Malheurs de Stamm, gros tracas pour Dick

Echouage Stamm Kerguelen VG 2008
DR

Le cauchemar de Bernard Stamm a trouvé ce matin une issue heureuse. Son bateau a pu être déséchoué au terme d’une opération extrêmement délicate qui a mobilisé les équipes du TAAF, dont un camion et des plongeurs. Le marin suisse était arrivé dimanche soir à Port-aux-Français (Kerguelen) pour y trouver refuge après avoir constaté une avarie de safran. Mais avec des rafales à 50 nœuds dans la baie, impossible de stopper le bateau et d’accrocher le mouillage qui lui avait été préparé, et ce malgré l’aide des hommes du TAAF et de Dominique Wavre, présent à bord. Cheminées Poujoulat s’est trouvé drossé à la côte, couché sur le flanc bâbord. Comme le relatait Frédéric Martineau, chef du district des Kerguelen joint à la vacation du jour, les deux marins ont du gonfler le bib (canot de sauvetage du 60 pieds) pour évacuer le bateau. Et ce n’est que ce matin à marée haute que l’opération de déséchouage a pu avoir lieu… avec succès. Mais le plan Farr souffre d’une importante voie d’eau à l’arrière. Désormais, Bernard Stamm a entamé une course contre la montre pour charger son 60 pieds à bord du Marion Dufresne (bateau de ravitaillement des TAFF), et tenter de rejoindre la Réunion pour entreprendre des réparations.
Cette mauvaise fortune rappelle à quel point ces régions australes sont extrêmes : une manœuvre ratée peut prendre une tournure catastrophique, et le matériel est plus que jamais sollicité par les chevauchées à haute vitesse dans les mers croisées.

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Dick sans safran tribord

Pourtant, c’est le hasard qui est à l’origine de l’avarie survenue cet après-midi à 13h30 sur Paprec-Virbac 2. Après avoir percuté un objet flottant, Jean Pierre Dick a constaté que la barre de liaison de ses safrans était cassée et que le support de fixation du safran tribord (au niveau du pont) était endommagé. Seul le safran bâbord est pour l’instant utilisable. ” JP ” a donc ralenti l’allure pour étudier les modalités d’une réparation. Au pointage de 16h00, toujours au sud de la porte ouest Australie, il menait encore la flotte mais n’avait plus que 51,5 milles d’avance sur son dauphin Mike Golding.

Terrible Indien

Depuis trois jours, les dépressions se succèdent presque toutes les 24 heures n’offrant que peu de répit entre deux coups de vent. Or, la semaine qui commence risque de se jouer sur le même tempo. Dans ces conditions, l’arrière de la flotte est pour ainsi dire aux premières loges. Aujourd’hui, Rich Wilson, 19e à bord de Great American III, confiait naviguer sous tourmentin seul, grand-voile affalée, après deux départs au tapis par 50 nœuds de vent ! Jean-Baptiste Dejeanty qui évolue dans le même secteur, prévenait aujourd’hui la direction de course d’une accumulation de problèmes techniques (pilotes automatiques défaillants, génois déchiré, drisse de grand-voile abîmée) l’obligeant à ralentir l’allure. La balise de positionnement de Maisonneuve est également passée à l’eau, mais le bateau est suivi par la Direction de Course via son standard C.
Premiers à toucher le vent, les retardataires sont aussi les premiers à connaître l’accalmie comme c’était le cas en cette fin d’après midi. A contrario, les leaders positionnés à l’avant du front, notaient déjà une bonne quarantaine de noeuds à l’anémomètre. La nuit sera rude pour ces derniers.

Leeuwin mardi soir

Derrière Jean-Pierre Dick, contraint de réduire la cadence – il marchait à 12 nœuds au pointage de 16 heures, contre 18 à 20 nœuds pour ces poursuivants -, Mike Golding, Roland Jourdain et Michel Desjoyeaux sont les premiers à avoir respecté la porte ouest Australie située sur le 47e degré sud. Dans 24 heures, les leaders auront franchi la longitude du cap Leeuwin, deuxième des trois grands caps de ce tour du monde, situé à la pointe sud-ouest de l’Australie. Mais ce ne sera pas encore la fin du terrible Indien qui s’étend géographiquement jusqu’à la Tasmanie.

Voix du large…

Bernard Stamm, dans une communication avec son équipe : « Le bateau flotte, enfoncé et gîté. Tout le monde ici me donne un coup de main, Dominique Wavre m’aide aussi énormément. Si nous réussissons à charger Cheminées Poujoulat à temps, j’embarquerai également pour La Réunion ou ailleurs. Je ne sais pas encore, c’est un gros chantier qui nous attend. Mais l’urgence, c’est de sortir le bateau. Ce n’est pas possible de le laisser à l’eau aux Kerguelen. Ce Vendée Globe avait mal commencé et se termine dans la douleur, parce qu’il n’y a rien de plus terrible que de voir son bateau à la côte. »

Vincent Riou (PRB), 8e : « Cette nuit, j’ai pété mon étai d’ORC et je suis resté un moment sous grand-voile seule. Là je suis reparti avec la trinquette. L’étai est réparable – je peux je remplacer par un autre-, mais pas immédiatement. Il faudra attendre l’accalmie. Ce matin, j’ai eu jusqu’à 43 noeuds. En ce moment, j’ai 30 à 35 noeuds, on n’est pas très loin de la bascule du vent à l’ouest, une dépression un peu virulente est en approche. »

Armel Le Cléac’h (Brit Air), 7e au classement de 16h00 : « Le plus difficile pour moi, c’est la gestion du bateau dans les mers du sud. J’essaye de trouver mes repères, par moment c’est un peu stressant. L’Indien est difficile, la mer est très croisée. On réduit vite la toile quand ça pousse. C’est impressionnant, ça peut se lever très vite, la mer change d’une heure à l’autre, c’est dangereux, il faut faire attention et on essaye effectivement de prendre le moins de risques possibles. »

Roland Jourdain (Veolia Environnement), 3e : « C’est une zone et une période où tout s’est passé (démâtage en 2007, abandon Vendée Globe 2004, rail de mât en 2000 ndlr). C’est sûr que c’est dans ma tête. Quand les autres cassent, j’y pense forcément. C’est évidemment une zone critique, mais je n’en fais pas un complexe. C’est une zone où j’essaye d’allier vitesse et sécurité. »

Les premiers au pointage de 16 h
1- Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) à 14 024 milles de l’arrivée
2- Mike Golding (Ecover) à 51,5 milles
3- Roland Jourdain (Veolia Environnement) à 78,3 milles
4- Michel Desjoyeaux (Foncia) à 81,9 milles
5- Sébastien Josse (BT) à 103,9 milles

Sélection étrangère
11- Samantha Davies (Roxy) à 861,7 milles
12- Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) à 954,2 milles