“C’était très tactique. D’habitude il faut effectuer un long bord pour retrouver les alizés et un autre pour entrer dans le pot au noir,” déclare Wouter Verbraak. “C’était très intense dès le départ. Ensuite très tactique le long des côtes africaines avec peu de repos. Les mers du sud étaient également intenses avec une météo inhabituelle et des systèmes mal établis”. Il y avait quatre moments clés dans cette étape à commencer par le passage du détroit de Gibraltar.
Gibraltar
Il fallait deux longues journées de mer pour sortir de la Méditerranée et c’était seulement à la sortie que la première option s’est dessinée. Team SCA a opté pour une route nord près des côtes espagnoles afin d’éviter le courant au milieu du détroit. Le seul VOR65 à adopter cette trajectoire, il a rapidement pris la tête de la flotte. “C’était une grande séparation,” nous précise Libby Greenhalgh, navigatrice sur Team SCA. “On ne comprenait pas pourquoi les autres ont pris l’autre option. Nous avons poursuivi avec notre option et disposions de quelques milles d’avance à Gibraltar.” Les filles sont entrées dans l’Atlantique avec une avance de 21 milles sur leurs adversaires.
Au cap Vert
On imaginait deux possibilités dans cette partie du parcours. Une route à l’ouest pour profiter des alizés ou une longue descente en passant par les Canaries et l’archipel du cap Vert. Mais à cette occasion, les alizés étaient mal établis et la flotte n’avait guère de choix que de descendre vers le sud. La flotte était de nouveau très groupée à seulement quelques milles des côtes marocaines. Une semaine après le départ d’Alicante, les skippers ont empanné vers les îles du cap Vert. C’est ici que la deuxième option de la course s’est présentée aux navigateurs. Comment allaient-ils doubler cet archipel? Abu Dhabi, Team Brunel, Team SCA et Team Alvimedica ont choisi de contourner l’archipel par le nord, tandis que Vestas et Mapfre sont passés au milieu des îles, pendant que Dongfeng choisissait une option encore plus à l’est. La route nord offrait sans doute la meilleure trajectoire pour entrer dans le pot au noir, mais le choix n’était pas aussi simple que cela. Wouter Verbraak (Vestas) voyait une belle opportunité sur une route médiane. “Nous avons vu la formation d’une tempête tropicale avec une belle brise devant nous, mais avec le risque de calmes aussi. Plus à l’est on évitait ces calmes et nous avons réussi à trouver la nouvelle brise rapidement.” Si pour les Danois, la décision était la bonne, d’autres ont souffert ici. “Je crois que tout a commencé à se défaire au cap Vert,” déclarait Anthony Marchand de Mapfre à son arrivée au Cap. “On aurait dû prendre la route nord… On ne sait pas comment Vestas a traversé cette zone sans souci.”
Pot au Noir
Abu Dhabi et Brunel ont traversé cette zone redoutée sans être ralentis grâce à leur option ouest. Ils ont quitté la zone de convergence intertropicale avec 90 milles d’avance sur leurs adversaires. Bouwe Bekking (Brunel) :“Pour nous, c’était évident. Il fallait allonger la route vers l’ouest. Cela se passe souvent comme cela dans la première étape de l’épreuve. Le pot au Noir est plus étroit et moins perturbé à l’ouest.” Mais un skipper a choisi de traverser cette zone par l’est et était récompensé pour avoir osé cette option. Vestas a réussi à trouver un couloir de vent et est sorti du pot en troisième place. Sur une route médiane, Dongfeng, Alvimedica, MAPFRE et SCA ont subi les aléas des calmes et des conditions variables. Les filles se sont trouvées engluées pendant huit heures sans la moindre risée.
L’anticyclone de Sainte-Hélène
Encore une fois ici, deux options se présentent habituellement aux équipages. On peut contourner par l’ouest cette vaste zone de calmes et de vents faibles ou bien on peut tenter une route plus directe en essayant d’éviter les molles. Mais comme ce fut le cas dans l’hémisphère nord, la météo imposait une route le long des côtes du continent. Il fallait ainsi plonger le long des côtes du Brésil vers le sud-sud-ouest. Mapfre a essayé de profiter d’une dépression au large de Rio, mais a dû engranger des milles supplémentaires sans en bénéficier. Brunel a frôlé l’anticyclone et se trouvait ralenti dans un vent faible. Vestas a pris une route ouest et si les Danois en ont profité à court terme, cela n’allait pas durer. Désormais à la traîne dans un autre système météo, Mapfre et SCA ont vu les écarts se creuser. Malgré une avarie avec son safran et l’explosion d’un padeye, c’est Dongfeng qui a réalisé la meilleure performance dans cette partie du parcours. Charles Caudrelier a plongé vers le sud, a empanné plus tôt que ses adversaires et a rattrapé les leaders, qui se retrouvaient à vue après 19 jours de mer. Caudrelier et ses hommes maintenaient la pression sur Ian Walker et Abu Dhabi jusqu’à l’arrivée en franchissant la ligne seulement douze minutes après le vainqueur d cette étape.
1 Abu Dhabi Ocean Racing 25j 03h 10m 44s
2 Dongfeng 25j 03h 22m 48s
3 Team Brunel 25j 07h 33m 25s
4 Vestas Wind 26j 00h 48m 47s
5 Team Alvimedica 26j 13h 7m 38s
6 SCA 26j 23h 37m 49s
7 Mapfre 27j 47m 32s



















