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Ultime bagarre jusqu’aux Sables d’Olonne

Solitaire 2006 départ St Gilles
DR

Sous un ciel dégagé, entre les collines des pointes de Herminio et Seixo Blanco qui bordent la ria de La Corogne, la flotte s’est gentiment élancée au près dans un vent de nord de 10 nœuds, bercée par une houle ample de 2 mètres. Trois concurrents ont du revenir sur la ligne après avoir volé le départ : Thierry Chabagny (Brossard), Franck Le Gal (Lenze) et Pietro D’Ali (Kappa). A 15h43, à l’issue d’un petit parcours côtier de 3 milles, Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole) est le premier à affaler son spinnaker au passage de la bouée Radio France, suivi de Gildas Morvan (Cercle Vert), Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs), Armel Tripon (Gedimat) et Marc Emig (A.ST Group). A ce stade, avant d’entamer une remontée au louvoyage de 35 milles pour sortir des côtes espagnoles et laisser à droite le cap Ortegal, les écarts entre les concurrents étaient négligeables.

Méthode Coué 

Ne pas penser au classement général et se concentrer sur cette ultime étape, comme si les trois autres n’avaient jamais existé, exorciser la pression et se convaincre qu’elle ne vous atteint pas, penser avant tout à se faire plaisir… Ce matin, juste avant de larguer les amarres, le leitmotiv finissait par tenir du lieu commun. Ces litanies d’avant départ ne trompent personne et relèvent surtout de la méthode Coué. Car sur les pontons du très aristocratique Royal Club Nautico de La Coruña, tôt investi par une horde de marins en bottes et de préparateurs en tongs, les visages trahissaient les discours. La pression, oui, ils l’ont, que ce soit pour les enjeux de la compétition, qui cette fois touche à sa fin, ou pour le coup de tabac qui va à nouveau s’abattre sur eux, dès lundi après-midi.

L’appétit vient en mangeant 

Certes, quelques coureurs ont déjà atteint, si ce n’est surpassé leurs objectifs. C’est le cas de Corentin Douguet (E.Leclerc/Bouygues Telecom) et de Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier). Ces deux là n’en sont qu’à leur deuxième participation à La Solitaire et se retrouvent respectivement en 2e et 4e position au général. Frédéric Duthil (Distinxion) a pour l’instant rempli 100% de son contrat, à savoir gagner une étape et terminer dans les 5 premiers. A les entendre, ils pourraient bien se contenter de leur sort. Mais qui peut réellement prétendre que l’appétit ne vient pas en mangeant ? Michel Desjoyeaux (Foncia), déjà double vainqueur de l’épreuve, actuellement en tête au classement général, est le premier à proclamer qu’il n’a rien à prouver. « La pression me fait doucement rigoler » disait-il à la veille du départ. En réalité, ce qui ferait vraiment rire le ‘professeur’, ce serait de donner leçon à tout le monde après un an d’absence sur le circuit et accessoirement de réussir le triplé pour égaler Philippe Poupon et Jean Le Cam. Pour cela, il devra résister aux assauts de Douguet, motivé pour gagner par « l’envie de retrouver son fils et parce que son brûleur de gaz, qui a rendu l’âme, va l’obliger à manger froid jusqu’à l’arrivée » dit-il en plaisantant. Le danger viendra aussi du 3e Nicolas Troussel, le vainqueur de 2006, aussi discret qu’efficace. Quatorze minutes les séparent : une pichenette au regard des 355 milles du parcours.

A fond jusqu’au finish 

En dehors du podium provisoire, Gildas Mahé est le plus redouté des prétendants. D’abord parce qu’il n’est qu’à 30 minutes de Troussel, ensuite parce qu’unanimement reconnu comme un des tout bons. « J’ai toujours l’espoir de monter sur le podium et pourquoi pas gagner pendant qu’on y est ! » confie Mahé sur les pontons. Cet espoir est aussi caressé par quelques relégués du classement. Gildas Morvan (Cercle Vert), 9e à 2h28 du leader, se remémore avec envie une étape de 2005 où un passage de front avait créé des écarts de deux heures au sein de la flotte… comme celui qui les attend lundi. Corentin Douguet rappelle à juste titre que le moindre souci technique ou la moindre manœuvre ratée, lorsque les bateaux avanceront à 10 ou 12 nœuds lundi soir, peut très vite faire des dégâts. Le coup du sort, la stratégie magique, ils y croient, ils espèrent, malgré ce parcours apparenté à un ‘tout droit’. Ce qui est certain, c’est qu’ils se donneront tous à fond dans cette dernière bagarre de 355 milles jusqu’aux Sables d’Olonne, ville de départ et d’arrivée d’une autre grande classique en solitaire que connaissent bien Bertrand de Broc (les Mousquetaires), Marc Thiercelin (Siemens) et Michel Desjoyeaux qui y a déjà été accueilli en vainqueur… En attendant la longue cavalcade au reaching ou sous spi, accompagnée d’un vent de nord-ouest, fraîchissant lundi soir jusqu’à 40 nœuds dans les rafales, les 48 solitaires ont d’abord droit à une partie de louvoyage de 35 milles pour sortir des côtes espagnoles. Leur première nuit sera relativement douce. Ils en profiteront peut-être pour dormir avant de s’accrocher à la barre jusqu’à la ligne d’arrivée.

Les échos du large

Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole) à la vacation de 17h00 : « J’étais en train de me dire que l’Espagne me réussit bien car l’an dernier aussi j’étais parti en tête. On est au près vers le Cabo Ortegal. Le vent vient de rentrer un peu, ça ne mouille pas encore mais je viens d’enfiler un ciré car il y a déjà pas mal de mer. Il y a des petites bascules de vent à gérer, on attend la bascule à gauche (à l’ouest, ndr) en fin d’après-midi, celle-ci nous permettra de virer pour nous mettre sur la route des Sables d’Olonne. Pour une fois cette année j’ai pris un bon départ et j’espère que c’est de bon augure pour la suite. Je suis tellement pressé de retrouver ma petite fille que je vais me dépêcher d’arriver aux Sables pour la prendre dans mes bras ».

Gildas Morvan (Cercle Vert) à la vacation de 17h00: « Le vent grimpe, on a 18 nœuds déjà, ça va être du près, sous le soleil, être devant, c’est pas mal… Ceci dit il y a déjà de la mer, ça cogne pas mal. Il y aura sûrement du boulot au vent des côtes espagnoles, il faudra être aux aguets. J’ai Koné Ascenseurs juste derrière moi et sous mon vent, assez loin, Espoir Crédit Agricole. » 

Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs) à la vacation de 17h00 : « Sur ce genre d’étape, c’est bien d’être devant dès le début. Donc tout va bien pour Koné Ascenseurs sous le soleil espagnol. L’idée c’est de se positionner pour la suite. La mer est chaotique, ça bouge dans tous les sens et ce n’est pas facile, il y a du ressac dû à la proximité de la côte. Ce sera le même format de sommeil que sur la deuxième étape, à savoir zéro sommeil jusqu’à l’arrivée.»

Les échos des pontons

Corentin Douguet (E.Leclerc/Bouygues Telecom): « On ne peut pas faire du marquage pendant 350 milles, la nuit tous les chats sont gris. Donc, je vais plutôt essayer de naviguer comme je l’ai fait depuis le début sans me prendre trop la tête. J’ai rien à perdre sur cette étape, je suis déjà bien au-delà de mes objectifs fixés avant La Solitaire. J’ai tout à gagner et je ne vais pas commencer à chasser Mich sur la ligne de départ ! Mes motivations : j’ai envie d’être le premier à retrouver mon fils… Sinon, mon brûleur de gaz a rendu l’âme définitivement. Cela sera donc une étape froide ! J’ai une cocotte de pâtes, un thermos de café pour la première nuit, après ce sera café froid, ça fait une autre bonne raison pour arriver vite. »

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Francis Joyon et IDEC pulvérisent le record de la Manche

IDEC
DR

Parti de Cowes, au Sud de l’Angleterre, à l’assaut du record de la traversée de la Manche ce matin à 09 heures 52 minutes et 41 secondes (heure française) sous grand voile haute et trinquette dans un vent de Nord Ouest soufflant à 18 noeuds, Francis Joyon et IDEC devaient rallier Dinard avant 17 heures 47 minutes et 28 secondes cet après-midi pour espérer battre le temps-référence établi par Thomas Coville à bord de son trimaran de 60 pieds Sodeb’O en juillet 2006. C’est chose faite puisque le maxi-trimaran rouge est arrivé en baie de Saint-Malo à 16 heures 16 minutes et 17 secondes. 6 heures 23 minutes 36 secondes, c’est donc le temps qu’il aura fallu à Francis Joyon pour effectuer la liaison Cowes-Dinard. Coville avait mis 7 heures 55 minutes et 47 secondes pour boucler les 138 milles de course (250km). Le skipper de IDEC aura donc mis 1 heure 32 minutes et 11 secondes de moins que le Costarmoricain pour signer son premier record en solitaire à bord du maxi-multicoque de 30 mètres, mis à l’eau le 19 juin dernier.

" Une vraie satifaction "

La traversée de la Manche n’aura pas été de tout repos pour le recordman de la traversée de l’Atlantique Nord (juillet 2005). " Je suis parti un peu rincé car j’ai quitté la Trinité-sur-Mer hier matin et la navigation pour arriver à Cowes à temps pour s’élancer a été intense. De plus, j’ai du pas mal manoeuvrer car comme le vent forciçait au fil des milles, il a fallu enchaîner les prises de ris " a expliqué Francis en fin d’après-midi. " Au niveau du Raz Blanchard, j’ai eu jusqu’à 32 noeuds de vent réel. Par ailleurs, j’ai eu du courant contraire tout le long. Reste que l’essentiel est là : le record est battu. C’est une vraie satisfaction mais surtout une belle avancée dans la connaissance du bateau. Cette traversée de la Manche m’a permis de voir qu’il y a beaucoup de choses sur lesquelles on travaille depuis maintenant un an et demi et qui fonctionnent, qui sont super éfficaces. Evidement, il y a aussi des améliorations à faire dans d’autres domaines mais globalement le bateau marche bien et atteind des bonnes vitesses sans peiner. Il est vraiment adapté à son programme. Pour résumer, ce premier record permet de valider le bateau, le travail qu’on a fait et de renvoyer la balle aux architectes… En somme : beaucoup de choses positives ! "

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Plymouth ville de départ de The Transat 2008

Départ de l´OSTAR 2005
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The Transat dont le premier départ en 1960 avait déjà été donné de Plymouth, est véritablement associée à cette ville. Marquant de son empreinte l’histoire maritime, The Transat est devenue une référence du fait de la difficulté qu’elle occasionne pour le marin solitaire qui doit traverser l’Atlantique très au Nord, contre les vents dominants, jusqu’aux Etats Unis. John McKenna, directeur commercial d’OC Event : « OC Events a organisé cette grande classique en 2004 sans aucun sponsor titre et sans réel appui. C’est magnifique de voir que pour la prochaine édition Plymouth et tous les partenaires associés soutiennent The Transat et souhaitent en faire un événement de grande envergure ! » La victoire de Plymouth concernant l’accueil de the Transat est le fruit de l’investissement d’un marin Conrad Humphreys qui est soutenu par le Sutton Harbour Group, l’Agence Régionale du Développement du Sud Ouest et par le Conseil de la ville de Plymouth. Afin de remporter la mise, il fallait que soit respecter le fait que The Transat 2008 soit située au cœur de la ville de Plymouth, à Sutton Harbour ; ce qui est le cas puisqu’un village de la course sera construit tout autour de Barbican. Ce village sera libre d’accès au public 10 jours avant le départ de The Transat qui aura lieu le 11 mai 2008. La flotte sera amarrée au ponton de Sutton Harbour, ce qui créera une véritable animation pour les promeneurs.

Nigel Godefroy, directeur du management au sein du groupe Sutton Harbour: « Remporter The Transat 2008 est vraiment magnifique pour la ville de Plymouth. Ce sera pour nous une belle entrée en matière juste avant le Festival d’été de Plymouth que nous soutenons également. En amenant cet événement majeur au cœur de la ville historique, nous allons créer une émulation, nous allons mettre en avant ce que Plymouth est capable d’offrir ! » « Le fait que le conseil de la ville de Plymouth, le Groupe Sutton Harbour, l’agence régionale du développement, Conrad Humphreys et OC Events soient capables de travailler ensemble afin de faire que cet événement mondial se passe à Plymouth est une véritable démonstration de ce qui peut résulter d’un solide partenariat. » Les bénéfices commerciaux résultant du départ de The Transat sont considérables pour Plymouth et la région du Sud Ouest. En 2004, 468 journalistes de 32 pays se sont accrédités afin de suivre le départ depuis Plymouth. 37 inscrits de toute nationalité étaient présents ce qui a engendré environ 1 million de Livres Sterling en terme de retombées économiques pour la ville. En 2008, The Transat devrait générer près de 1,5 million de Livres Sterling pour l’économie régionale, avec près de 500 journalistes accrédités, 30 à 40 des meilleurs marins au monde ainsi que leurs équipes présents sur Plymouth.

Conrad Humphreys, navigateur et directeur du management de la société Event South West : « J’aimerais remercier toutes les personnes ayant contribué à ce succès. Il est très important pour faire connaître la ville et la région au monde de pouvoir accueillir des événements sportifs de cette stature. Je voudrais remercier en particulier Nigel Godefroy et le groupe Sutton Harbour d’avoir travailler sur le point le plus important : apporter l’événement au cœur de la ville. Les prochains neuf mois vont être importants parce que l’on va devoir construire un évènement qui laisse un impact sportif et culturel durable pour la ville et la région. J’espère que maintenant le secteur privé va saisir l’opportunité de s’associer à cette remarquable course qu’est The Transat. »

Le partenaire titre de The Transat 2008 sera annoncé dans les prochaines semaines en même temps que l’avis de course spécifiant les classes admises à courir ainsi que le port américain de destination.

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Francis Joyon et IDEC s’attaquent à la Manche

IDEC
DR

Francis Joyon a quitté La Trinité-sur-Mer, son port d’attache, ce matin et est actuellement en convoyage vers Cowes, située sur l’île de Wight au Sud de l’Angleterre, qu’il devrait atteindre cette nuit. Le skipper de IDEC devrait s’élancer aux alentours de 9 heures demain matin en direction de Dinard afin de tenter d’améliorer le temps établi par Thomas Coville à bord du trimaran 60 pieds Sodeb’O en juillet 2006 : 7 heures 55 minutes et 47 secondes. Pour son premier défi – le trimaran rouge de 30 mètres a été mis à l’eau le 19 juin dernier et a enchaîné depuis les tests et les navigations en double puis en solitaire – IDEC devrait bénéficier d’un vent de Nord Nord-Ouest soufflant entre 20 et 25 noeuds. Pour Francis Joyon, cette tentavice de record sera également un excellent entraînement pour ce qui constitue l’un des défis les plus extrêmes aujourd’hui en terme de navigation, le Tour du Monde en Solitaire, record auquel il a prévu de s’attaquer en novembre prochain.

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Dernier ‘run´ endiablé vers Les Sables d´Olonne

Départ Figaro
DR

Récupérer, dormir, se nourrir à nouveau correctement, et pour certains, évacuer la déception de la 3e étape pour repartir du bon pied, tels étaient les mots d’ordre de cette pause galicienne. Les Figaro Bénéteau 2 ont aussi été l’objet de toutes les attentions. Sur les pontons du Real Club Nautico de La Coruña, la fourmilière des préparateurs s’est mise en branle pour remettre en état de marche les petits monotypes. Après trois journées et demi sur le plancher des vaches, les marins vont retrouver dimanche l’élément liquide et les affres de la compétition. Le départ sera donné à 15h00 dans la ria de La Corogne pour un parcours banane de 5 milles (la porte sous le vent faisant office de bouée Radio France), entre les pointes Herminio et Seixo Blanco. Au terme d’un premier louvoyage tactique pour s’extirper des côtes espagnoles, les fauves seront lâchés. Leur voyage retour dans le golfe de Gascogne, décidemment peu prompt à se mettre à l’heure estivale, n’aura toujours rien d’une croisière au mois d’août. Les coureurs seront certes épargnés la première nuit ( flux de nord-ouest de 10 à 15 nœuds) avant de subir le passage d’un front dont les prémices seront sensibles dès lundi matin. Le vent s’orientera d’abord à l’ouest en fraîchissant 20-30 nœuds puis basculera au nord en prenant encore du coffre en fin de journée : 30 à 35 nœuds, rafales à 40, mer agitée à forte.

« Que le veilleur gagne »

Les voici donc repartis pour une petite session de brise, mais à une allure bien plus rapide et accessoirement plus plaisante. La grande majorité de ces 355 milles de course va se dérouler sur un seul bord bâbord, avec de longues heures au reaching (vent de travers) et des passages sous spi, en direction de la bouée de Bourgenay. « Ca va aller vite pour tout le monde » commente le Directeur de Course Jacques Caraës. A ces allures bâtardes, difficile toutefois de ‘lâcher le manche’ et de laisser les commandes au pilote automatique, sous peine de perdre de précieuses longueurs sur ses adversaires. Il y aura du travail à la barre, mais aussi sur la plage avant où génois, spi et solent risquent d’alterner. Le tempo sera rapide donc, mais intense. Les routages actuels entrevoient en effet une arrivée des premiers mardi matin aux Sables d’Olonne, après 36 heures de course seulement. A ce rythme là, aucun des marins ne va se ménager. On l’a vu lors de la deuxième étape entre Crosshaven et Brest où les leaders étaient arrivés exténués après deux jours de mer sans dormir. « Que le veilleur gagne », le vieil adage de La Solitaire prendra tout son sens dans cette étape finale qui n’est d’ailleurs pas aussi simple qu’il y paraît. Ce déroulé très limpide au premier coup d’œil ne s’apparentera pas à une seule course de vitesse. Il y aura du jeu dans le golfe de Gascogne pour aller chercher une bascule de vent au nord, et il y aura du jeu dans les cinq derniers milles de louvoyage entre la bouée de Bourgenay (à laisser à bâbord) et l’arrivée dans le port de Vendée… « Comme d’habitude, ça va se jouer la dernière nuit » poursuit Jacques Caraës. L’état de fraîcheur pour attaquer la tête claire ce dernier tronçon tactique sera déterminant.

Belle bagarre pour mettre de l’ordre dans le podium

Toutefois, les écarts creusés à La Corogne par le trio de tête (Desjoyeaux, Douguet, Troussel) auront certainement du mal à être comblés sur ce tracé. La bagarre entre ces trois concurrents (ils ne se tiennent qu’en 14 minutes) pour mettre un ordre définitif sur le podium du classement général s’annonce passionnante. 30 à 40 minutes derrière, leurs plus proches poursuivants, Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier) et Frédéric Duthil (Distinxion) n’ont pas perdu tout espoir. De leur côté, les grands déçus du classement général vont tenter l’impossible. Il ne leur faudra pas seulement être parfait mais aussi compter sur une défaillance d’un des trois solides leaders. Autant dire que depuis l’issue de la troisième étape, leur destin n’est plus tout à fait entre leurs mains.

Les echos des pontons

Corentin Douguet (E.Leclerc-Bouygues Telecom, 2e à 9 minutes et 13 secondes) : « Encore une étape musclée et rapide, avec le solent devant et peut-être même encore des ris dedans ! Du vent soutenu a priori ça me convient bien pour l’instant. Côté objectif, c’est sûr qu’aucun de nous trois sur le podium n’a envie d’en descendre… et qu’on est au moins deux à espérer pouvoir en changer l’ordre. L’étape ne sera pas forcément aussi simple qu’on le dit, mais a priori peu propice à créer de grands écarts. Donc il y a une opportunité de rester sur le podium. J’espère que je ne vais pas la gâcher. Gagner ? Contrairement à Michel Desjoyeaux, je ne n’ai rien à perdre, je suis déjà très au-dessus de mes objectifs initiaux qui étaient une place dans les 10 et un podium d’étape. Donc moi je n’ai rien à perdre, je serais juste un peu déçu si je ne reste pas sur le podium, tandis que Michel ne peut avoir comme objectif que la victoire. S’il y a une opportunité, bien sur que j’essaierai. Mais je pense que Nicolas Troussel aussi ! »

Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier, 4e à 45 minutes) : « C’est encore ventu pour cette dernière étape ! Il va falloir faire attention au matos qui a souffert, je pense notamment aux solents. On les a beaucoup sollicités sur la 3e étape et ceux qui les ont mis vraiment en vrac doivent se faire du souci, car ils vont servir…. A part ça les manches soi disant tout droit, moi je me méfie. Ce n’est jamais écrit à l’avance et jamais aussi compliqué que quand on croit que c’est tout droit. Par exemple, c’est plus difficile d’anticiper les coups et sur une longue distance, un écart minime en degrés de cap fait forcément un gros décalage à l’arrivée. Et puis, s’il faut tirer des bords entre Port Bourgenay et Les Sables, ça peut jouer encore là bas. Je ne vais pas me prendre la tête avec le général, j’ai déjà fait trois belles manches de 6e, 3e et 4e, je vais essayer d’en faire une dernière belle aussi et on verra bien. Je pense que dans les quatre premiers, chacun fera sa route. De toutes façons, Mich’ ne pourra pas marquer trois bateaux en même temps.»

Bertrand de Broc (Les Mousquetaires, 20e à 4h44) : «J’aurais bien aimé une étape en été pour changer ! (rires) Visiblement on est condamné à l’hiver, avec du vent de nord, du vent froid… et encore 30, 35 nœuds. A part ça, ben… faudra encore être devant et pas derrière, c’est marrant, c’est souvent hein ? Je pense qu’on fera d’abord route nord pour se dégager de la côte, mais déjà là il y a danger. Je suis parti et arrivé six fois de La Corogne déjà, et à chaque fois il y a de gros écarts juste dans ce dégagement. Car on a des effets de site, du relief à 700 mètres, des courants et à chaque fois la sortie de baie se solde par des écarts importants. Après, il faudra bien anticiper la bascule, avoir bien anticipé la toile à mettre à ce moment là, être en phase. Je vise une place dans les dix, ce serait bien de finir sur une bonne note. »

Gildas Morvan (Cercle Vert, 9e à 2h28) : « L’étape va être très courte et malheureusement c’est un peu tout droit. Ce sera surtout de la conduite, de la vitesse, des trajectoires à affiner. J’aurais préféré une étape un peu plus longue et compliquée, à mon sens plus propice à refaire des écarts mais bon, c’est comme ça. Comme je ne suis pas très content de mon classement au général, l’objectif est clair : j’aimerais bien une victoire d’étape. »

Thierry Chabagny (Brossard, 13e à 3h07) : « On va sortir le bonnet, les bottes et c’est reparti pour du vent soutenu et probablement sans dormir du tout puisqu’on mettra entre 36 et 48 heures seulement. Il n’y a pas à mon sens de possibilités de refaire le coup extrême de l’an dernier avec Nico, car cette fois le vent semble bien établi sur tout le plan d’eau. Ce sera surtout de la conduite, de la vitesse… mais attention aussi à la toute dernière partie de parcours entre la bouée de Port Bourgenay et Les Sables, où s’il faut tirer des bords, on peut refaire du temps.»

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Bons débuts des Français à Qingdao

Faustine Merret
DR

Classements provisoires

470 Hommes après 2 manches : 1. N. Rogers et J. Glanield (Grande-Bretagne) 9 pts; 2. S. Fantela et I. Marenic (Croatie) 12 pts; 3. M. Wilmot et M. Page (Australie) 14 pts …8. Pierre Leboucher et Vincent Garros (France) 18 pts. (24 nations)

470 Femmes après 3 manches : 1. T. Torgersson et V. Zachrisson (Suède) 7 pts; 2. A. Kondo et N. Kamata (Japon) 12 pts; 3. E. Rechichi et T. Parkinson (Australie) 14 pts …5. Ingrid Petitjean et Nadège Douroux (France) 16 pts. (22 nations)

49er après 3 manches : 1. I. Martinez (Espagne) 5 pts; 2. A. Pachoumas (Grèce) 14 pts; 3. J. Lima (Portugal) 15 pts …12. Morgan Lagravière et Stéphane Christidis (France) 33 pts. (23 nations)

Finn après 2 manches : 1. B. Ainslie (Grande-Bretagne) 3 pts; 2. I. Kljakovic Gaspic (Croatie) 6 pts; 3. G. Vincenc (Slovénie) 8 pts … 17. I. Bruno (France) 35 pts. (25 nations)

Laser après 2 manches : 1. P. Goodison (Grande-Bretagne) 7 pts; 2. M. Grabowski (Pologne) 9 pts; 3. M. Leigh (Canada) 10 pts …24. Thomas Le Breton (France) 46 pts. (36 nations)

Laser Radial après 2 manches : 1. E. Van Acker (Belgique) 3 pts; 2. J. Aleh (Nouvelle-Zélande) 10 pts; 3. L. Ross (Canada) 10 pts …18. Sophie de Turckheim (France) 36 pts. (30 nations)

RS:X Hommes après 2 manches : 1. T. Ashley (Nouvelle-Zélande) 5 pts; 2. I. Pastor Lafuente (Espagne) 7 pts; 3. Y.G. Zhou (Chine) 7 pts; 4. Julien Bontemps (France) 10 pts. (30 nations)

RS:X Femmes parès 2 manches : 1. B. Shaw (Grande-Bretagne) 3 pts; 2. Faustine Merret (France) 5 pts; 3. J. Yin (Chine) 6 pts. (21 nations)

Star après manches : 1. Xavier Rohart et Pascal Rambeau (France) 6 pts; 2. R. Scheidt et B. Prada (Brésil) 7 pts; 3. F. Marazzi et C. Christen (Suisse) 8 pts. (17 nations)

Tornado après 2 manches : 1. R. Hagara et H.P. Steinacher (Autriche) 5 pts; 2. J. Polgar et F. Spalteholz (Allemagne) 6 pts; 3. D. Bundock et et G. Ashby (Australie) 10 pts …7. Xavier Revil et Christophe Espagnon (France) 16 pts. (30 nations)

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Nicolas Troussel : ” Encore les moyens de jouer “

Financo - Nicolas Troussel
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– " A part le fait que le podium n’a que deux marches puisque l’une d’entre elles est forcément réservée à Michel Desjoyeaux , il faut être malin pour donner le tiercé ", Jérémie Beyou à qui l’on doit cette formule avait vu juste. Personnellement êtes- vous surpris de trouver Michel Desjoyeaux en tête ?

" Non je ne suis absolument pas surpris parce qu’il n’a pas été souvent en dehors des six premiers dans la Solitaire. Je ne suis pas surpris parce que je l’ai vu s’entraîner à Port La Forêt cet hiver. Même s’il partait mal , il revenait bien à chaque fois. Cette année, pendant la course j’ai navigué à côté de lui pas mal de fois et il ne fait pas beaucoup d’erreurs. Je ne suis pas étonné. Pour moi c’était un des premiers favoris. Il a moins de pression que certains. Il a gagné deux fois , son projet de 60 pieds roule , son bateau est bien né. Il est serein et comme il a l’expérience et le talent…"

– Il est impressionnant mais il n’est pas imprenable. 17 minutes de retard cela peut se combler ?

" C’est vrai, 17 minutes ce n’est pas énorme même s’il vaut mieux être à sa place qu’à la mienne. Je me dis que sur deux étapes j’ai réussi à être devant lui. Donc tout est possible. Depuis le début , il n’a pas fait d’erreur. J’espère qu’il va en faire une sur la dernière étape. De mon côté, je vais partir comme d’habitude pour faire une course propre et me faire plaisir. Je ne vais pas forcément attaquer à fond."

– Vous aimez bien quand il y a du jeu , de la tactique. Il y aura des coups à jouer d’ici la Vendée ?

" C’est sûr ce ne sera pas tout droit , on a encore les moyens de jouer.On pourrait avoir du petit temps. Et dans ces conditions on a vite fait de perdre ou de gagner une demi-heure. Il faudra aussi faire attention : avec les écarts qui se sont créés, certains vont peut être tenter des bords extrêmes. Les trois premiers nous sommes proches et le quatrième n’est pas très loin non plus. Du coup il y aura peut être du marquage. Ce sera un peu compliqué à gérer pour Desjoyeaux . Moi, je vais faire ma course sans faire des calculs pour savoir qui contrôler ou échapper au marquage de qui. Quand tu commences à naviguer de cette manière, tu fais des bêtises. "

– Après votre succès l’an passé dans la Solitaire puis une victoire dans le trophée BPE, vous êtres encore placé. Comment expliquez vous cette régularité aux avant postes ?

" Il y a plusieurs facteurs. En premier lieu j’ai un partenaire ( Financo ) qui me suit et dans la tête c’est plus facile. Je sais que l’année prochaine , je continuerai à vivre ma passion. Du coup je navigue plus libéré , je suis en confiance. Le fait d’avoir gagné la Solitaire m’enlève un peu de pression. Si je finis sur le podium cette fois je serais content. Même si bien sûr j’aimerais bien la remporter une seconde fois."

– Le titre de Champion de France solitaire ce serait la cerise sur le gâteau ?

"J’ai une bonne avance mais c’est loin d’être fait. On a vu l’an passé qu’il y avait des rebondissements. C’est vrai que ça me ferait plaisir de gagner le championnat.( 1) Et comme mes deux copains Armel ( Le Cleac’h ) et Jérémie ( Beyou ) l’ont remporté, j’aimerais bien les imiter. Ce serait un beau couronnement de ma saison."

Recueilli par Gilbert Dréan / Le Télégramme

Ce championnat prend en compte le trophée BPE coefficient 3, chaque étape de la Solitaire Afflelou le Figaro, le classement général du Figaro et la Route du Ponant coefficient 2.

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Tout va se jouer sur le dernier sprint

Vincent Biarnès skipper Figaro Cotes d Armor
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« Voila. Il y a des écarts, ça commence à causer ». En jetant un œil rapide au classement général, Michel Desjoyeaux veut parler de l’écrémage par l’arrière. Le skipper de Foncia, leader du classement général, fait les comptes : à partir de la 7e place d’Eric Drouglazet (Luisina), tous les concurrents accusent plus de deux heures de retard. Pas totalement rédhibitoire, mais très difficile à remonter sur une ultime et courte étape, surtout si celle-ci se joue sur un seul bord rapide, comme semble indiquer la météo pour le moment. « Sur La Solitaire, une heure et demie de retard avant la dernière étape est pour moi la barre quasi infranchissable », avait coutume de dire Yann Eliès, quand il menaçait Charles Caudrelier pour la victoire finale. Mais l’analyse a pris du plomb dans l’aile l’an dernier, quand à la faveur d’une option extrême et sur une remontée similaire entre Espagne et Vendée, Nicolas Troussel et Thierry Chabagny avaient infligé une punition de… 7 à 12 heures à toute la flotte. Prudence donc. Personne n’a encore perdu. Mais si jamais il n’y a pas de grandes options possibles de dimanche à mardi sur les 355 milles de la quatrième manche (et même s’il y en a, d’ailleurs) il est évident que les six premiers ont plus de chances de décrocher la timbale que les 44 autres. On peut toujours convoquer Lapalisse pour dire qu’en l’espèce, s’appeler Michel Desjoyeaux (Foncia), Corentin Douguet (E.Leclerc-Bouygues Telecom) ou Nicolas Troussel (Financo) est porteur de grandes espérances. Or, ces trois prétendants à la victoire se tiennent en 14 minutes…

Le podium en 14 minutes 

Sur les 30 décisions du jury aujourd’hui (lire ci-dessous), deux concernent les leaders au général. Michel Desjoyeaux écope de 3 minutes de pénalité, Corentin Douguet de 4 minutes. Douguet se retrouve ainsi 2e à 8 minutes et 13 secondes de Desjoyeaux, Troussel 3e à 14’26’’. Voilà qui promet une empoignade finale à suspense. Voilà qui pourrait aussi impressionner Corentin Douguet. Pour sa deuxième participation, le voilà intercalé entre deux monstres : le marin le plus titré de la planète solitaire, Michel Desjoyeaux, et le seul a avoir remporté toutes les plus grandes épreuves en Figaro, Nicolas Troussel. De prime abord, on pourrait craindre le complexe d’infériorité de la part du skipper d’E.Leclerc/Bouygues Telecom. Sauf qu’on n’a pas affaire à un petit animal à grandes oreilles de trois semaines. Avant de faire irruption sur le circuit Figaro, Douguet a tout raflé en Mini, Transat 6.50 comprise. Et il connaît parfaitement « Mich » et « Nico », camarades d’entraînement au Pôle France de Port-la-Forêt. S’il respecte parfaitement l’icône Desjoyeaux – « Michel est impressionnant car très fort dans tous les compartiments du jeu » – s’il connaît la puissance de feu d’un Troussel en état de grâce depuis un an, Corentin Douguet ne fera pas le timide. Il dit simplement : « tout est possible.» Tout est possible. Avantage Desjoyeaux bien sûr. Evidence. Mais méfiance. Le skipper de Foncia est faillible. C’est une info. Il a reconnu et assumé une erreur sur la dernière étape. Reste que ce serait une belle histoire qu’il égale avec trois victoires Jean Le Cam et Philippe Poupon. Ce serait une histoire de fou aussi pour Nicolas Troussel, que 14 minutes de débours ne peuvent impressionner. Si le skipper de Financo l’emporte pour la deuxième année consécutive, il réalisera un exploit qu’un seul homme a signé, et en d’autre temps : Guy Cornou, en 1975 et 1976. Quant à Corentin Douguet, s’il l’emportait pour seulement sa deuxième participation, il rejoindrait sur les tablettes un seul marin dans l’ère moderne du Figaro, pour l’anecdote autre vainqueur de la Mini (tiens, tiens) : l’extraterrestre Yves Parlier. Cette dernière breloque symbolique pour amuser la galerie est valable aussi pour le 4e du classement général, Gildas Mahé. Le skipper du Comptoir Immobilier est en embuscade derrière le trio de tête, à 45 minutes de Desjoyeaux. Derrière lui ni l’ancien leader Fred Duthil (Distinxion, 5e à 1h08), ni Thomas Rouxel (Défi Mousquetaires, 6e à 1h41) n’ont dit leur dernier mot. Ce sera plus difficile pour Eric Drouglazet (Luisina), Jeanne Grégoire (Banque Populaire), Gildas Morvan (Cercle Vert) et le bizuth Vincent Biarnes (Côtes d’Armor) qui réalisent tous une très belle course en complétant la liste du Top Ten, mais accusent des retards compris entre deux et trois heures. 

80 secondes chez les bizuths

Chez les bizuths, la bataille est formidable elle aussi. Vincent Biarnes et Nicolas Lunven (Bostik) se disputent le leadership des débutants dans l’épreuve pour… 80 secondes ! Alors qu’il avait écopé de 2h de pénalité au départ de Brest pour départ anticipé sous pavillon Z, Biarnes a réussi à faire annuler cette sanction auprès du jury international. En grand gentleman, Nicolas Lunven a réagi : « sportivement, c’est mieux, car Vincent est revenu pour passer la ligne et ça aurait été très sévère de prendre deux heures pour cela ». Chapeau bas pour Nicolas. Et pour Aymeric Belloir (Cap 56) qui s’apprête à défendre becs et ongles sa très belle troisième place à ce classement des débutants dans l’épreuve où on ne l’attendait pas à pareille fête. Aymeric Belloir devance pour le moment des marins bien plus connus que lui : le pilote de multicoques Thierry Duprey du Vorsent (Domaine du Mont d’Arbois) et les deux régatiers de haut vol que sont Frédéric Rivet (Novotel Caen) et Jean-Pierre Nicol (Gavottes). Tout se jouera entre ces six-là chez les rookies pour un match dans le match palpitant. Avec une relève de ce niveau, La Solitaire a de belles années devant elle. Voilà pour les comptes. Sachant que ceux qui n’ont plus rien à perdre seront forcément dangereux, puisque pouvant attaquer de toutes parts. Sachant que les courses ne sont jamais sur l’eau telles qu’on les imagine à terre. Sachant encore que quoiqu’il arrive il faudra féliciter 50 marins, pas seulement trois, dans le chenal des Sables d’Olonne.

Hier soir dans les bars à tapas de La Corogne, il y eut de belles phrases. De grands moments de rigolade et de fraternité des gens de mer. On s’est chambrés gentiment les uns les autres. Antonio-Pedro Da Cruz (Baïko) a reçu le non officiel et totalement improvisé prix Saint-Lys Radio pour sa VHF surpuissante qui a fait de lui un relais incroyable entre concurrents dans la furie de cette troisième étape : « j’étais le seul à capter tout et à pouvoir émettre vers tout le monde, alors j’ai fait le petit standardiste ! » Eclats de rires. On s’est claqué les pognes entre vainqueurs et battus. On s’est promis une belle fête finale aux Sables d’Olonne, chez Jimmy Le Baut (Port Olona-Arrimer, 49e à 30 h) qui sera forcément capitaine de soirée, là bas, du côté de La Chaume. Où l’on dit joliment d’un accent inimitable que « les marins vont tellement loin en mer qu’ils sortent de la géographie ». Mais avant cela, il y a une dernière manche à courir. Un quatrième temps fort pour élargir encore un peu plus le sourire désarmant du directeur de course Jacques Caraës, lui aussi en train de réussir son bizuthage. Départ dimanche à15h.

Echos des pontons

Résultat des 30 cas examinés par le Jury

Plus de la moitié de ces 30 cas concernait des problèmes de plombages arrachés. Le jury a estimé que compte tenu des conditions de navigation dans cette troisième étape, la pénalité maximum de 2 minutes par tranche de 100 milles, devait être ramenée à 10 secondes. Ainsi, les 18 bateaux concernés ont pris des pénalités en temps comprises entre 1 et 4 minutes maximum, qui ne modifient pas grand chose au classement général provisoire. Le vainqueur de l’étape Corentin Douguet (E. Leclerc Bouygues Telecom) écope de 4 minutes et le troisième Michel Desjoyeaux (Foncia) de 3 minutes, ce qui profite à Nicolas Troussel (Financo) qui voit son prédécesseur se rapprocher et son plus proche poursuivant s’éloigner. Cinq autres cas concernaient des pertes de mouillage lorsque certains concurrents ont jeté l’ancre dans le Raz de Sein. La bonne fois des coureurs a été retenue par le jury qui n’a octroyé aucune pénalité. Bertrand de Broc (Les Mousquetaires) et Pietro D’Ali (Kappa) n’avaient quant à eux pas passé correctement la ligne d’arrivée de La Corogne. Le fort trafic sur zone (pêcheurs et cargo) et la présence de plusieurs gyrophares, outre celui du Comité de Course, auraient induit les deux coureurs en erreur. Les voilà blanchis. Enfin, l’instruction qui a eu le plus d’effet sur le classement est la réclamation de Vincent Biarnes. Ce dernier devait théoriquement être pénalisé de deux heures après avoir pris un départ anticipé à Brest sous pavillon Z. Mais le skipper de Côtes d’Armor a eu gain de cause en évoquant de possibles erreurs de visées sur la ligne… Il récupère ses deux heures et retrouve sa place de 1er bizuth (et 11e au général).

Remise des Prix

Le très chic Real Club Nautico de A Coruña accueille, ce vendredi à 19h, la remise des prix de la 3ème étape Brest-La Corogne. Une réception très attendue puisque le classement a sensiblement évolué suite à de nombreuses réclamations (30), pour la plupart liées à des plombs qui ont sauté lors de cette difficile étape. Ce sont vu remettre le prix du classement d’étape Afflelou : Corentin Douguet (E.Leclerc/Bouygues Telecom) 1er, Nicolas Troussel (Financo) 2ème ,qui reçoit également le Prix Argos de la meilleure progression et Michel Desjoyeaux (Foncia) 3eme et détenteur du prix de la bouée Radio France. Le Grand Prix Suzuki revient à Jean-Pierre Nicol (Gavottes). Quant au Prix Bénéteau des bizuths, il revient au jeune Nicolas Lunven (Bostik).

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Grands écarts au classement

Corentin Douguet
DR

Les yeux rougis d’épuisement, la tête pleine de ces 36 dernières heures de navigation extrême, les oreilles bourdonnant encore du vacarme assourdissant du bateau qui retombe dans les vagues, les muscles engourdis par les changements de voile incessants ou simplement pour avoir, des heures durant, maintenu l’équilibre des corps malmenés, les nerfs à vif d’avoir attendu une bascule aléatoire, raté une stratégie, navigué seul en aveugle, sans connaître la position des concurrents, les premiers solitaires sont arrivés à La Corogne. L’un après l’autre, très doucement. Corentin Douguet, le grand vainqueur de l’étape, étonné de sa propre performance, est le premier à révéler la dureté de ces dernières heures de remontée épique dans le golfe de Gascogne, de celles qui font se demander aux plus aguerris « mais que suis-je venu faire dans cette galère? ».

Superbe victoire de Douguet, Desjoyeaux leader au classement général provisoire
A 23h 39 minutes et 45 secondes, le skipper de E.Leclerc/Bouygues Telecom passait la ligne d’arrivée en triomphateur, 28 minutes devant Nicolas Troussel (Financo) et presque 49 minutes devant Michel Desjoyeaux (Foncia). A La Corogne, les écarts sont tels avec les poursuivants, que ce trio de tête se retrouve confortablement installé sur le podium du classement général provisoire. Grâce à sa régularité à toute épreuve (3e, 1er et 3e sur les trois étapes), Mich’ Desj’, déjà deux fois vainqueur de La Solitaire, détrône l’ancien leader Frédéric Duthil (Distinxion), arrivé 8e avec 2h12 de retard. Desjoyeaux prend donc la tête du classement général devant Douguet et Troussel. Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier) lui aussi très constant depuis le départ de Caen, termine quatrième en Espagne… Une position qu’il maintient également au général.

Double peine 

Ce parcours de 560 milles entre Brest et la pointe nord-ouest de l’Espagne a été une succession de cas d’école. Après un passage délicat au raz de Sein (mouillage pour certains), un grand bord très tactique au portant jusqu’à l’embouchure de la Gironde, puis une phase de calme plat, les solitaires retiendront un final dur et sublime dans la brise, au beau milieu du golfe de Gascogne. Pour nombre d’entre eux qui ont souffert, cassé du matériel, terminé à bout de force, c’est un peu la double peine. Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs) qui occupait jusque-là la troisième marche du podium provisoire, paye un très lourd tribut sur cette étape puisqu’il termine à plus de 4 heures du vainqueur…. Il n’est pas le seul parmi les favoris à voir ses chances réduites pour l’accès à une place d’honneur cette année. Gildas Morvan (Cercle Vert), 10e, accuse à l’arrivée 2h28 de retard, Gérald Véniard (Scutum) n’en revenait pas d’avoir pris « 3h28 dans la vue », à peine un quart d’heure de moins que Thierry Chabagny (Brossard). Ce baptême du feu n’a pas été pour déplaire en revanche à Nicolas Lunven (Bostik) qui termine en Espagne 9e et 1er bizuth, 14 minutes devant un autre rookie Vincent Biarnes (Côtes d’Armor). A noter également la belle performance d’Eric Drouglazet (Luisina), Thomas Rouxel (Défi Mousquetaire) et Jeanne Grégoire (Banque Populaire). Bien que distancés en temps, ces trois-là, respectivement 5e, 6e et 7e ont réalisé une excellente fin de course.

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Corentin Douguet : ” J’ai tout à gagner ! “

Corentin Douguet La Corogne
DR

A partir de quel moment avez-vous pensé à la victoire ?

" En fait, j’ai commencé à comprendre que j’étais peut-être en train de faire un truc au pointage de 17 heures, hier. Jusque-là et depuis plus de 30 heures, je pensais juste à naviguer en bon marin, à nous ramener entier, moi et le bateau. Et quand j’ai entendu que j’étais 33e, j’en ai déduit qu’ils avaient tous, ou presque, déjà viré, j’étais tout seul bâbord. J’ai continué à l’ouest et j’ai viré où j’avais prévu de le faire. On savait qu’une des clefs de cette étape résidait dans le fait de trouver le bon timing lors de la bascule au nord ouest, manifestement, je l’ai trouvé. Deux heures plus tard, j’étais 18e et ensuite, je savais que j’allais continuer de passer des bateaux, mon angle étant meilleur. Quand j’ai entendu que j’étais en deuxième position et que c’était "Bostik" le premier, vu qu’il était à l’est, je me suis autorisé à croire que c’était bon. J’ai mal partout, comme tout le monde, un peu moins sûrement, parce que je l’ai claquée et bien claquée. Elle est vraiment belle celle-là ! "

Et pour cause, vous êtes en effet tous unanimes, cette étape a été un enfer…

" Il y avait une mer dégueulasse et on s’est vraiment fait mal. J’ai eu un moment d’hésitation parce que c’était terriblement dur. Ce n’était pas tant le vent, il y avait 45 nœuds, mais c’était la mer qui était super violente et croisée. Je me suis servi de la longe de harnais pour faire une ceinture et ne pas me faire éjecter du poste de barre. Avec la fatigue, on s’endort un peu et si une vague arrive, on peut se faire éjecter à travers le cockpit et se retrouver avec un chandelier en travers de la bouche… Il y a un moment où je me suis dit : faut juste naviguer en bon marin et ne pas se prendre la tête avec la performance pure, parce qu’en ce qui me concernait, ce n’était plus possible. Ce n’est pas raisonnable de nous envoyer là-dedans. Ce sont des petits bateaux quand même, la régate c’est un jeu, du sport, pas l’enfer. Un moment, j’ai vu que j’étais pile poil entre la maison et La Corogne. J’ai failli rentrer, au portant peinard. Et puis, j’ai regardé la photo de mon fils, j’ai pensé à Marine, ma femme, qui m’attendait à La Corogne et je me suis dit que ce serait ballot de rentrer en Bretagne, alors qu’elle était en Espagne. Alors, j’ai remis du charbon… "

Alors qu’il ne reste plus une étape, vous occupez désormais la 2e place au classement général à 8 minutes et 13 secondes de retard sur Michel Desjoyeaux. Vous pensez à la victoire ?

" Il est immense ce Michel Desjoyeaux, il est bon partout, dans tous les compartiments du jeu. C’est la première fois que je navigue contre lui et je suis impressionné par le niveau du bonhomme. Du coup, je me sens mieux derrière que devant lui parce qu’il est venu pour gagner la course, moi je voulais faire un podium sur une étape. J’ai atteint mon objectif, aujourd’hui, j’ai tout à gagner et lui, tout à perdre ".

Propos recueillis par
Perrine Vangilve

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