Lutte au sommet

Point Mariage - Yves Le Blevec
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Reste que le sommeil est mis à dure épreuve, car pour progresser efficacement dans du vent portant de 10/15 nœuds, il faut être dessus, rester aux manœuvres et surtout à la barre. Et à ce jeu, le quatuor de tête ne lâche rien sans oublier ceux de derrière qui tentent tout pour rattraper les moins de 100 milles de retard sur le groupe de tête. Car en moins de 100 milles, ils sont… 33 à être « au taquet » soit presque la moitié de la flotte. Corentin Douguet (E. Leclerc-Bouygues Telecom) reste bien ancré en tête de cette Transat 6,50 Charente-Maritime/Bahia 2005, devant le discret et efficace Sébastien Gladu (Armor Lux) et Phil Sharp (Le Gallais). Yves Le Blevec (Point Mariage) est revenu au contact des premiers et pointe à 10,3 milles (par rapport à la distance au but) de l’Anglais, qui est 3e. Rappelons que le détenteur du Trophée Jules Verne à bord d’Orange II est à bord d’un bateau né en 1995 sur plans Finot-Conq. Un bateau au passé célèbre puisqu’il a gagné la précédente édition entre les mains d’Armel Tripon. Mais quoi qu’il en soit, on voit sur le classement qu’Yves a le bateau le plus ancien sur les quinze premiers classés !Concernant les positions des bateaux, Corentin Douguet croise actuellement à 162 milles dans l’ouest/nord-ouest du Cap Saint-Vincent. Il aura dépassé ce cap dans la nuit et se trouvera demain matin à la hauteur du détroit de Gibraltar. Il est aujourd’hui le plus est des quatre leaders et navigue bâbord amure (vent venant de la gauche) comme Sébastien Gladu, dans un vent de secteur nord dominant de 15 nœuds. Les deux autres sont tribord amure et croisent le sillage des deux premiers. Une belle bagarre à coup d’empannages savamment programmés pour toute la flotte, sachant qu’il semblerait qu’il y ait plus de pression du côté ouest du plan d’eau. Voir la belle remontée de Tanguy de Lamotte ! Maintenant, si l’on regarde les caps suivis et la logique de la route, Corentin Douguet se trouve être bien calé sur la route orthodromique. Il distille ses empannages en se recalant progressivement vers l’est, et il est pour le moment, géographiquement parlant et sans prendre en compte le classement, celui qui a le moins de milles en route directe à effectuer. A suivre… Est-ce que tous vont commencer à se recaler progressivement dans le sud-est pour éviter à avoir trop de route à faire dans les jours qui viennent ? Est-ce qu’il est bon de se recaler aussi pour toucher progressivement le vent de nord-est (les alizés) au large des côtes africaines ? Intéressant à suivre. Intéressant également la lutte en bateaux de série. Si Sylvain Pontu (Une place pour Chacun) reste en tête, ils sont cinq à moins de 25 milles derrière. Impressionnant de voir la lutte que se livrent ces Pogo 2 qui tiennent largement tête à nombre de prototypes. Ici aussi, rien n’est joué !De la pression devant, des conditions tordues derrière.Nul doute, la bonne option était à l’ouest et il na fallait pas trop s’approcher des côtes portugaises. La meilleure preuve est la superbe remontée de Tanguy de Lamotte sur son Set Environnement Mécénat Chirurgie Cardiaque. Pointé en milieu de flotte à la bouée de Fort Boyard, dans les 20 au Cap Finisterre, 16e, 14e puis 12e hier, il est ce soir 6e au classement général. Autant dire, que Tanguy a cravaché dur et a tiré le plus possible de son plan de Lamotte qu’il connaît, inutile de le dire, sur le bout des doigts. Il a eu du vent tout le temps et certainement plus de pression en étant décalé de quelques degrés en latitude. Et le garçon n’est pas loin du 5e, Stanislas Maslard (Crédit Agricole Skipper Challenge), qui est à 0,3 mille devant par rapport à la distance au but. Moins agréable est la situation pour la queue de la flotte. En effet, aux vues des vitesses, des relevés météo et des témoignages des bateaux accompagnateurs, le vent est… devant et se sauve derrière. 15 nœuds de vent de nord devant, 10 nœuds de nord en milieu de flotte et… 3 nœuds de sud derrière ! L’horreur, car cela va se traduire par des écarts toujours plus importants à l’arrivée, dans la mesure où le vent ne semble jamais s’absenter pour la tête de la flotte ou venir droit dans les étraves. La tête de la flotte devrait enchaîner les systèmes en traversant des petites zones de transition, jamais absentes de vent. Ainsi, sur le papier, le vent va progressivement prendre de l’est tout en restant de nord dominant pour enfin se caler dans un flux de nord-est synonyme d’alizés. L’autoroute vers les Canaries sera alors embouquée ! Cela s’arrête et repart…Les trois bateaux à l’arrêt encore ce matin à La Corogne seront tous repartis ce soir. A 17 heures, Yvan Noblet (Appart City) et Pierre Voultoury (C2O) repartaient tandis que Mikaël Mergui (Marcel Forever) pensait repartir dans la soirée. La Corogne sera alors vide de Ministes. Après La Corogne, Jean-Christophe Courtel (Safi-Société d’Aménagement du Finistère) va s’arrêter à Vigo. Il a cassé un safran depuis son départ du port espagnol. Pas de chance ! Le reste de la flotte va pour le moment très bien mis à part quelques petites casses somme toute classiques : Frédéric Bourguet-Maurice (Pamina) a une panne de pilote mais continue comme Xavier Bluys (Smets) qui veut aller jusqu’à Lanzarote comme cela. Il ne faudra pas s’étonner de voir alors des vitesses peu élevées, synonyme de sieste et de repos obligatoires. David Lancry (Ares Assurances) avouait de son côté être content car il avait enfin trouvé le « mode d’emploi » de son proto 2005.

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