Nagy sème le trouble

Trophée BPE 07 - Robert Nagy
DR

On vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Le temps des planches Open, ces longues planches ô combien difficiles à maîtriser. On parle ici des Lechner, support aujourd’hui obsolète et qui avait permis pourtant au Morbihannais Franck David de décrocher l’or aux JO de Barcelone en 1992.

- Publicité -

Douze ans d’équipe de France
L’or, voilà un métal que Robert Nagy n’a pas ramené des JO de Séoul en 1988 (5e). Pas plus qu’à Barcelone d’ailleurs où il n’a pas été sélectionné pour défendre les couleurs tricolores en Tornado. "Au total, j’ai dû passer douze ans en équipe de France". Une éternité. Et l’envie naturelle de faire autre chose : "J’ai continué à naviguer mais sur des quillards. Pas mal de match-racing avec Pierre Mas mais c’était différent car je travaillais à côté".
Dans la grande distribution, notamment dans les sirops et les jus de fruits. Avant de changer de cap en 1999 : "J’ai lancé ma boîte, une société spécialisée dans la vente des voiliers en Méditerranée".

Entraînement intensif
Et voilà qu’il y a deux ans, le virus de la régate a refait surface. "Cela faisait plusieurs années que j’avais envie de naviguer en Figaro. Plusieurs fois, j’ai cherché des sous…". En vain. Jusqu’à ce que Théolia (ndlr : producteur d’électricité à partir des énergies renouvelables) décide d’embarquer dans l’aventure. "En arrivant dans cette série, je m’attendais à être derrière (27e de la Solitaire 2006) : j’avais un problème de vitesse mais je ne me suis pas trop inquiété. J’ai changé de bateau et je me suis entraîné tout l’hiver au centre d’entraînement méditarranéen : je crois bien que j’ai plus navigué que certains bretons".

"Gagner un jour"

Pour sa première transat en solitaire, Nagy disait avant le départ qu’il n’avait aucune pression sur les épaules : "Je suis là pour apprendre. Je pars un peu dans l’inconnu. Ce Trophée BPE va me servir d’entraînement pour l’été prochain". Le Méditerranée, père de cinq enfants, rêve de rentrer dans le top 10. "Mais ça va être difficile car il y a de sacrés clients", disait à Belle-Ile. Des clients qui commencent à se demander si son option un peu moins sud que les autres est un coup de chance ou coup de maître ? Son professeur météo, Richard Silvani, apporte sa réponse : "Entre les tenants de la route directe (Tripon, Defert) et les sudistes (Drouglazet, Morvan, Caudrelier, Troussel) qui cavalent sous spi dans un vent soutenu depuis 48 heures, Robert Nagy a choisi, comme Thierry Duprey du Vorsent d’ailleurs, le sud mais en mettant de l’ouest dans sa route : il reste en bordure d’anticyclone. Moi, sa position me plaît bien".

Philippe Eliès