Pour comprendre le Moth, il faut d’abord revenir en arrière. A ses origines. Il est apparu en Australie en 1928. Huit ans plus tard sur les plans d’eau français. Ensuite, c’est surtout le Moth Europe qui a permis à de nombreux régatiers de se distinguer. "Mais le Moth, c’est surtout une jauge à l’intérieure de laquelle, on peut faire ce qu’on veut : à condition de respecter la longueur maxi de 11 pieds (3,35 m), la largeur de 2,25 m, la surface de voile de 8 m² maxi, la hauteur de mât (6,25 m) et l’obligation d’avoir deux caissons indépendants et étanches. Du coup, le bateau est en constante évolution", explique Nicolas Bessec, président de l’IMCA, association française de Moth à foils.
8-10 nœuds
pour décoller
Grâce à cette jauge à restrictions mais ouverte aux développements, ces petits dériveurs n’ont cessé d’évoluer au fil des ans. Jusqu’à devenir au début des années 2000, des bateaux volants : coque et ailes en carbone, voile à cambers, foil sur le safran pour éviter l’enfournement. Aussi rapide et impressionnant sur l’eau qu’instable sans l’aide d’Eole, le Moth à foils possède une coque étroite (30 cm de large). Avec un poids total de 30-35 kg (soit deux à trois fois plus léger que le barreur), ce bateau ressemble à une libellule qui a juste besoin de 8-10 nœuds de vent pour déjauger. "Il y a une vingtaine de pratiquants en France. En Bretagne, le développement se fait par le biais de Breizh Skiff. Notre but est de faire connaître le Moth à foils dont la fabrication se limite à cinq ou six unités construites dans des garages", ajoute Nicolas Bessec qui, depuis un an et demi, n’hésite pas à aller se frotter aux meilleurs spécialistes sur le circuit mondial.
"Il faut de la
persévérance"
Hier, ce Malouin de 25 ans, titulaire d’un MAI (Master Achat International), a fait la promotion de son bateau préféré en baie de Morlaix. Aujourd’hui, il sera au Moulin-Blanc à Brest. Où un certain Eric Drouglazet, actuellement en escale sur la Solitaire Afflelou – Le Figaro, viendra peut-être admirer son show : "Sébastien Josse, qui en avait essayé un à Melbourne pendant la Volvo Ocean Race, m’en avait ramené un : c’est le Moth du vice-champion du monde", explique le Névezien. On ne serait pas non plus surpris que le Forestois Michel Desjoyeaux vienne poser son regard de technicien sur le "petit-frère de l’Hydroptère", capable de pointes de vitesse à plus de 25 nœuds. "Si la conduite du Moth à foils est facile ? Oui, à condition d’avoir le sens de l’équilibre, d’avoir déjà touché au dériveur, de faire preuve de persévérance, avoue Bessec. Il faut un peu de pratique et un bon professeur. Mais franchement, on y arrive".
Philippe Eliès / Le Télégramme
Le "Sphynx Colibri" made in Plougasnou
Ils sont deux architectes, aiment ce qui va vite sur et surtout au-dessus de l’eau et ne rêvent que d’une chose : construire un prototype dans le but de produire ensuite des Moth à foils en série. Le Morlaisien Tristan Pouliquen et le Pornichetain Olivier Gouard ont déjà commencé la construction du "Sphynx Colibri" (ndlr : petit papillon diurne dont le vol est vif et rapide) dans un chantier à Plougasnou. "On a vraiment envie d’implanter ce type de bateau ici en France".
Le premier proto pourrait être mis à l’eau en octobre prochain, "le but étant, bien sûr, d’en produire d’autres derrière". Le prix de ce Moth à foils oscille entre 11.000 et 13.000 euros.