Les multi50 font le show

Les Multi50 arrivent déjà le long des côtes anglaises tandis que Spindrift longent l’Irlande ! L’arrivée approche. C’est Arkema qui domine les débats en Multi50 et les espagnols de Talès2 en Class40.

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Lalou Roucayrol contrôle ses poursuivants, Gilles Lamiré (La French Tech Rennes Saint-Malo) et Thierry Bouchard (Ciela Village) qui se livrent un très beau duel. Sur cette Transat Québec Saint-Malo, les trois bateaux ont souvent parcouru plus de 500 milles en 24 heures. Pourtant, outre leur longueur (15,24 m), tout les différencie. Leur âge d’abord, Arkema étant le plus jeune (2013) et Ciela Village le plus ancien (2005) ; leur conception, ils sont signés de trois architectes différents, preuve qu’il y a bien dans cette classe, de la place pour tous. Arkema est né de Romaric Neyhousser avec Guillaume Verdier, La French Tech Rennes Saint-Malo est signé Nigel Irens et Benoit Cabaret, enfin Ciela Village est un plan VPLP. Seul La French Tech Rennes Saint-Malo est doté de dérives sur ses flotteurs alors que les deux autres disposent de dérives centrales ; Gilles Lamiré navigue à Saint-Malo, Lalou Roucayrol dans le Médoc et Thierry Bouchard en Méditerranée.

Aucun des trois skippers n’est issu de la même école. Si Lalou Roucayrol est le plus expérimenté, notamment pour avoir animé le circuit ORMA pendant longtemps ; Thierry Bouchard est un amateur très éclairé, issu du monocoque, qui vient seulement de passer au multicoque ; quant à Gilles Lamiré, il a navigué sur tous types de bateaux, dont les ORMA et en Multi50 depuis 2012. Les trois équipes n’ont cessé d’optimiser leurs trimarans, chaque hiver, avec un souci constant de performance et de sécurité.
Le bonheur d’être en course

Les choix d’équipages sont variés : Lalou Roucayrol a embarqué Karine Fauconnier, vainqueur de la Québec Saint-Malo en 2004, ainsi que César Dohy* et Etienne Carra, fidèle de l’équipe. Gilles Lamiré a embarqué Yvan Bourgnon*, Gilles Goudé, son préparateur, et Charles Mony, équipier québécois. Thierry Bouchard est parti avec Oliver Krauss* et Alan Pennaneac’h, voilier. *César, Yvan et Oliver étaient les co-skippers lors de la dernière Transat Jacques Vabre. Pierre Antoine, sur Olmix, a embarqué Pascal Quintin, qui fut longtemps en Multi50, Jean-Yves Derrien et Patrick Cassin.

Tous les équipages affichent depuis le départ un immense bonheur à naviguer ensemble sur leurs bolides, dans cette Transat Québec Saint-Malo qui ne faillit pas à sa réputation. Pas une vacation, une vidéo, dans laquelle ils ne partagent le plaisir des surfs à 25 noeuds et de la course au contact.

Ils ont déjà parcouru 2400 milles et savent néanmoins qu’il faudra de la pertinence et de la concentration dans la dernière ligne… droite, qui pourrait bien ne pas l’être. Le premier coup de frein a été donné dans la nuit et les conditions météo des prochaines 24 heures laissent augurer une nuit sans sommeil dans un flux de vents difficile à déchiffrer. Il y aura forcément une part aléatoire… Le premier devrait franchir la ligne d’arrivée à Saint-Malo dans la nuit de mardi à mercredi.

Avec des pointes à plus de 25 nœuds, la vie à bord semble grisante. Comment s’organise les quarts de navigation sur le trimaran la French Tech Rennes Saint-Malo ?
C’est un peu stressant car il y a pas mal de vent et à ces vitesses là, il faut être très attentif à la barre car on a des safrans qui se mettent parfois à décrocher par trop de pression. Avec Yvan, on se relaye à la barre quant à Gillou et Charly, ils sont aux écoutes, prêts à choquer. Tout ce petit monde tourne pour ne pas être trop fatigué et tenir son poste à 100%.

La lutte de tous les instants contre Arkema et Ciela Village est très serrée depuis le golfe du Saint Laurent. Comment vivez-vous cette pression et cette très belle 2ème place que vous contenez depuis 3 jours ?
C’est pour moi très excitant parce qu’on se bagarre à couteaux tirés depuis le Saint Laurent. Pour vous dire franchement, ce bateau là, notre trimaran, et bien il m’étonne de plus en plus car ce ne sont pas vraiment ses conditions favorites. Ça doit aussi surprendre nos concurrents car je ne pense pas qu’ils nous attendaient à ce niveau là dans des conditions de portant. C’est un bateau qui est un peu moins bon que ceux d’Arkema et de Ciela Village qui sont plus légers et plus récents. On est excité et fier de montrer qu’on est dans le match et qu’il va falloir qu’ils se battent jusqu’au bout contre nous car on ne lâchera rien ! Une victoire ce n’est jamais facile mais on fera tout pour aller la chercher.

L’arrivée à Saint-Malo se rapproche. Quelles conditions météorologiques vous attendent les prochaines 48 h ?
Jusqu’à l’entrée de la mer d’Irlande, on a joué un run de vitesse mais progressivement le vent va mollir et l’on va devoir franchir une dorsale anticyclonique. C’est chouette parce la course va devenir plus subtile. Il va y avoir de la stratégie et peut-être aussi du regroupement car Arkema qui est un peu devant, va peut-être la toucher en premier et nous permettre de revenir sur lui. Tout ça présage pas mal de stratégie. Ceux qui seront les moins fatigués vont peut-être aussi mieux tirer sur leur bateau. On sait qu’il ne reste pas beaucoup de jours de course, peut-être que 2 jours. Cette phase de transition de cette dorsale va être cruciale pour le résultat final et l’arrivée à Saint-Malo.