Sur le papier, l’année 2005 n’a pas été aussi gratifiante, mais l’équipe s’est tout de même accrochée à la seconde place au classement général, juste derrière Alinghi, une place qu’elle occupe également au classement des challengers, cette fois derrière BMW Oracle Racing. En match racing, lors des Louis Vuitton Acts 2005, Dean Barker et son tacticien Terry Hutchinson ont réussi à battre leurs principaux rivaux : BMW Oracle Racing deux fois sur trois et Luna Rossa Challenge à tous les coups. Toutefois, ils n’ont jamais remporté de match contre Alinghi et se sont inclinés à deux reprises face à des concurrents « prenables » tels que +39 Challenge (Acte 4) et K-Challenge (Louis Vuitton Act 8). En flotte, ils se classent deux fois troisièmes et une fois quatrièmes à Malmö-Skåne.
« Selon moi, nous avons navigué de mieux en mieux depuis Valencia, et pourtant c’est à Valencia que nous avons obtenu nos meilleurs résultats » déclarait un Terry Hutchinson passablement frustré après la dernière régate de Trapani. « Je ne sais pas ce que ça veut dire. En tant qu’équipe, vous devez surmonter des hauts et des bas, passer à travers ces moments où tout ne marche pas à fond. Tout est là en ce qui nous concerne, faire en sorte que tout se passe bien ensemble pendant encore 18 mois. Mais nous sommes toujours battus par d’autres équipages donc nous devons travailler là-dessus. A mesure que nous avançons et que la pression monte, cette expérience que nous avons deviendra un facteur positif. Nous sommes très optimistes concernant notre avenir. En match racing, je nous considère comme très bien placés. »
Hutchinson lui-même a une influence non négligeable sur le nouvel état d’esprit de l’équipe. Une fois passée une période de prostration après la défaite d’Auckland en 2003, les kiwis ont retrouvé un peu de leur « jus » et chaque bon résultat semble leur avoir redonné confiance. Hutchinson et Dalton ne faisaient pas partie du syndicat lors de la dernière Coupe. Ils n’ont donc pas d’inhibitions suite à cette campagne. Les relations entre Hutchinson et le barreur Dean Barker semblent par ailleurs s’épanouir à chaque nouvelle compétition, au point que ces deux piliers de la cellule arrière, ont atteint un bon niveau de confiance et de compréhension.
« La meilleure chose qui nous soit arrivée est certainement d’avoir remporté les Louis Vuitton Acts 2004 (le classement général de la saison). Que nous nous apprécions ou non, chacun éprouve désormais du respect pour les compétences des autres » rappelait Hutchinson dans une interview à Trapani. « C’est un mode relationnel qui doit fonctionner pour que l’équipe réussisse. Nous ne voulons pas gâcher cela car pour nous, l’occasion est trop belle ici. »
Cette occasion sera saisie si les nouveaux Class America tiennent leurs promesses en terme de performance. L’équipe d’Emirates est l’une des premières à lancer son nouveau bateau : NZL-84 a en effet été mis à l’eau à Auckland et navigue depuis quelques jours. De nombreux navigants d’Emirates Team New Zealand entretiennent une relation difficile avec NZL-82, le Class America avec lequel ils ont couru cette année, un bateau qui incarne à leurs yeux la défaite de 2003 et qui a été endommagé en 2004 lors d’un orage après l’Acte 1 de Marseille.
« Nous attendions avec impatience notre nouveau bateau, nos premières navigations à bord en début d’année, et de pouvoir comparer ses performances face à NZL-82 » confirmait Barker après les compétitions de Trapani. Les kiwis vont en effet profiter de l’été austral pour naviguer pendant que l’Europe sera plongée dans l’hiver.
« Nous avons la chance d’avoir bien avancé. Nous attendons de laisser enfin NZL-82 pour passer à autre chose. Je dirais que nous entretenons avec ce bateau une relation d’amour/haine. NZL-84 est le nouveau et ce serait plutôt bien qu’il soit plus performant à tous les niveaux. Alinghi a mis la barre très haut, et toutes les équipes rêvent d’atteindre ce niveau, voire plus. Pour gagner la prochaine America’s Cup, il faudra être meilleur dans toutes les conditions, au près et au portant. »
D’un autre côté, « NZL-82 a fait beaucoup pour nous. Paradoxalement, l’accident (de Marseille) a joué en notre faveur dans la mesure où les designers et les techniciens ont découvert des choses sur le bateau. Je pense que les gars qui étaient à bord la dernière fois étaient déçus de la manière dont marchait NZL-82 à l’époque, et ceux-là sont assez contents d’en avoir fini avec lui. Cela dit, il marchait mieux que ceux sur lesquels j’ai déjà disputé la Coupe, donc j’en suis plutôt satisfait. Nous avons fait de telles avancées en tant que groupe de navigants que nous devons désormais mettre l’accent sur le matériel dans les années qui viennent pour obtenir un bateau qui soit tellement percutant en vitesse, que je pourrais même rater des bascules de vent ou des départs tout en restant dans le coup. C’est vraiment la devise d’Alinghi. Il semble qu’ils puissent se permettre de prendre des départs prudents en milieu de ligne ou même être en retard de quatre ou cinq secondes au bateau comité sans que cela porte à conséquence… ils gagnent toujours les courses. Je pense qu’il faut en tirer des leçons.»
DBo. (Source ACM)