Il y avait 30 nœuds de vent et Gitana Eighty était sous un ris et solent quand l’incident s’est produit.« Je n´ai aucune idée de ce qui s´est passé. J´étais à l´intérieur et tout allait bien, ça commençait à glisser propre.. et puis un grand bruit… une sensation aussi violente.. je savais que c´était le mât. Je suis monté aussitôt et j´ai vu le mât en plusieurs morceaux, la bôme sur le pont, les voiles à l´eau… un grand classique du démâtage – ce n´est pas la première fois que je démâte malheureusement – et puis voilà c´est tout, c´est tout simple et rapide, ça fait un peu mal mais c´est comme ça. » Au beau milieu de l´Océan Indien, Loïck Peyron en a donc hélas terminé avec ses rêves de victoire dans ce Vendée Globe, alors qu´il avait animé et longtemps mené ce premier mois de course et qu´il était 3e au moment du démâtage. Heureusement sain et sauf, le skipper de Gitana Eighty a aussitôt entrepris de larguer ce qui pouvait l´être.
En effet, « le plus dangereux n´est pas le moment du démâtage, c´est après. J´ai mis une heure et demie pour larguer tout le gréement, le pont est couvert d´éclats de carbone dans tous les coins, tout est noir un peu partout avec des morceaux du mât qui pilonnaient sur la coque et le pont, le tout avec le bateau en travers de la lame. J´ai coupé les voiles, récupéré les drisses et puis voilà…il faut tout couper, les haubans, les drisses, dans l´ordre et sans oublier la moindre ficelle. J´ai essayé de garder le maximum c´est à dire pas grand chose » Loïck n´a pas pu récupérer beaucoup de voiles. Il détaille : « il me reste juste la bôme, la partie basse de la grand voile à un ris et un ORC car toutes les autres voiles étaient là haut ».
Trois destinations possibles
Et maintenant ? La situation n´est pas simple, même si « la coque est intacte, il n´y a pas de problèmes structurel ni de voie d´eau». Gitana 80 a en gros trois possibilités, toutes forcément lointaines : l´Afrique du Sud (Cape Town) à 1600 milles, la Réunion (ou Madagascar) à 1600 milles aussi ou bien l´Australie, à 3000 milles mais dans le bon sens par rapport aux vents dominants. « J´aimerais bien peut-être faire route nord, une dépression que je surveille pourrait m´y aider. C´est ou bien l´Australie ou bien un moyen de remorquage à moins de 1000 milles d´une côte » pour les deux autres possibilités. Le sentiment qui domine ? « je suis surtout désolé pour toute l´équipe du Gitana Team, pour le groupe LCF Rotschild, pour Benjamin de Rotschild… la déception est collégiale »
Loïck Peyron a conclu la vacation spéciale en expliquant qu´il allait tenter d´établir un moment de fortune avant la nuit, puis qu´il allait étudier plus en détail la météo pour décider de sa route. Le marin baulois a même voulu donner une preuve de son bon moral en lançant en guise de conclusion: « allez je vais vous laisser les enfants, au boulot… y´a plus malheureux… »
L´abandon de Gitana 80 est le 7e depuis le départ des Sables d´Olonne. Il reste 23 solitaires en course.
BM



















