A quelques encablures les uns des autres, Virbac-Paprec 3, PRB et MACIF sont lancés dans un sprint sans concession jusqu’à la ligne d’arrivée. Pour leurs poursuivants c’est plus délicat. Acciona, Cheminées Poujoulat et Groupe Bel ont la mince satisfaction d’être engagés dans un match leur permettant de comparer leurs performances respectives. Mais la pilule de Gibraltar a du mal à passer. Il faudrait être imprégné de philosophie tantrique pour ne pas laisser transparaître le moindre énervement. Ces trois-là ont passé une nuit entière à se débattre dans les calmes du détroit entre courants contraires, pièges de la nuit et trafic incessant des cargos provoquant une mer confuse. Et comble de malheur, il semble bien que les trois premiers ont bien pris le soin, à Gibraltar comme au cap Saint-Vincent de refermer violemment la porte derrière eux, laissant leurs poursuivants se heurter au chambranle de la pétole. Même l’équipage de Banque Populaire qui aura pourtant tout tenté pour se décaler du sillage des trois leaders a vu ses tentatives se solder par un écart grandissant sur la tête de course.
Même à bord des bateaux de tête, la deuxième étape commence déjà à se profiler. Les équipes techniques préparent la liste des mille et une petites choses qu’il faudra faire sitôt le bateau amarré. La course contre la montre va commencer, avec comme objectif d’être prêt pour samedi après-midi avant d’aborder la grande étape en solitaire. 2300 milles en passant par les Açores et le phare du Fastnet, ce genre d’exercice demande une préparation méticuleuse. Vérifier l’usure des pièces sensibles, faire un check-up complet du bateau et notamment de l’électronique, réparer les quelques bricoles qui auront été endommagées dans le mauvais temps en mer d’Alboran, les équipes techniques ne vont pas vraiment avoir le temps de goûter les douceurs balnéaires de Cascaïs.
Ils ont dit
Guillaume Le Brec (Virbac-Paprec 3) : «On est à vue avec PRB à trois ou quatre longueurs de nous. On a réussi à se décaler et à reprendre la tête au petit matin. Là, on est bord à bord, c’est assez stressant, en fait. Depuis le début de la course, le rythme est intense et on n’a pas pu tenir vraiment des quarts. Quand on sent que quelqu’un est fatigué, on essaye de lui laisser du temps pour se reposer. »
Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) : « On est dans des vents un peu faibles pour nous. On a tenté une option après Gibraltar pour essayer de recoller aux trois premiers, mais ça n’a pas été payant. Maintenant, on va essayer de rejoindre Cascais au plus vite, Parce qu’il y a une deuxième étape en solitaire qui se profile avec un temps de préparation assez court.»
François Gabart (MACIF) : « Plein de gens disent qu’il vaut mieux être chasseur que chassé. Personnellement, ça ne m’aurait pas dérangé d’être devant, c’est plus rigolo. Deux milles et demi d’écart, ce n’est pas beaucoup, mais en même temps, on sait qu’on n’arrivera pas à les rattraper en vitesse pure, parce qu’on essaye depuis plusieurs heures et les écarts restent identiques. Il va donc falloir essayer de créer un décalage. Normalement, nous devrions avoir deux virements d’ici l’arrivée. Ce sera peut-être dans le timing de ces virements que nous pourrons échapper au marquage des deux bateaux de devant. »
Classement de 15h
1 Virbac-Paprec 3 à 30,5 milles de l’arrivée
2 MACIF à 0,7 mille
3 PRB à 0,8 mille
4 Banque Populaire à 66,7 milles
5 Cheminées Poujoulat à 152 milles
6 Groupe Bel à 152,8 milles
7 Acciona à 167,1 milles




















