Sous tourmentin pour certains, avec deux ris dans la grand-voile, ils ont escaladé des montagnes à crête écumante, attachés à la barre, et progressé à vitesse réduite, à 5 nœuds de moyenne. « C’est la guerre, depuis hier, on se fait pas mal latter. J’ai passé le front tout à l’heure, on a eu 50 noeuds. C’est plus qu’une étape de montagne… je trouve que c’est un peu extrême de prendre ça en solo » lâche le bizuth Frédéric Rivet (Novotel Caen), 41e à la vacation de 5h00 du matin… une atmosphère confirmée par son camarade de jeu Aymeric Belloir (Cap 56) : « cette nuit, on s’est mis en mode survie car c’est monté bien bien fort. Comme croisière estivale vers l’Espagne, on a vu mieux ! Le plus gros est passé mais ça a été rude ». Au petit matin, le vent avait relativement faibli (40 nœuds), permettant aux coureurs de renvoyer un peu de toile à l’avant et de passer sous solent arisé. Peu de concurrents ont pu être contactés ce matin à la vacation, mais certains ont déjà fait des demandes pour leurs préparateurs via la Direction de Course : la liste des pépins techniques promet d’être longue.
Le bord bâbord, face à la mer, s’est révélé peu à peu impraticable. Du coup, la plupart des marins ont viré cette nuit pour éviter les coups de butoir aussi inconfortables pour les hommes que dangereux pour le matériel. De fait, ce sont les concurrents qui s’étaient placés hier à l’abri plus près des côtes espagnoles, mais aussi à proximité de la route directe, qui ont les honneurs du classement de 4h00. C’est ainsi que Christian Bos (qui avait été le premier à virer hier pour se recaler au sud) retrouve de sa superbe en tête de course. Le skipper de Belle Ile en Mer pointe en tête devant Franck Legal (Lenze) à 0,4 mille, Nicolas Lunven (Bostik), à 0,6 mille, Jean-Pierre Nicol (Gavottes) et le maillot jaune au classement général Frédéric Duthil (Distinxion). De nouveaux protagonistes sont apparus dans le top ten à l’image de Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs) et Jeanne Grégoire (Banque Populaire) qui pariaient tout deux depuis un moment sur cette stratégie au sud. A l’opposé, les nordistes ont bien rétrogradé. Mais pour combien de temps ? Car les 45 Figaro Bénéteau sont répartis sur une nouvelle ligne de départ longue 110 milles (la distance qui sépare Gildas Mahé, le plus au nord, de Jean-Pierre Nicol, le plus au sud), au large du cap Ortegal. Les écarts en distance au but restent faibles (26 bateaux en 15 milles)… Les dés sont loin d’être jetés. Au critère stratégique va toutefois s’ajouter une autre variable tout aussi cruciale : l’état de fatigue des marins qui dégustent depuis une bonne vingtaine d’heures maintenant. Les plus aguerris, les plus frais et ceux qui auront conservé leur matériel intact seront probablement les gagnants.