Plymouth, Vincent revient sur sa victoire dans la Rolex Fastnet Race avec Sébastien Josse pour leur première navigation en double. Il nous parle de ses concurrents et du chantier à venir pour PRB.

Bilan de la course : « Nous sommes super contents, crevés mais contents car on termine la course avec de l’avance sur nos concurrents. Nous avons battu le record ? Et bien c’est encore mieux ! Nous avons bien navigué. Nous avons cassé deux ou trois trucs sur le bateau mais uniquement des bricoles. C’était la première occasion cette saison de naviguer dans la brise, cela nous a permis de voir les petites choses à améliorer. Nous naviguions pour la première fois en double avec Jojo et cela s’est très bien passé. Physiquement comme techniquement nous sommes au point même si nous en avons bavé. Cette nuit, nous avons bien attaqué. Nous sommes allés vite. Au passage de la deuxième bouée, nous avions 4 – 5 milles d’avance sur nos poursuivants. Nous étions placés en avant du front et nous savions que ce décalage nous permettrait d’avoir du vent plus fort. Nous avons essayé de le maintenir pour creuser l’écart et c’est ce qui s’est passé. »

La saison : « Cela fait notre deuxième victoire sur la saison et c’est sûr, cela met en confiance. Cependant, on ne peut pas s’empêcher de garder un maximum de pression pour la suite car rien n’est acquis. »

Les adversaires : « Tous les bateaux sont rapides et le match pour les courses à venir, notamment la Barcelona World Race va être ouvert. Il faut qu’on s’applique à garder l’avance que nous avons. Elle repose sur la connaissance des 60’ que nous cumulons avec Jojo. Elle est précieuse car elle nous permet pour l’instant de sortir du lot. Mais certains skippers ont des bateaux rapides et vont apprendre très vite. Ceux qui sont devant sont ceux qui naviguent beaucoup comme Jérémie Beyou ou Dominqiue Wavre, c’est-à-dire les bateaux qui étaient dans le groupe de tête pendant la Rolex Fastnet. »

La suite : « Nous entamons maintenant une course contre la montre pour le chantier. Le bateau va y passer quatre semaines Au vu de ce que nous avons pu observer pendant la course, il y a des petites modifications à apporter, nous avons du boulot ! Ensuite, nous descendrons assez tôt en Méditerranée pour des opérations de relations publiques avec PRB. »

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Corentin Douguet, superbe vainqueur à La Corogne

Corentin Douguet
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Il est à peine minuit et du côté de la belle Bretagne, un petit garçon de quatre mois garde ses grands-parents qui refusent de dormir. C’est Max Douguet, un joli bébé qui explose toutes les courbes de croissance et ouvre de grands yeux ahuris quand papy et mamy sortent le champagne du frigidaire. Dans quelques années, on expliquera à Max qu’avec un papa navigateur et une maman navigatrice, avec des grands-parents et arrière grands-parents dans la Royale, ce ne sera pas forcément tous les jours facile. Mais aussi que parfois dans cette drôle de vie on débouche le champagne tard dans la nuit, car la mer et les bateaux se moquent de la bienséance et qu’on est heureux de vivre quand les marins rentrent au port sains et saufs après la tempête.
 
On expliquera à Max que cette nuit là, on a fêté son Corentin de papa qui a vécu un truc énorme, ce 15 août 2007, là bas à la fin de la terre d’Espagne, pour sa deuxième participation à La Solitaire. Dans la nuit galicienne, Corentin Douguet peut lever les bras au ciel vers la bien nommée Tour d’Hercule qui indique l’abri chéri aux navigateurs égarés dans le mauvais temps. Le refuge des marins depuis deux millénaires accueille cette nuit un grand navigateur. Les traits tirés, les yeux vitreux, ivre de fatigue et de bonheur, Corentin Douguet remporte cette troisième étape de dingues, « où on a eu droit à tout : la pétole, le portant, le près, la tempête… » A La Corogne aussi on sabre le champagne. Corentin Douguet dit : « tous ceux qui ont fait cette étape devraient avoir une bouteille, car celle-là elle était énorme, énorme… des heures et des heures de près dans une mer très grosse, dégueulasse… c’était l’enfer, on se demandait ce qu’on faisait là. Un moment j’avoue que j’ai failli lâcher le morceau, tellement je n’en pouvais plus de planter des pieux dans la baston. Je me suis dit qu’il fallait oublier la performance et naviguer en bon marin, ramener le bateau et le bonhomme, c’est tout. » C’est tout et c’est beau.
 
« Pas bon pour la santé ! »
On pourrait l’écouter des heures raconter la course, cette option ouest gagnante, les déferlantes effrayantes, le stress de casser quelque chose et le récit de leurs âneries de trompe-la-mort. « On essayait de plaisanter à la VHF, on s’appelait entre concurrents juste pour vérifier que tout allait bien. Avec Gildas Mahé par exemple, on se disait : « bon ça va, t’es pas encore mort ? Non ? Bon ben moi non plus, à tout à l’heure, alors…La mer était tellement dure qu’on a vieilli de 10 ans. C’est pas bon du tout pour la santé ce genre de truc. »
 
Voilà pour l’ambiance, qui monte encore d’un cran quand arrivent Nicolas Troussel (Financo), 28 minutes et 5 secondes derrière le vainqueur, puis le décidément inévitable Michel Desjoyeaux (Foncia), 48 minutes après Corentin Douguet. Michel Desjoyeaux qui n’a pas raté un seul podium depuis le début de l’épreuve. Troisième à Crosshaven, premier à Brest, troisième à La Corogne… Il prend logiquement la tête du classement général, devant… Corentin Douguet et Nicolas Troussel. Les trois vainqueurs de cette étape dantesque entre Brest et La Corogne sont aussi les trois nouveaux leaders au général et fatalement tout trois prétendants à la victoire finale. Les écarts entre eux sont faibles. Desjoyeaux a désormais 8 minutes et 13 secondes d’avance sur Douguet au classement général provisoire avant jury et 17 minutes et 26 secondes sur Troussel. Tout va se jouer donc sur la quatrième et dernière manche entre La Corogne et Les Sables d’Olonne. Mais n’anticipons pas. Pour l’heure, il s’agit de fêter les vainqueurs et d’accueillir aussi comme des vainqueurs ceux qui ont eu moins de réussite, qui n’ont pas voulu ou pas pu aller chercher le vent dans l’ouest comme Corentin Douguet et ses deux dauphins premier choix. Mais auront bouclé eux aussi cette étape hallucinante. Les arrivées vont se succéder toute la nuit et les écarts sont déjà importants. A l’heure où nous bouclons ces lignes par exemple, l’ancien leader du général Fred Duthil (Distinxion) vient d’arriver. A une très jolie 7e place, mais déjà à 1h52 minutes de Corentin Douguet. Mais ce n’est pas franchement le moment de causer chiffres. D’ailleurs dans son berceau, Max s’est endormi sans même demander une calculette.

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Avantage aux nordistes

Jean-Pierre Nicol
DR

Les marins ont assisté cette nuit au spectacle grandiose d’une voie lactée sur grand écran. Au petit matin, une myriade de feux de bateaux de pêche avait remplacé ceux des étoiles, « comme des bougies d’anniversaire sur le plan d’eau tout noir » s’amusait Jeanne Grégoire. Si le tableau nocturne est joli, la vigilance est aussi de mise sur la route de l’Espagne, que d’aucuns ont choisi sinueuse. Pour tenter de revenir dans le match, certains se sont largement démarqués hier soir. C’est le cas de Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs). « J’ai voulu tenter un truc différent, pas question de rester derrière » indiquait Nicolas à la vacation du matin. 26 milles dans le sud de Corentin Douguet (E. Leclerc/Bouygues Telecom), le concurrent du groupe de tête le plus au nord, l’actuel troisième du classement général avouait même avoir hissé son spi quelque temps. Il file actuellement au reaching sur la route directe, à 13,6 milles des leaders.,Plus loin sous son vent, Robert Nagy (Théolia) a lui aussi marqué fermement sa stratégie, mais se retrouve désormais isolé au milieu du plan d’eau: « Je n’ai plus personne en visuel. J’attends donc les positions avec impatience. J’ai joué une dizaine de virements et j’ai réussi à revenir, mais là, j’ai perdu de vue tout le monde ». Au classement de 4h00, Robert était pointé en 9e position, à 4,9 milles de la tête de course. Nicol, Desjoyeaux, Mahé séparés d’1,2 milles… avantage aux nordistes

L’échappée de Christian Bos a fait long feu. Dans la nuit, le skipper de Belle Ile en Mer s’est fait rattraper puis doubler par ses concurrents du nord. Ce matin, le nouveau boss, s’appelle Jean Pierre Nicol, 28 ans, première participation à la Solitaire et déjà en tête hier dans l’estuaire de la Gironde. Résistera t-il aux assauts du vainqueur de la 2e étape, pointé à 0,5 milles de son tableau arrière ? Michel Desjoyeaux est toujours là en embuscade, prêt à faire parler son expérience lorsque les conditions de navigation se muscleront. Les skippers ont la chance de pouvoir s’apprêter en douceur en attendant le coup de vent qui devrait les cueillir dans la journée. La montée en puissance se fera crescendo, leur permettant d’ores et déjà de bien vérifier leur bateau, d’anticiper les changements de voiles et accessoirement de se reposer. Sur le pont de Banque Populaire, Jeanne Grégoire recevait les premières vagues annonciatrices. « Après, ce sera ciré, capuche, harnais et casque lourd ».

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Le coup de vent est bien là !

Bertrand De Broc sur Les Mousquetaires Trophée BPE 2007
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Pendant les 36 prochaines heures de navigation jusqu’à La Corogne (on s’oriente vers une arrivée dans la nuit de mercredi à jeudi), ce ne sera pas une partie de plaisir, même pour les gros bras, même pour les plus expérimentés. La progression sera pénible, il faudra réduire la toile tout en gardant assez de puissance pour passer dans la mer. Ce matin, on mesurait 2,5 mètres de houle sur la zone. Les creux devraient encore prendre de la hauteur et atteindre prochainement 4 à 5 mètres. Il faudra donc faire le gros dos, veiller au matériel, tout en songeant à la course, pour ceux qui le peuvent encore. Car certains coureurs (un bon nombre de bizuth notamment) n’ont jamais expérimenté ces conditions de navigation à bord de leur Figaro Bénéteau 2. C’est certainement le cas de Jean-Pierre Nicol (Gavottes) qui mène toujours la danse à 0,5 mille de son nouveau dauphin Nicolas Troussel (Financo), au classement de 10h30. Avec le renforcement progressif du vent, les écarts entre les bateaux se réduisent à chaque pointage : ils sont désormais une bonne vingtaine à se tenir en l’espace de 10 milles. C’est donc un changement radical d’atmosphère (hier à la même heure, les bateaux étaient totalement encalminés), une nouvelle donne qui va offrir aux coureurs une sorte de nouveau départ à 195 milles de La Corogne. Mais le gros temps n’a pas encore fait le tri et la tactique a toujours sa place à ce stade de la course. Les concurrents sont répartis sur un axe nord-sud, Michel Desjoyeaux (Foncia), 3e à 0,8 mille, étant le plus extrême au nord. Si le vent continue de refuser, il pourrait bien voir le reste de ses poursuivants s’aligner derrière lui… une position idyllique avant le prochain virement. A l’opposé, Robert Nagy (Théolia), 6e à 1,8 milles et Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs), 17e à 9,8 milles assument désormais leur stratégie plus sud, à proximité de la route directe. Mais bientôt, d’autres critères que la stratégie vont entrer en ligne de compte : l’état de la mer, la capacité des marins à faire avancer les bateaux dans la grosse brise, leur résistance à la fatigue, l’absence de casse…. Deux concurrents semblent déjà avoir fais les frais de la situation. Jean-François Bulot, (Crédit Mutuel de Normandie-Ville de Caen) semble faire un cap vers Arcachon tandis que Erik Nigon (AXA Atout Cœur pour Aides) pointe en direction de Bilbao. La Direction de Course tente de prendre contact avec ces bateaux pour connaître leurs intentions.

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Un ryhtme infernal

Financo BPE
DR

« Le rythme est infernal. J’ai harnais, gilet, combinaison sèche.. la totale pour affronter la tempête ! » Alors leader provisoire avant d’être supplanté à ce titre honorifique par Nicolas Troussel, Jean-Pierre Nicol (Gavottes) donne le ton, à la vacation. La pétole d’il y a 24 heures n’est plus qu’un souvenir, au même titre que le bord de portant entre Brest et BXA. Le pain blanc est mangé. Il faut désormais se battre. Aller au charbon. Place au près, au vent fort, aux changements de voile d’avant, aux barres de céréales dans les poches en guise de repas. On marche sur les murs dans le bateau qui gîte, la quille chante et hardi camarades. On y va, dans ce fameux gros temps annoncé depuis 48 heures. Ce matin, vers 10h, le vent est d’abord rentré par le sud, sud-ouest, en évoluant rapidement de 15 à 25 puis 30 nœuds, avec rafales. Bonjour le changement de rythme ! Les Solitaires se sont attachés à leur machine et redoublent de vigilance. « La mer est casse-pieds, il faut bien se tenir », témoigne le leader à 16h, Nicolas Troussel. « C’est assez humide, on prend des paquets de mer dans la tronche, pas super sympa… j’ai attaché ma ceinture de sécurité », témoigne en écho son poursuivant immédiat, Thierry Chabagny (Brossard). C’est déjà engagé donc. Et ça va empirer.

Rafales à 45 nœuds et creux de 5 mètres

Richard Silvani, de Météo France, est explicite: « aujourd’hui le vent fraîchit temporairement 30 à 35 nœuds de sud-ouest, avec des rafales à 40 qui monteront à 45 nœuds dans la nuit. La mer devient forte à très forte avec creux de 4 à 5 mètres. Elle sera encore plus croisée en fin de période, mercredi midi, quand le vent basculera ouest pour 22 à 28 nœuds avec rafales à 35 ». Tout est dit, ou presque. Beaucoup de choses vont se jouer cette nuit, dans le positionnement avant de plonger sur La Corogne, qui n’est plus qu’à 170 milles devant la tête de course. La négociation du gros temps et de cette bascule est l’équation à double-entrée proposée aux marins de cette 38e Solitaire qui progressent vers l’ouest à des vitesses de l’ordre de 6 nœuds cet après-midi. Au classement, avec les quatre premiers bateaux en un mille (Robert Nagy sur Théolia est 3e et Gildas Morvan sur Cercle Vert 4e) et les 18 premiers en 8 milles, tout est encore possible sur cette route cabossée qui remonte contre la mer et le vent. D’autant que le pointage, calculé en terme de distance au but, ne fait pas de cas du grand écart latéral entre ceux qui ont choisi un décalage au nord modéré par rapport à la route – comme Nicolas Troussel – et ceux qui, à l’inverse, ont réussi à faire du gain ouest en étant extrémiste dans le nord, à l’instar de Michel Desjoyeaux (Foncia), Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier), Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole) et Corentin Douguet (E.Leclerc/Bouygues Telecom). Ceux-là acceptent de perdre des places au classement provisoire dans l’espoir d’un meilleur placement par rapport aux événements météo à venir. Cette bascule d’ouest par exemple qui leur permettrait de virer en premier, faire la route et accélérer la foulée en ouvrant les voiles vers La Corogne. C’est pour cette raison que Thierry Chabagny, décidément ultra régulier aux avant-postes, n’est pas forcément content de sa position : « je me trouve un peu trop décalé à gauche (au sud, ndr) par rapport aux autres ».

Reste que ces hypothèses de positionnement ne sont que théorie, rarement vérifiée à 100% sur l’eau. Il y a encore une journée et au moins une nuit et demi à passer sur l’eau avant de toucher le sol de Galice, terre promise de cette troisième étape où il fallait vraiment savoir tout faire : pétole, portant, près… Sous solent et grand voile le plus souvent arrisée au premier ris, les solitaires font le gros dos. Savent qu’ils ne pourront pas confier le bateau au pilote automatique dans cette nuit des braves. Que tout se joue dans les heures à venir, l’arrivée des premiers étant désormais envisagée à La Corogne tôt jeudi matin. Au pointage de 16h, Nicolas Troussel mène donc les débats, quasi à égalité avec Thierry Chabagny (Brossard, 2e à 0,5 mille) et Robert Nagy (Théolia, 3e à 0,7 mille). Non localisé par sa balise, Jean-Pierre Nicol est aussi dans les parages de ces hautes sphères du classement. Où l’on note le retour en force du leader du général, Fred Duthil (Distinxion) qui se hisse en 5e position à moins de 2 milles de Financo. Qui est surtout repassé devant son plus dangereux rival, Michel Desjoyeaux (Foncia, 7e à 3,3 milles). Mais attention encore : les deux hommes ne sont pas à la même latitude. Desjoyeaux veut gagner et suit son idée, Duthil n’est évidemment pas disposé à le laisser faire. Telle est bien la seule certitude. Bien malin enfin qui s’hasarderait à un pronostic gagnant. Pietro D’Ali (Kappa) n’est qu’à 6,5 milles et il est pourtant classé en 15e position… c’est dire si c’est serré dans le premier wagon. Suspense dans la baston, cela ferait un très mauvais titre de série B. C’est pourtant assez représentatif de ce qui se trame en ce moment au beau milieu du golfe de Gascogne.

Les échos du large

Nicolas Troussel (Financo) : « Ca saute un peu là ! Dans le bateau, il faut se tenir parce qu’il y a des petites vagues sympa. On va faire une bonne dose de près pour aller jusqu’à la Corogne. Je suis en train de me faire chauffer de l’eau pour manger un plat déshydraté, le premier qui me tombe sous la main sera le bon. Je n’ai fait que dormir toute la nuit pour être en forme la journée. J’ai des bateaux autour de moi, donc je sais où j’en suis, c’est toujours bien de pouvoir comparer sa vitesse. »

Ronan Treussart (Groupe Céléos) : « Ca pourrait être pire, on pourrait avoir 45 nœuds ! On est au près dans 30 nœuds établis. On va avoir plus fort cette nuit, exactement ce qu’ils avaient annoncé. J’ai réduit la toile ce matin au levé du jour. J’étais sous génois et c’est rapidement monté à 20 puis 30 nœuds. En l’espace de 2 heures, j’ai mis le solent et j’ai pris un ris. On va peut-être devoir prendre encore un ris devant. Ca tape pas mal et c’est très humide. Là, je venais juste de rentrer à l’intérieur pour changer de veste. J’ai bien dormi la nuit d’avant pour emmagasiner un maximum d’énergie car ça va être à la barre toute la nuit prochaine. Je ne suis pas tout seul, j’ai Kappa (Pietro D’Ali) à mon vent, on est tout les deux en bâbord. »

Thierry Chabagny (Brossard): « C’est assez humide. D’après les prévisions, ça devrait forcir encore, mais je trouve que c’est déjà pas mal comme ça. Ce sont des conditions fatigantes, pas aussi plaisant que les bords de spi ! J’ai la ceinture de sécurité à la barre sinon dans les grosses vagues, tu pars par devant et tu te casses la figure. »

Jean-Pierre Nicol (Gavottes) : « Ca va faire 24 heures que je suis en tête. Je suis content d’y être mais les conditions deviennent un peu dantesques. C’est la machine à laver, la marmite. On a 30 noeuds de vent mais c’est la mer qui est vraiment creuse. Ce n’est pas le moment de casser un truc. Il faut arriver à bon port, en bon état. Je suis sous solent, grand-voile haute et je me demande si je ne vais pas prendre un ris. J’ai un peu dormi cette nuit mais le rythme est infernal. Quand on est devant, c’est plus difficile de dormir. J’ai harnais, gilet, combi sèche, la totale pour affronter la tempête. »

Nicolas Lunven (Bostik) : « Là, tu me déranges en pleine petite sieste de récupération. Ca va pas mal, j’ai changé de foc juste au bon moment cette nuit avant que le vent monte, du coup, ça m’a pas mis dans le rouge. J’ai pris un ris dans la grand-voile. Le pilote barre assez bien le bateau. J’en profites pour me restaurer et me reposer. J’ai croisé Christian Bos, il était en tribord, moi en bâbord. Je ne vois personne d’autre. Il y a en permanence de quoi s’occuper, toujours des petits trucs qui pètent et puis il va falloir barrer. J’ai 25 nœuds en moyenne à l’anémomètre et le vent devrait forcir un peu. Je suis content que Jean-Pierre Nicol soit en tête parce que c’est un copain, mais j’espère quand même arriver à le dépasser ! »

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Guerre d’empannages

Solitaire Figaro
DR

De fait, le classement est pas mal bouleversé ce matin. La flotte s’est regroupée après le passage du plateau de Rochebonne et depuis cette nuit, les concurrents tricotent au portant. « La nuit est dure, on empanne toutes les 5 minutes pour suivre les oscillations du vent » lâche Vincent Biarnes (Côtes d’Armor), visiblement assez fatigué par cet exercice de tactique plein vent arrière qui lui a tout de même permis de gagner 19 places depuis le pointage de 18h30 dimanche ! Il n’est pas le seul à avoir bénéficié d’un petit coup d’ascenseur, à la faveur de quelques empannages judicieux. Comme lui, Nicolas Troussel (Financo), a repris du poil de la bête. « Je me suis remis dans le match donc c’est bien, mais il faut se concentrer aux réglages pour rester au contact. Sur la descente, il y avait des petits coups à faire, et avec un petit groupe on a recollé le paquet » constate ce matin le vainqueur de La Solitaire Afflelou Le Figaro 2006.

L’effet inverse a affecté quelques concurrents à l’image de Nicolas Lunven (Bostik), qui passe ce matin de la 5e à la 17e place, à 4,1 milles de la tête de course. Pour autant, les anciens leaders ne sont pas complètement largués et restent à moins de 2 milles des meneurs, un écart qui ne semblait pas traumatiser Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier), pas mécontent de se « tirer la bourre » avec ses petits camarades. Ces manœuvres successives, associées à un petit essoufflement du vent de nord-nord ouest en début de nuit, ont légèrement ralenti la progression du peloton vers la première marque de parcours, le grand prix Suzuki. Les Figaro Bénéteau avancent tout de même à 6 nœuds de moyenne sur quatre heures et devraient pointer leurs étraves au large du phare de Cordouan vers 7h30 ce matin. Le passage dans ‘l’entonnoir’ de la bouée BXA va remettre les pendules à l’heure, un « classement qui sera surtout important pour le moral » selon Nicolas Troussel, sans rien présager des 300 prochains milles de course vers la Corogne. Les concurrents attendent une bascule du vent au sud-ouest dans la journée de lundi. La partie de navigation sous spinnaker menace de tourner bientôt au louvoyage.

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