Lionel Lemonchois, la force discrète

Lionel Lemonchois Gitana 11 Route du Rhum 2006
DR

Portrait d’un talent rare…
Des HLM de Caen au tour du monde à la voile en 50 jours, le parcours de Lionel Lemonchois est ce que l’on peut qualifier d’original ! Il a bourlingué sur toutes les mers du monde et a exploré moult métiers et activités ! De raboteur de parquet à skipper d’un trimaran Orma, il y a un monde, surtout lorsque entre temps, on cumule les expériences : plongeur à la recherche de coquillages aux Roqués, convoyeur de bateaux de course, skipper de catamaran en day-charter en Polynésie, constructeur d’un Mini Transat, préparateur et boat-captain pour le Vendée Globe, tour du mondiste, bricoleur… L’homme est incontestablement plein de ressources et de surprises, tout en restant d’une modestie et d’une discrétion étonnantes. Entre podiums et galères, c’est cet éclectisme qui a permis à Lionel, ce normand, né à Bayeux il y a 46 ans, de savoir qu’une course à la voile est avant tout un gros travail de préparation, une énorme motivation, une constance dans le rythme, un dépassement de soi…
 
Et lorsque Lionel Lemonchois énumère les skippers et équipiers avec qui il a navigué depuis près de trente ans, la liste marque bien l’empreinte de cette polyvalence, de cette adaptation aux spécificités du grand large ! En effet, passer plus de deux semaines en mer en équipage demande non seulement des compétences techniques mais aussi un caractère trempé et souple, une capacité d’écoute et de remise en  cause personnelle, une disponibilité et une détermination sans faille. François Boucher, Frédéric Guérin, Jimmy Pahun, Halvard Mabire, Isabelle Autissier, Catherine Chabaud, Karine Fauconnier, Cam Lewis, Yvan Bourgnon, Philippe Monnet, Bruno Peyron, Pascal Bidégorry, Dominic Vittet, Franck Cammas, Bertrand de Broc, Loïck Peyron… sans compter tous les équipiers de l’ombre, tous peuvent témoigner de ses qualités humaines et régatières. L’ensemble du milieu nautique, constructeurs comme architectes, préparateurs comme équipiers, maîtres voiliers comme mateloteurs, saluent et apprécient ce mélange de sérénité et de volonté, de mots pesés et posés, de sourires en coin et de regards pétillants, de soif de découvrir et de faim d’horizons lointains.
 
De la Mini Transat à la Route du Rhum
Pour Lionel Lemonchois, le déclic de la compétition s’opère aux Antipodes, lorsque les cocotiers et les récifs coralliens de Bora Bora ne suffisent plus à combler son appétit océanique : en 1988, il décide de finir la construction d’un voilier de 6,50 mètres pour participer à la Mini Transat, de Concarneau à Fort de France ! S’il sait bricoler, stratifier, il n’a encore jamais construit un bateau surtout avec un budget si réduit. Cette course en 1989, alors qu’il met à l’eau son prototype seulement quinze jours avant le départ, reste pourtant gravée comme l’un des ses meilleurs souvenirs de mer : traverser l’Atlantique, seul, avec une montre et un sextant… Il est d’ailleurs l’un des rares à avoir participé 4 fois à cette épreuve et il n’exclut pas de s’y remettre un jour ! Depuis cette date, Lionel Lemonchois n’a pas arrêté de naviguer en course avec des résultats éloquents. En 2000, il remporte notamment la Transat AG2R avec Karine Fauconnier. Ces résultats ne l’ont pourtant pas empêché de continuer également à préparer des bateaux. Il n’y a pas de sous-métiers pour Lionel Lemonchois, il aime les bateaux, la mer et les gens ! Alors qu’il rêve de Vendée Globe aux côtés de Catherine Chabaud ou d’Isabelle Autissier, c’est pourtant le multicoque qui le rattrapera. Après deux saisons sur le circuit Orma et The Race à bord de Team Adventure, il est pressenti en 2001 pour prendre la barre du nouveau trimaran du Baron Benjamin de Rothschild.  Il intègre le Gitana Team pour suivre le chantier de Gitana X et skipper le bateau. Après deux saisons, Lionel quitte le team et repart pour d’autres horizons, plus lointains encore avec à la clé le record du Tour du monde en équipage, le Trophée Jules Verne sur Orange II, une transat en monotype, une Jacques Vabre gagnée aux côtés de Pascal Bidégorry… Insatiable, il est plus à l’aise en mer qu’à terre où sa discrétion et sa modestie cachent un charisme et une sensibilité rares. Aussi performant en équipage, en double ou en solitaire, Lionel Lemonchois retrouve ainsi la barre d’un trimaran affûté et particulièrement typé pour la Route du Rhum.
 
Un homme, un bateau….
De retour d’un stage solitaire fin septembre à Port-la-Forêt aux côtés de Michel Desjoyeaux (Géant), Franck Cammas (Groupama-2) et Antoine Koch (Sopra Group), le skipper de Gitana 11 pour la Route du Rhum reste lucide sur le chemin à parcourir avant le départ, le 29 octobre prochain :
 
Gitana 11 ? "C’est un super bateau pour cette épreuve. Si j’avais eu à choisir parmi la flotte des trimarans capables de faire la Route du Rhum, j’aurais opté pour ce trimaran ! Il fait partie des bateaux les mieux adaptés à ce parcours : c’est un multicoque très sain au grand large, puissant, fiable, au comportement très agréable surtout en solitaire, très sécurisant au portant et très optimisé pour les courses océaniques. Le plan de pont et le cockpit sont vraiment bien faits pour un solitaire. »
 
La préparation ? "Ce stage a été très instructif : j’ai encore beaucoup d’automatismes à acquérir quand je vois la facilité et la rapidité d’exécution de Michel en solitaire. Mais ce mois à venir sera l’occasion de multiplier les sorties en mer en solo. Après une mise au vert d’une semaine début octobre, histoire de se ressourcer et de faire le vide…"
 
La course ? "La Route du Rhum, j’en rêve depuis la première édition en 1978 ! J’étais déjà au départ sur les quais à imaginer que je la ferais un jour… C’est un trajet que je connais bien avec les Mini Transat que j’ai faites et les nombreux convoyages que j’ai accumulés. C’est un exercice spécifique, certains disent de « haute voltige »… même s’il n’y a rien de franchement dur à bord d’un trimaran Orma : ce sont avant tout des heures de travail et de préparation. Il faut que la machine soit parfaitement au point et que le skipper soit à l’aise et mentalement décontracté. La préparation mentale, c’est d’abord la motivation, et là je suis prêt."

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Source Gitana Team