Lors de cette première expérience, Marc Guillemot a en effet vécu une série d’incidents et la course était loin de ressembler à celle qu’il avait envisagée au départ. « Comme beaucoup, je suis parti il y a quatre ans pour chercher la performance, la course et en fait, il est arrivé tellement de choses, aux autres et à moi, que c’est devenu une succession d’aventures ». Il y avait l’accident de Yann Eliès au sud de l’Australie, qui a mis sa course en suspension, car le concurrent le plus proche de la victime est resté auprès du blessé jusqu’à l’arrivée de la marine australienne. Et ce tour du monde allait être marqué par deux incidents techniques. Le rail de grand voile s’est arraché du mât de son monocoque, limitant le potentiel du bateau. Et à un millier de milles de l’arrivée il a perdu la quille et a dû boucler son tour du monde sans l’appendice.
Malgré tous ces incidents, il arrive aux Sables pour prendre la troisième place sur le podium. Cette année, il souhaite vivre une épreuve différente, mais reste bien conscient qu’il va falloir faire face à des imprévus. « C’est une course assez magique parce qu’il va se passer tout ce qu’on ne prévoit pas. C’est une succession d’inconnues qu’il va falloir gérer au quotidien pendant trois mois. Les deux autres moments qui sont vraiment très forts, ce sont le départ et l’arrivée. Ce sont des moments exceptionnels. Donc il y a toute la course avec les inattendus qu’il faut arriver à gérer, le côté émotionnel du départ et puis l’euphorie au moment de l’arrivée. »
Très rapidement après son arrivée en 2005, Marc Guillemot savait qu’il fallait repartir. « « Une expérience comme le Vendée Globe est d’une grande richesse parce qu’au lieu de durer 15 jours comme une transat, ça dure 3 mois. En quatre ans, on peut oublier les difficultés qu’on a eues. La mémoire est assez sélective et à tendance à oublier tout ce qui ne s’est pas bien passé pour ne garder que les journées ensoleillées. Je n’ai trouvé que des arguments pour y aller. C’est la magie du Vendée Globe, rien n’est écrit et tout est à faire. Dans une course comme celle-là, beaucoup de gens ont quelque chose à faire. Sur un lot de 20 bateaux, il y en a une douzaine qui peut gagner. Dans les sept ou huit autres, il y en a un qui peut créer la surprise et faire un truc fabuleux. Et même sans gagner, il peut y avoir des histoires fabuleuses qui vont s’écrire entre les 20 concurrents. C’est la magie du Vendée, il y en a un qui gagne et tous les autres peuvent faire des choses extraordinaires.»
Cette année, il y a certes moins de bateaux au départ qu’en 2008, mais pour le skipper de Safran, la concurrence sera encore plus rude. « Si on le compare à 2008 où, sur les 30 il y en avait 8 qui pouvaient prétendre à la victoire, là on peut imaginer que sur les 20, il y en a 12 qui peuvent gagner. Et quand on dit ça, c’est peut-être un des 8 autres qui va gagner ! Il y a une grande richesse et ça va donner un peu plus de piment à la compétition. Je trouve que le plateau est vraiment intéressant avec des personnages intéressants. Tout le monde y va pour faire quelque chose, pour écrire une histoire et par rapport à ça, on pourra imaginer que la bagarre sera intense, et pendant longtemps. »
Quant à son état d’esprit avant de partir, Marc Guillemot estime qu’il profite de sa première expérience de 2008-2009 pour être mieux préparé cette fois-ci. « Je pense que je suis mieux équipé au niveau avitaillement. Et encore, je n’étais pas trop mal il y a quatre ans … Au niveau des vêtements aussi je suis mieux équipé. Il ne faut pas se retrouver à attaquer les mers du sud en se disant qu’on a plus rien de sec donc, ça c’est une vraie gestion. Ça paraît complètement stupide mais quand on part longtemps dans ces endroits-là, il faut avoir bien préparé son affaire ».
La musique et des romans pour se divertir
A bord du 60 pieds qui s’élance samedi des Sables d’Olonne, les distractions seront rares et se résument à deux choses : lecture et musique. Marc emporte deux baladeurs et un iPad qui contiennent des centaines de morceaux. « J’ai vraiment de tout, du classique à la chanson française en passant par le rock. Par moments, j’ai envie d’écouter les Doors, les Beatles ou John Lennon, mais à d’autres c’est plutôt Archive, Asa, PJ Harvey, Yann Tiersen voire Charles Aznavour… et surtout beaucoup de musique classique. » A la différence de la musique qu’on ne peut pas écouter dans la tempête, la littérature est compatible avec le gros temps. « Je me souviens avoir lu John Fante dans 40 nœuds de vent » raconte le skipper de Safran. « Comme pour la musique, j’ai des goûts très variés. Dans la “bibliothèque” de Marc, on trouve entre autres La Survivance de Claudie Hunzinger, Journal d’un corps de Daniel Pennac, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Jonas Jonasson, ou encore Que nos vies aient l’air d’un film parfait de Carole Fives et Les derniers jours de Smokey Nelson de Catherine Mavrikakis ».



















