Les navigateurs sont en contact régulier avec Jean Maurel, directeur de course de la Transat Jacques Vabre, et ont fait état de dommages importants au niveau du roof, ayant occasionné une entrée d’eau. Le MRCC coordone les opérations avec le Direction de course et l’équipe technique de BT, de manière à assurer le sauvetage des skippers. Le MRCC Falmouth a confirmé que le RCC des Açores venait d’envoyer un hélicoptère et un navire de la Marine sur zone, tout en diffusant une alerte par satellite à tous les navires susceptibles de porter assistance. Sébastien Josse et Jean-François Cuzon sont actuellement 210 milles au Nord des Açores, par 42 10º N – 27 50º W.
Groupama 3 ralenti au large du Brésil
« Il faut savoir manger son pain noir avant de goûter au pain blanc ». L’adage vaut pour bien des situations et sur un tour du monde de 24 530 milles (parcours le plus court), il y a forcément des zones de transition entre les grands systèmes météorologiques. Passer d’un anticyclone de Sainte-Hélène à une dépression brésilienne ne se déroule pas toujours comme une lettre à la poste… C’est le cas ce vendredi matin pour Groupama 3 qui se voit contraint d’obliquer vers le Sud-Sud Ouest pour traverser au plus vite cette dorsale dont il devrait sortir en fin de nuit prochaine. L’avance de 715 milles sur le temps de référence de Bruno Peyron va donc fondre comme glace au carnaval de Rio de Janeiro, mais c’est pour mieux danser la samba dès samedi avec la dépression qui va fuser vers les Quarantièmes Rugissants…
Ralentissement temporaire
« Le vent commence à mollir par à-coups en bordure Nord de la dorsale Nord-Ouest issue de l’anticyclone de Sainte Hélène. La phase d’entrée dans la dorsale va durer toute la journée de vendredi. La vitesse moyenne va continuer de diminuer lentement en fluctuant, puis ce sera la traversée de la dorsale la nuit prochaine avec une trajectoire vers le Sud dans des vents très faibles et des grains orageux (comme un petit Pot au Noir) : une zone de convergence quasi-permanente au large de Rio de Janeiro. Cette traversée sera lente et l’écart avec Orange 2 va "fondre". L’objectif est de prendre le virage à gauche samedi après-midi. La réduction de l’avance s’arrêtera samedi soir, » précisait Sylvain Mondon de Météo France ce vendredi matin.
Cette petite « pause » n’est pas pour plaire à Franck Cammas et ses neuf équipiers, mais elle leur permettra certainement de faire un check-up complet du bateau, en particulier du gréement, sur une mer adoucie et sous les températures printanières des tropiques. Car il n’y a pas péril en la demeure ! La perte sèche ne devrait pas excéder quelques heures et Groupama 3 devrait aligner ensuite des journées aussi productives que Orange 2 en 2005 qui avait été particulièrement véloce sur cette tranche de parcours.
Dernières heures de course
Le trio de tête de la Solidaire du Chocolat évolue toujours dans un flux de secteur Nord qui devrait cependant faiblir sensiblement dans la journée en s’orientant à l’Est. Telecom Italia et Cheminées Poujoulat pourraient même vivre une fin de course au ralenti et chargée de suspens ! Les deux duos n’étant qu’à une quinzaine de milles l’un de l’autre, une risée que l’autre n’a pas, et cet écart peut passer du double… à néant.
Pétole et stratégie
Malgré les faibles brises qui sévissent au Nord de la Jamaïque et au Sud de Cuba, les quatre concurents sur zone : Seguin/Tripon (Cargill-MTTM) 4e, Wright/Brennan (Palanad 2) 5e, Cubilos/Bravo Silva (Desafio Cabo de Hornos) 6e et Harding/Merron (40 Degrees) 7e affichent des vitesses moyennes très honorables autour de 7 à 8 nœuds. « Petit temps au Sud d’Haiti, 6-8 nds ENE, courant avec nous, heureusement », écrivait Miranda Merron hier.
Dans la journée, les nantais et le couple britannico-australien devraient accélérer tandis que le duo chilien et la paire britannique risquent fort de passer par la case « pétole ».
Afin d’éviter ce passage à vide, le duo de groupe Picoty confirme son option Sud, risquée mais intéressante : « cela nous rallonge la route, il y aura une bulle à gérer cet après midi, mais nous aurons ensuite un meilleur angle de vent et du courant porteur… », précise Jean-Edouard Criquioche.
Sur la partie Sud Est de la Mer des Caraïbes, l’alizé et son flux – presque – régulier de secteur Est devrait pousser le reste de la flotte de la Solidaire du Chocolat sur une route directe. Pas de gros coup de mou ni de vrai coup frein prévus pour ces six concurrents là. Malgré des orages nocturnes persistants mais peu violents, ils devraient pouvoir filer à 8-9 nœuds sur une route directe et déguster ces derniers jours de course.
Classement de 5 h (heure française)
1 Initiatives – Novedia Tanguy De Lamotte/Adrien Hardy à 178,18 milles de l’arrivée
2 Telecom Italia Giovanni Soldini/Pietro D’Ali à 128,19 milles
3 Cheminées Poujoulat Bruno Jourdren/Bernard Stamm à 143,51 milles
4 Cargill-MTTM Damien Seguin/Armel Tripon à 389,67 milles
5 Palanad 2 Tim Wright/Nicko Brennan à 466,04 milles
En pleine tempête
Depuis la mer, les nouvelles se font rares et les claviers ont du être fort chahutés ces dernières heures, rendant l’écriture de messages difficile, voire impossible. Les voix trahissent l’angoisse persistante pour le matériel et la bande son ne cache rien du chaos qui domine à l’extérieur. Du Nord au Sud, si l’intensité du phénomène varie, une constante s’impose, celle d’un passage violent. La faute à cette dépression qui s’étire en longueur et distille à coup de ruades ses effets dévastateurs. Pour l’heure, les duos tiennent le choc sous voilure réduite et jouent la sécurité, pour eux-mêmes et pour les machines. Ainsi, on évite de s’aventurer trop longtemps sur le pont et on confie la trajectoire à un pilote devenu pour un temps plus qu’un simple instrument de bord. Dans des espaces confinés, à l’intérieur de ces bêtes de course, les marins tentent de se ménager un minimum de confort et de repos. Mais la tâche n’est pas aisée tant les ventres de carbone répercutent et amplifient le moindre des bruits. Autant dire qu’avec des vents avoisinant les 50 nœuds et une mer sacrément désordonnée, le niveau sonore est assourdissant.
En proie à ces conditions météo depuis minuit, la flotte devrait sortir de cet enfer à la mi-journée. Il sera alors peut-être l’heure d’un premier bilan sur les options engagées ces derniers jours. Qui des sudistes, emmenés notamment par le duo Desjoyeaux-Beyou, partisans d’un contournement de la tempête, des centristes, qui trouvent aujourd’hui grâce aux yeux du classement, ou enfin des nordistes, aura eu raison ? Reste que depuis hier, la flotte est placée sous le commandement de Marc Guillemot et Charles Caudrelier Bénac en Imoca. Du concurrent le plus au Nord, Hugo Boss, à celui le plus au Sud, Foncia, la convergence est en marche et si tous sont actuellement soumis au même grand chambardement, gageons que la course n’a pas non plus perdu ses droits.
Chez les Multi50 aussi on souffre pour les machines. Leader bien installé dans son fauteuil, Franck-Yves Escoffier joue les bascules et se félicite de la robustesse de son Crêpes Whaou ! en rêvant à des heures plus heureuses et au portant. En mer, pour tous, les préoccupations sont les mêmes et à terre, on retient son souffle en souhaitant une sortie sans encombre.
Ils ont dit:
Kito de Pavant – Groupe Bel – 4ème au classement Imoca de 5h
« On carbure ici, on a entre 45 et 50 nœuds, ça secoue, mais ça se passe pas trop mal. On s’attendait à ça de toute façon, ça fait quelques jours qu’on essaie de trouver une porte de sortie mais finalement je crois qu’il n’y en a pas ! On a essayé de traverser là où c’était le plus sage, mais je ne suis pas sûr qu’on ait réussi ! On va avoir ces conditions pendant quelques heures, mais après ça devrait se calmer. Le vent devrait mollir mais par contre la mer va être de plus en plus grosse et de plus en plus forte. Nos conditions, pour résumer, c’est du vent et une mer dure qui cogne. Ca fait beaucoup de bruit. Côté toile on est sous 3 ris ORC. »
Franck-Yves Escoffier – Crêpes Whaou ! – 1er au classement Multi50 de 5h
« C’est la guerre ici… Il ne fait pas beau, on est passé sous trois ris grand voile il y a une demi-heure parce qu’on allait trop vite, on joue la bascule, on n’y voit rien ! Il n’y a pas assez de vent pour la grand voile, c’est difficile de trouver le bon compromis. On n’avance pas vite. Les conditions c’est 35/40 nœuds de vent et entre 3 et 4 mètres de creux. C’est certainement moins fort que ce que les autres ont dans le nord, c’est d’ailleurs bien pour ça qu’on a décidé de faire du sud ! On est sous pilote, on en profite pour charger les batteries, comme ça on sera prêt quand on pourra envoyer la bulle. Le plus désagréable dans ces conditions c’est pour le bateau, les atterrissages sont vraiment très brutaux. La mécanique a moins de résistance que l’être humain ! »
Jean-François Cuzon BT – 2ème au classement Imoca de 5h
« Les conditions sont très difficiles. Depuis minuit on a entre 35 et 50 nœuds. C’est sport, c’est l’horreur, c’est vraiment impressionnant…. On essaie de préserver le bateau tant qu’on peut. La mer est forte mais l’allure ne l’est pas donc ça va. Le plus impressionnant ce sont les bourrasques, c’est très actif, le vent monte très rapidement et bascule, c’est ça qui est très difficile en fait. A priori on en a jusqu’a midi aujourd’hui puis ca devrait mollir. Ha tiens là on a 53 nœuds de vent…. D’ailleurs il faut que je vous laisse là. »
Classement de 8 h
Monocoques
1 SAFRAN Marc Guillemot – Charles Caudrelier Benac à 3525,0 milles de l’arrivée
2 BT Sébastien Josse – Jean François Cuzon à 18,6 milles
3 MIKE GOLDING YACHT RACING Mike Golding – Javier Sanso à 39,4 milles
Multicoques
1 CRÊPES WHAOU ! Franck Yves Escoffier – Erwan Leroux à 3996.9 milles
2 REGION AQUITAINE-PORT MEDOC Lalou Roucayrol – Amaiur Alfaro à 183,9 milles
3 GUYADER POUR URGENCE CLIMATIQUE Victorien Erussard – Loic Fecquet à 320,2 milles
Safran prend les commandes
Malgré les bobos, les petits soucis techniques inévitables quand on affronte depuis plusieurs jours du gros temps, les concurrents sentent bien qu’une première phase est en train de se terminer. Pas de certitude absolue, mais certains se plaisent à croire qu’ils ont peut-être pris un coup d’avance sur quelques uns de leurs plus sérieux adversaires. Evidemment, bien des regards convergent vers l’équipage de Foncia : Michel Desjoyeaux et Jérémie Beyou qui ont été les premiers des IMOCA à prendre la route du sud ont entrainé dans leur sillage avec un léger décalage quelques ténors parmi lesquels Vincent Riou et Arnaud Boissières (Akena Vérandas) ou bien encore Sydney Gavignet et Sam Davies (Artemis Ocean Racing). Et ils accusent aujourd’hui plus de deux cents milles de retard sur Safran, le nouveau leader.
Les doutes s’installent
Et dans le petit groupe des méridionaux, le doute s’insinue. Le choix de cette route se justifiait par la volonté de préserver le matériel et les hommes plutôt que de venir tenter le diable… Une attitude qui tient autant à la recherche de performance qu’à cette volonté d’amener de l’autre côté de l’océan un voilier en bon état. Mais au final, les conditions près du centre de la dépression semblent avoir été moins rudes que prévues. Les jugements sont cependant faciles quand on observe de terre les routes de ces navigateurs, en oubliant la réalité de la vie quotidienne à bord. Car si peu se plaignent, nombre de marins finissent par dévoiler les tracas qui les assaillent. Avarie de têtière de grand-voile pour Artemis et chute dans le bateau pour Sam Davies qui se devait de reprendre quelques forces, perte de la girouette pour Aviva, moteur noyé pour 1876, la traversée de l’Atlantique n’a rien d’une partie de plaisir.
Pour autant, les hommes du centre aimeraient bien voir se décanter la situation plus rapidement. François Gabart (Groupe Bel), tout en étant satisfait de la position médiane de l’équipage qu’il forme avec Kito de Pavant remarquait, néanmoins, que les hommes du sud n’avaient pas été freinés autant qu’il l’avait espéré. Quand la fatigue physique commence à se faire sentir, on aimerait pouvoir glaner quelques certitudes supplémentaires quant à ses choix de route. Le jeu reste toujours ouvert si l’on considère que depuis le début de la course, on a déjà assisté à quatre changements de leader en autant de jours, ce qui témoigne bien de l’âpreté de la bataille.
Multi50 : tous derrière et lui devant
Chez les Multi50, la bataille pour la première place risque de tourner court tant la domination de Crêpes Whaou ! est évidente. Lalou Roucayrol (Région Aquitaine Port-Médoc) qui, hier encore, tenait la dragée haute à Franck-Yves Escoffier et Erwan Le Roux, a dû en rabattre après plusieurs heures passées à la cape. Un fort coup de vent avec rafales et un petit état de forme de son équipier Amaiur Alfarao ont incité l’équipage aquitain à choisir la voie de la sagesse. Prince de Bretagne est arrivé à Vigo où Christophe Dietsch et Hervé Cléris ont effectué une réparation express ; les deux navigateurs attendent maintenant la bonne fenêtre météo pour repartir. FenetreA Cardinal, quant à lui, a décidé d’arrêter sa course à Lorient. Alain Maignan et Nicole Harel ont été confrontés au même dilemme qu’Armel Le Cléac’h et Nicolas Troussel (Brit Air) hier au soir… En prenant cette décision de bon sens, ces quatre navigateurs prouvent qu’au delà de l’esprit de compétition, le sens marin domine toujours.
Ils ont dit :
François Gabart Groupe Bel, 5ème au classement IMOCA
«Ça se passe plutôt bien : les conditions météo ne sont pas faciles car il y a beaucoup de vent. Mais la vache a le sourire et nous l’avons aussi… Pour ce qui concerne les décisions à bord nous avons l’opportunité de prendre notre temps. Nous discutons donc beaucoup : nous sommes sur un bateau et nous pouvons en effet nous permettre de prendre des décisions sans contrainte de temps. Kito connaît le bateau beaucoup mieux que moi et il est instinctif ; moi j’ai plutôt un esprit analytique. On est complémentaires et ça se passe bien entre nous. »
Erwan Le Roux, Crêpes Whaou !, 1er au classement Multi50
« Aujourd’hui les conditions ne sont plus aussi difficiles que les autres jours : je dirais que c’est même agréable. Le matériel est à sécher, on a sorti les panneaux solaires et on a même réussi à vérifier le matériel. On a passé en revue aussi les bonhommes ! On a failli chavirer juste à côté de l’endroit où Yves Le Blevec et Jean le Cam ont eu leur accident. C’est vraiment dommage pour eux mais ce qui est important c’est qu’ils soient sains et saufs. »
Yves Parlier, 1876, 8ème au classement IMOCA
« On bricole dans le moteur parce qu’on a fait de la mayonnaise dans le moteur… Mais demain ça va repartir de plus belle ! Au départ on voulait partir au sud, mais ensuite on a décidé de prendre l’option nord et je pense qu’on a bien choisi. Je n’ai pas encore vraiment pris le temps de consulter les fichiers météo parce que je suis concentré sur les problèmes rencontrés avec le moteur mais je pense que le vent ne devrait pas changer d’orientation, comme prévu. On espère passer juste au-dessous de l’anticyclone et se faire conduire par les alizés au plus vite.»
Classement à 17 heures :
IMOCA 60
1 Safran (M Guillemot – C Caudrelier) à 3656 milles de l’arrivée
2 BT (S Josse – JF Cuzon) à 4,3 milles du premier
3 Mike Golding Yacht Racing (M Golding – J Sanso) à 24,4 milles du premier
4 Veolia Environnement (R Jourdain – JL Nélias) à 40,5 milles du premier
5 Groupe Bel (K de Pavant – F Gabart) à 40,8 milles du premier
Multi 50 :
1 Crêpes Whaou ! (FY Escoffier – E Le Roux) à 4114,7 milles de l’arrivée
2 Région Aquitaine Port-Médoc (Lalou Roucayrol – Amaiur Alfaro) à 144,1 milles du premier
3 Guyader pour Urgence Climatique (V Erussard – Loïc Féquet) à 217 milles du premier
Déception dans le camp français
Si le soleil brille toujours aussi généreusement sur la Baie des Anges, il rayonne beaucoup moins dans le cœur des marins français. Pour l’équipe de Bertrand Pacé (TFS-Pages Jaunes), le dernier match contre les Russes de Synergy leur offrait une dernière occasion de décrocher enfin une première victoire. Mais une certaine fébrilité dans cette nouvelle équipe tricolore peu entraînée s’est traduite par un mauvais départ et une incapacité à revenir dans le match. Dernier camouflet de la part d’Eole, le voilier français, fortement ralenti par le manque de vent, n’est pas parvenu à finir son match moins de cinq minutes après son adversaire, comme le veut le règlement. Cela ne change rien au résultat final mais les classe DNF (Did Not Finish) sur ce match alors qu’ils se sont battus jusqu’au bout.
La même déception s’affichait sur les visages des équipiers de l’équipe franco-allemande ALL4ONE. Pourtant mal partis, les hommes de Sébastien Col ont réussi à repasser devant grâce à un joli coup tactique dans le premier bord de près. Mais une erreur tactique au portant en abandonnant le marquage de leur adversaire a ouvert la porte aux Italiens d’Azzurra qui se sont précipités dedans. Cette cinquième défaite rétrograde ALL4ONE à la septième place du Round Robin.
A l’opposée, les Kiwis d’Emirates Team New Zealand poursuivent leur domination sans faille. Impassibles et impassables, les All Blacks de la voile se jouent de tous leurs adversaires successifs. Derniers en date, les Américains de BMW Oracle Racing qui n’ont pourtant pas grand-chose à se reprocher. Ils n’ont pu que constater la supériorité des Néo-Zélandais dans cette discipline. Dix minutes plus tôt, les équipiers de Paul Cayard et Terry Hutchinson, à bord d’Artemis, ont réussi l’exploit du jour en infligeant sa première défaite aux multiples champions olympiques qui garnissent la cellule arrière de Team Origin. Mais avec encore deux matchs à disputer, face aux deux premiers du classement provisoire, les Britanniques peuvent encore viser la première place de ce Round Robin.
Si les deux équipes françaises, qui ont disputé leurs sept matchs de ce premier Round, pourront se reposer et analyser leur performance vendredi avant d’attaquer la suite de la compétition, les six autres équipes n’ont pas encore fini cette première phase et aucune des six premières places n’est encore définitive. La journée de vendredi s’annonce donc décisive…
Résultats des matchs du jour
Artemis bat Team Origin par 45’’
Emirates Team New Zealand bat BMW Oracle Racing par 48’’
Synergy Russian Sailing Team bat TFS-Pages Jaunes : DNF
Azzurra bat ALL4ONE par 1’56’’’
Classement provisoire du Round Robin 1 après 6 jours
1) Emirates Team New Zealand, 6-0
2) Azzurra, 5-1
3) Team Origin, 4-1
4) Artemis, 3-3
5) BMW Oracle Racing, 2-3
6) Synergy Russian Sailing Team, 2-4
7) ALL4ONE, 2-5
8) TFS-Pages Jaunes, 0-7
Programme du vendredi 13 novembre
Artemis vs BMW Oracle Racing
Team Origin vs Emirates Team New Zealand
Team Origin vs Azzurra
BMW Oracle Racing vs Synergy Russian Sailing Team
de Lamotte et Hardy attendus ce vendredi à Progreso
Un front froid de passage sur le Golfe du Mexique s’autorise une intrusion inhabituelle en Mer des Caraïbes lors des 24 prochaines heures, annonce Richard Silvani de Météo France. Conséquence directe de cette nouvelle donne météo : la tête de flotte se retrouve au près et le gros des troupes est privé d’alizés !
Grogne et inquiétudes en tête de flotte
« On a commencé au près et on termine au près, la boucle est bouclée ! », lançait Bruno Jourdren (Cheminées Poujoulat) à la vacation du jour… Ce n’est pas de gaité de cœur que les coureurs ont rangés leurs spis la nuit dernière pour (vite) retrouver le désagréable régime du près : la gîte, le bateau qui cogne dans chaque vague, le gréement qui souffre.
Les italiens Giovanni Soldini et Pietro D’Ali (Telecom Italia) ont eux accueilli avec inquiétude ce retour forcé au mode « près ». La casse de leur barre d’étais (pièce qui tient le mât) lors du dernier coup de vent essuyé en Atlantique fait désormais figure d’épée de Damoclès pour le duo transalpin.
Seul point positif de cette nouvelle situation météo : le pilote automatique peut à nouveau prendre le relais à la barre, laissant un peu de répit aux skippers. « Au portant nous barrons tout le temps », précisait en effet Bruno Jourdren.
Un alizé qui fait « pshit » !
Deuxième conséquence du passage de ce front dépressionnaire sur les Grandes Antilles : l’essoufflement de l’alizé en Mer des Caraïbes. Damien Seguin et Armel Tripon (Cargill-MTTM) ont pâti de cette panne de vent pendant 24 heures. Piégés au cœur d’une bulle coincée entre Haïti, la Jamaïque et Cuba, les nantais se sont toutefois maintenus en 4e position à 70 milles devant Tim Wright et Nicko Brennan (Palanad 2). Ces deux concurrents ont réussi ce matin à s’extirper enfin de ce piège météo. Ils profitent désormais eux aussi du flux dépressionnaire pour gagner des milles vers le Golfe du Mexique. Mais, derrière eux, la bulle risque fort d’enfermer dans ses griffes molles les deux Class40 suivants : Felipe Cubilos/Daniel Bravo Silva (Desafio Cabo de Hornos) 6e et Peter Harding/ Miranda Merron (40 Degrees) 7e.
Sous le vent de la Jamaïque…
Cette situation stratégique n’a pas échappée à leurs poursuivants directs, les skippers de groupe Picoty, qui tentent, du coup, une option Sud. « Nous avions le choix de faire le petit train sans espoir de gagner des places, ou jouer un coup tactique : nous avons choisi !… Et si ça passe, il y a moyen de s’amuser ! », expliquait Jean-Edouard Criquioche à la vacation du jour.
Pour Erik Nigon et Marc Jouany sur Axa Atout cœur pour Aides et les cinq autres concurrents qui viennent de passer la porte des Antilles, la question d’une éventuelle option Sud ne devrait pas se poser. L’alizé souffle encore sur la moitié Sud de la Mer des Caraïbes et devrait se rétablir sur l’ensemble de la zone de course d’ici dimanche. Cette situation météo serait même favorable à un possible regroupement de la flotte…
Yves Ecarlat et Lionel Regnier (Vale Inco Nouvelle Calédonie) ont officialisé ce jeudi leur abandon. C’est le 11e depuis le début de l’épreuve. L’usure de leurs voiles et la perte de leurs deux spis ne leur permettent pas d’aller plus loin. Ils se dirigent vers Saint Martin aux Antilles et mettent tout en œuvre pour rallier Progreso par avion rapidement.
Attention mesdames et messieurs, ça va commencer !
…Et pendant ce temps, à terre, au Yucatan, c’est l’ébullition… « Il règne une joyeuse effervescence ici ! », commentait Bernard Duval, directeur de course, « les mexicains ont fait un travail considérable pour aménager la marina où nous sommes installés et où se dérouleront les nombreuses festivités prévues dans les jours à venir. ».
Le Yucatan est donc fin paré pour faire la fête aux vainqueurs de cette première édition de la Solidaire du Chocolat. Sauf coup de théâtre, Tanguy de Lamotte et Adrien Hardy (Initiatives Novedia) sont attendus demain en fin d’après-midi, heure locale à Progreso (soit en début de nuit en France), au Mexique. « La fête promet d’être belle et il en sera de même pour chacun des concurrents ! »
Groupama : une dépression à ne pas rater
La visio conférence organisée au PC Course parisien de Groupama n’a pu avoir lieu pour des raisons techniques dues à la transmission défaillante d’Inmarsat, mais Franck Cammas a pu participer à la vacation radio animée par Stanislas Grenapin qui recevait l’animateur météo Laurent Cabrol. Anticyclone, Pot au Noir, alizés, dépressions… le skipper de Groupama 3 a pu expliquer la situation dans laquelle il navigue depuis son passage de l’équateur en 5 jours quinze heures.
« Il fait beau avec quelques cumulus de beau temps, avec des alizés de travers mais un peu instables. Il faut manœuvrer assez souvent entre trinquette et solent parce que ça varie entre 14 et 22 nœuds… Nous sommes obligés de faire un grand tour autour de l’anticyclone de Sainte-Hélène : nous allons longer les côtes brésiliennes pendant deux jours pour gagner dans le Sud afin d’attraper une dépression qui se crée en ce moment sur le continent sud-américain. Elle nous poussera alors vers l’Est rapidement… Mais il ne faut pas la rater car il n’y a plus rien derrière ! Le rendez-vous est prévu pour samedi midi : après, ça va allumer… Pour l’instant, l’enchaînement est plutôt positif avec un anticyclone devant nous que la dépression va pousser : nous aurons une mer plate avec du vent portant ! » racontait le skipper de Groupama 3.
Alors que Jacques Caraës avait montré à ses co-équipiers avant le départ de Ouessant, où il habitait (à l’Aber Wrac’h), c’est au tour de Ronan Le Goff de passer devant sa maison brésilienne dans la baie de Bahia… Le trimaran géant suit en effet une route parallèle à la côte, prenant même un peu de Sud-Ouest dans son cap, pour descendre le plus vite possible vers le 22° Sud. En fait, en raison d’une situation météorologique différente, Groupama 3 se positionne environ 200 milles plus à l’Ouest que la route du détenteur du Trophée Jules. Un différentiel lié à un passage de l’équateur plus à l’Ouest (par 30° W contre 26° pour Orange 2) mais aussi parce que la priorité actuelle n’est pas de se rapprocher tout de suite de la route directe mais bien de se placer devant le front froid brésilien.
De fait, les routes des deux multicoques à quatre ans d’écart sont assez similaires depuis le Pot au Noir, et les vitesses sont identiques ce qui maintient la stabilité de l’avance de Groupama 3 (680 milles) depuis deux jours. À la vue des conditions météorologiques annoncées, Franck Cammas et ses neuf équipiers vont obliquer vers le cap de Bonne-Espérance approximativement sur la même latitude que Bruno Peyron en 2005 (22° Sud) : cette grande courbe vers l’océan Indien va surtout déterminer à quelle latitude vont débuter les longs surfs autour de l’Antarctique : il y a en effet plus de 9 000 milles à parcourir ensuite dans les Quarantièmes Rugissants !
Francis Joyon signe un premier temps de référence entre la France et l’île Maurice
Acte 1 : l’équateur en une semaine
Inventeur de ce nouveau record de demi-fond au format original « entre le sprint d’une transat et le marathon d’un tour du monde », le solitaire Francis Joyon s’élance de Port louis le samedi 17 octobre à 12h, 50 minutes et 16 secondes. Objectif : rallier l’autre Port Louis, celui de l’île Maurice dans l’océan Indien, en « environ 25 jours ». La fenêtre météo est très réduite, puisqu’il faut partir très tôt pour éviter d’arriver dans l’Indien au moment de formation des cyclones. Avec son fidèle routeur Jean-Yves Bernot, Francis Joyon décide donc de sauter sur la première fenêtre météo exploitable. Une stratégie payante dans la première semaine de course, où il parvient à enchaîner des journées à 500 milles parcourus. Le 22 octobre, à son 5e jour de mer, IDEC a touché l’alizé et empanne vers un Pot au noir heureusement pas trop actif. L’équateur est atteint le dimanche 25 octobre à 16h57, en 8 jours, 5 heures et 7 minutes, soit dans le timing de « plus ou moins une semaine » imaginé par Francis Joyon à son départ.
Acte 2 : Bonne Espérance en 17 jours
L’Atlantique Sud est une autre paire de manches. L’anticyclone de Sante-Hélène, comme souvent, barre la route mais il est positionné très ouest et il n’y a pas d’autre choix que le contourner par la droite. Il faut donc faire le grand tour et IDEC est contraint d’aller flirter avec le Brésil, qu’il approchera à moins de 300 milles pour conserver une vitesse satisfaisante. Cette parabole dans l’Atlantique Sud est exigeante pour le marin et le bateau, menés à fond d’abord, puis freinés par des zones de calme dans lesquelles il faut se battre et beaucoup manœuvrer avant la récompense : les grands vents d’ouest. Le 2 novembre, Joyon peut se retourner sur des journées à haute vitesse, le speedomètre d’IDEC indiquant régulièrement 30 noeuds, mais il doit aussi composer avec un paradoxe : il va plus vite que la dépression qui le propulse en bordure des Quarantièmes Rugissants… « quand je la dépasse, elle devient moins active et je ralentis » explique-t-il. Il faut se battre, aller chercher le vent, jouer les angles… et signer deux journées extraordinaires à 580 milles parcourus ! Tant et si bien qu’IDEC franchit la latitude du cap de Bonne Espérance le mercredi 4 novembre à 3h24, soit 17 jours, 14 heures et 34 minutes après son départ de France. Déjà, le Record France – île Maurice fait savoir qu’il se mérite.
Acte 3 : trop calme Indien
Emmené par sa trajectoire dans l’Atlantique Sud et barré par le fort courant des Aiguilles qui interdit une route proche de la pointe de l’Afrique, IDEC doit descendre très « bas » – jusqu’à 45 degrés de latitude sud ! – pour entamer sa remontée dans l’océan Indien. « Je ne savais plus très bien si j’allais à l’île Maurice ou aux Kerguelen ! » plaisante Francis, toujours aussi serein, alors que le marin et le bateau ont pourtant déjà beaucoup donné pour gagner ces parages en moins de trois semaines, d’ailleurs sur une trajectoire qui n’est pas sans rappeler son exploit autour du monde de 2008. Au 20e jour de mer, tout va encore très bien pour Francis Joyon… sauf qu’une zone de hautes pressions – par définition totalement incongrue dans les Quarantièmes Rugissants – va lui barrer la route. Grande houle et pas de vent ! Dans les Quarantièmes ! Cette bizarrerie va être un véritable enfer pendant deux jours pour Francis Joyon : de la houle, pas de vent, des voiles qui claquent et des manœuvres incessantes à la recherche du moindre souffle d’air… Francis vit « les deux journées les plus lentes de ma carrière de marin ». Une expérience hors du temps, usante, mais qu’il finira par surmonter en pouvant enfin remonter vers le nord et l’île Maurice à des vitesses de nouveau raisonnables… le tout au prix d’un engagement incessant, du vent contraire à la route se levant… puis s’évanouissant encore dans les 700 derniers milles. Jusqu’au bout il faudra se battre et se battre encore !
Acte 4 : le premier temps de référence est signé !
Au terme d’une dernière semaine de course très éprouvante, Francis Joyon finit par gagner l’île Maurice comme une délivrance, signant ainsi le premier temps de référence de la « Mauricienne »… chrono qui ne demande qu’à être amélioré. Le jeudi 12 novembre, à 16 h 03 minutes et 45 secondes (19h 03 mn et 45 s à Maurice), le grand trimaran rouge coupe la ligne d’arrivée devant Port Louis, à Maurice, en 26 jours 4 heures 13 minutes et 29 secondes, à la moyenne sur la route de 16,40 noeuds. Il a parcouru plus de 10 000 milles nautiques effectivement sur l’eau, soit 2000 de plus que la route théorique. Mais dans le sillage des découvreurs de la route des Indes, le colosse de Locmariaquer n’a pas craqué, pas le genre de la maison Joyon. Il est allé au bout de sa nouvelle aventure, à peine au-delà du timing de 25 jours qu’il imaginait au départ de France. Surtout, de nouveau, Francis Joyon a su transmettre avec passion, humanité et douceur ses aventures, son bonheur d’être en mer… et son courage dans l’adversité. Ce nouveau parcours ne lui a pas fait de cadeau. La météo n’a pas été vraiment bonne fille avec le pilote du grand trimaran IDEC. Mais la route est désormais ouverte !
Ce nouveau parcours entre au Championnat du Monde des Records
Une fois validé par le WSSRC (World Sailing Speed Record Council), l’organisme international d’homologation des records à la voile, ce nouveau parcours entre Port Louis en France et Port Louis capitale de l’île Maurice entrera au programme du Championnat du Monde des Records Océaniques qui référence et hiérarchise les 20 principaux records de la planète mer. Ce premier temps de référence, établi aujourd’hui par Francis Joyon en solitaire, appellera sûrement d’autres tentatives sur la belle route des Indes d’où il y a quelques siècles déjà, Hollandais, Portugais, Français et Anglais revenaient les cales chargées de porcelaine, d’épices, de thé ou de soie…
* sous réserve d’homologation par le WSSRC
Plus de 50 noeuds sur un mille pour l’Hydroptère
A peine deux mois après avoir franchi la barre mythique des 50 noeuds, soit l’équivalent du passage du mur du son dans l’aéronautique, l’Hydroptère confirme son statut de trimaran volant le plus rapide du monde en portant le record du mille à 50,17 noeuds de moyenne sur cette distance, soit 92,91 km/h. Une performance exceptionnelle réalisée par Alain Thébault et ses dix équipiers sur leur base de vitesse d’Hyères, dimanche 8 novembre, par 28 noeuds de secteur Nord-Ouest. L’Hydroptère clôture en beauté sa campagne de records en Méditerranée et franchit ainsi une nouvelle étape historique dans le monde de la voile.
« Depuis 30 ans, me portent la passion et l’audace mais cette victoire est surtout celle d’une équipe soudée et déterminée. Ce record historique à plus de 50 noeuds sur un mille est puissant car à la frontière de la double capacité de ce voilier volant hors normes, engin de vitesse et voilier hauturier. Désormais détentrice des deux records les plus rapides de la planète, 51,36 noeuds sur 500 mètres et 50,17 noeuds sur un mille nautique, notre équipe peut se tourner vers le large en 2010 », commente Alain Thébault.


















