Il fait lourd et humide en Guadeloupe, même si les fortes précipitations ne sont aujourd’hui plus d’actualité. L’arrivée de Loïck Peyron dans la nuit se fera sous un temps instable, très nuageux avec quelques averses et grains. L’alizé modéré soufflera entre 10 et 17 nœuds, et sera plus soutenu sur le nord et sud de l’île, tout en demeurant assez faible sous le vent de la côte ouest. Une situation qui pourrait permettre au skipper du Maxi Solo Banque Populaire VII de battre le record de Lionel Lemonchois établi en 2006 (7 jours 17 heures 19 minutes et 6 secondes) s’il coupe la ligne d’arrivée avant 07 h 19 mn et 06 s (heure Paris). A 240 milles dans son tableau arrière, Yann Guichard sur Spindrift 2, est attendu en Guadeloupe une dizaine d’heure après. Le gros de la troupe des Ultime devrait arriver dans la journée du mardi 11 novembre à Pointe-à-Pitre.
Nuit difficile pour Prince de Bretagne. A 750 milles de l’arrivée, Lionel Lemonchois s’est fait piéger dans une ligne de grain, une vaste zone sans vent de laquelle il a beaucoup de mal à sortir. De quoi enrager. D’autant que la 3e place est en jeu et que Sébastien Josse, l’autre prétendant au podium, file dans le sud à plus de 20 nœuds de moyenne.
François Gabart sur Macif
Du côté des IMOCA et des Multi50, c’est la même ambiance. François Gabart (Macif) et Jérémie Beyou (Maître Coq) sous gennaker bataillent pour la première place au beau milieu de l’Atlantique à 1550 milles de l’arrivée. Gênés par un vent capricieux qui oscille entre 10 et 22 nœuds, les solitaires ne lâchent pas leurs écoutes pour éviter les sorties de route. 836 milles séparent le leader François Gabart du dernier Tanguy de Lamotte (Initiatives Cœur) situé entre Madère et Les Canaries au milieu de la flotte des Class40. Sur leurs bolides de 50 pieds, Erwan Le Roux (FenêtréA Cardinal) et Lalou Roucayrol (Arkema Région Aquitaine) filent à 20 nœuds sous gennaker en bordure de l’anticyclone des Açores. Les deux lascars se contrôlent, façon régate en baie de Quiberon.
Kito de Pavant
Avec 200 milles en latéral entre le leader Kito de Pavant (Otio Bastide Medical) et celui positionné le plus à l’Est, Patrice Bougard (Kogane) qui pointe plein sud vers l’archipel des Canaries, la flotte des 32 Class40 s’étire sur 837 milles, Nicolas Thomas (Guadeloupe Grand Large-1001 piles Batteries) progressant à la latitude de Lisbonne. Tous contournent l’anticyclone des Açores, les premiers sont déjà dans les alizés. A cause d’un écroulement progressif du vent en bordure d’anticyclone, le monocoque de l’Italien Andrea Mura (Classe Rhum Vento Di Sardegna) a laissé filer le multicoque d’Anne Caseneuve (ANEO) qui progresse au sein de la flotte des Class40… Le premier Classe Rhum a encore plus de 2 000 milles à parcourir et le dernier, le Portugais Ricardo Diniz (Parisasia.fr), reparti de La Corogne ce dimanche matin est à plus de 3 000 milles ! Un écart logique au vu de la différence énorme entre ces bateaux anciens ou de croisière et les machines ultrasophistiquées des leaders…
Ils ont dit
Lionel Lemonchois, Ultime, Prince de Bretagne : « Je n’avance pas, je suis dans les grains. Les perspectives à venir ne sont pas terribles. Je me débats comme je peux mais c’est une ligne de grains qui arrive du Nord-Ouest et qui me tombe dessus et je crois que je suis le seul à l’avoir en plus. Là, je suis à 6 nœuds et j’espère que ça va passer ce soir. Mais je ne sais pas quand je vais en sortir. Pour moi, la place sur le podium est morte… Si j’arrive à sauver une place de 6e ça serait déjà bien. Les fichiers de vent ne sont pas très optimistes et quand je regarde dehors cela ne s’améliore pas du tout. Je suis fatigué car je me suis débattu toute la nuit. »
Yann Eliès, Ultime, Paprec-Recyclage : « Enfin ce long bord bâbord ! Aujourd’hui le moral est bon, je me suis préparé à barrer toute la journée. Physiquement, la barre est un peu dure donc je m’attends à souffrir les prochaines 24 heures. J’ai 20 – 25 nœuds de vent avec de la mer, mais j’ai réussi à bien dormir cette nuit. J’ai même fait des rêves et quand je me réveille, j’ai toujours ces minutes de questionnement. Je n’ai pas l’impression d’être seul à bord. Je ne rêve que d’une chose, allonger mes jambes, étendre mon corps de tout son long, c’est ce qui me manque le plus. Les à-coups sur le bateau sont tellement violents que je suis toujours appuyé ou assis. Il est quasi impossible de se tenir debout. »
Jérémie Beyou, IMOCA, Maître Coq : « Ca va aller vite pour finir, le bateau glisse entre 15 et 18 nœuds. Mais il ne faut pas faire de sortie de route, ne pas faire d’erreur. C’est la bagarre avec François (Gabart – Macif) pour la première place. Il faut aussi faire des bons choix stratégiques. On a du vent d’Est très oscillants, entre 10 et 22 nœuds. Nous sommes serrés, pas sous spi, mais sous gennaker. Je suis à l’écoute de grand-voile à border et à choquer. Grâce au pilote automatique, j’essaie de dormir. Il y aura peut-être encore des empannages. Il va y avoir des choix à faire, soit du tout droit, soit du Sud. Il y a le tour de la Guadeloupe à faire, ce n’est jamais fini, car ce n’est pas évident ce contournement. Le moral est bon, je n’ai plus de souci à bord. »
Classement de 16h
Ultime
1 MAXI SOLO BANQUE POPULAIRE VII Loick Peyron à 201 milles
2 SPINDRIFT 2 Yann Guichard à 239,57 milles
3 EDMOND DE ROTHSCHILD Sébastien Josse à 405,91 milles
IMOCA
1 MACIF Francois Gabart à 1536,4 milles
2 MAITRE COQ Jérémie Beyou à 36,44 milles
3 SAFRAN Marc Guillemot à 142,85 milles
MULTI50
1 FENETREA – CARDINAL Erwan Le Roux à 1476,7 milles
2 ARKEMA REGION AQUITAINE Lalou Roucayrol à 14,98 milles
3 RENNES METROPOLE – SAINT MALO AGGLOMERATION Gilles Lamire à 137,71 milles
CLASS40
1 OTIO – BASTIDE MEDICAL Kito De Pavant à 2217,7 miles
2 TALES 2 SANTANDER Alex Pella à 1,69 milles
3 LE CONSERVATEUR Yannick Bestaven à 24,34 milles
RHUM
1 ANEO Anne Caseneuve à 2253,1 milles
2 VENTO DI SARDEGNA Andrea Mura à 29,48 milles
3 TRADYSION GUADELOUPE Willy Bissainte à 215,34 milles
