Les écarts très importants changent la donne

Cercle Vert en course
DR

1. Romain Attanasio/Sam Davies (Savéol), à 22h21 hier soir lundi
2. Armel Le Cléac’h/Fabien Delahaye (Brit’Air) à 23h30 – écart au leader : 1h09′
3. Jeanne Grégoire/Gérald Véniard (Banque Populaire) à 23h33 – écart au leader : 1h12′
4. Gildas Morvan/Bertrand de Broc (Cercle Vert) à 23h34 – écart au leader : 1h13′
5. Antoine Koch/Joseph Brault (Gaspe 7) à 3h35 ce mardi – écart au leader : 5h14′
 6. Armel Tripon/Franck Le Gal (Gedimat) à 4h30 ce mardi –  écart au leader : 6h09′
7. Nicolas Lunven/Jean Le Cam (Generali) à 4h35 ce mardi – écart au leader : 6h14′
8. Nicolas Troussel/Thomas Rouxel (Crédit Mutuel de Bretagne) à 4h40 ce mardi – écart au leader : 6h19′
9. Ronan Treussart/Yannick Le Clech (Lufthansa) à 5h36 – écart au leader : 7h15′
10. Yann Eliès/Jérémie Beyou (Generali Europ Assistance) à 5h39 – écart au leader : 7h18′

- Publicité -

Premier constat : après le retrait (provisoire?) de Groupe Bel qui a heurté une baleine et endommagé un safran hier – Kito de Pavant et Sébastien Audigane sont d’ailleurs arrivés aux Canaries – quatre bateaux se sont échappés, dont évidemment Saveol mais qui est désormais suivi à moins de 10 milles par le trio des premiers chasseurs : Brit’Air, Banque Populaire, Cercle Vert.

Deuxième constat : cette première partie de la course, hautement stratégique, accouche d’écarts très, très importants. Il ne faut pas oublier que tous ont le même bateau, les mêmes ordinateurs et logiciels et sensiblement le même niveau, pour les dix meilleurs équipages au moins. Dans ces conditions, voir des ténors comme Nicolas Troussel, Jean Le Cam ou Yann Eliès accuser plus de 6 heures de retard sur le premier tiers du parcours est rarissime. Et des gros bras comme Eric Drouglazet ou Bernard Stamm sont encore plus loin. Que dire enfin du tenant du titre Jean-Paul Mouren, qui accuse ce matin plus de 160 milles (300 kilomètres) de retard au leader?  

Troisième constat : cette première partie de course – annoncée comme la plus périlleuse- tient ses promesses avec la création de ces écarts conséquents. Bien entendu le "suspense" demeure sur l’Atlantique et personne ne peut dire encore qui sera le grand vainqueur à Saint Barth’, mais au bas mot ces grands écarts vont fortement influer sur la suite de la course. (Ne pas oublier que 60 milles à 10 noeuds c’est 6 heures, mais à 5 noeuds c’est 12 heures, etc…) En sachant que les Figaros menés à leur max vont sensiblement à la même vitesse, il va devenir impératif pour ceux qui ont du retard de jouer d’une autre manière que ceux des avant-postes, sous peine de ne pas jamais pouvoir revenir… ou de se contenter d’une place dans les 10/12 premiers mais sans jouer la gagne.  Ce n’est évidemment pas satisfaisant pour un Figariste élevé à la culture de la victoire. La météo leur laissera-t-elle cette possibilité d’attaque? On ose l’espérer, mais encore une fois rien n’est certain de ce point de vue, surtout si l’alizé s’avère soutenu et stable…

Quatrième constat : trois bateaux d’outsiders sont encore dans le match des 10 premiers. Leurs skippers sont un peu moins célèbres et on en parle fatalement un peu moins que les autres – c’est dommage – mais les performances respectives d’Antoine Koch et Joseph Brault (Gaspe 7, 5e), d’Armel Tripon et Franck Legal (Gedimat, 6e) et de Ronan Treussart et Yannick Le Clech (Lufthansa, 9e) méritent pourtant d’être saluées à leur juste valeur. Ces trois là ont diablement bien navigué depuis le départ de Concarneau voilà 9 neuf jours et tiennent la dragée haute à bon nombre de marins bien plus huppés qu’eux.

Cinquième constat : le quatuor de devant va être très, très observé par le groupe de chasseurs dans lequel se trouve donc pléthore de favoris.  Qu’ils ralentissent sensiblement et ce sera une indication de premier choix pour inciter leurs poursuivants à imaginer une autre route et tenter ainsi de revenir. La position du chassé est enviable, mais elle n’est pas toujours la plus confortable. Et à l’intérieur même de ce groupe des quatre de tête, on va aussi beaucoup s’observer…

Sixième constat : il n’y a plus guère de pression du résultat pour les bateaux à partir du 5e, qui accuse déjà plus de 5 heures de retard. Donc plus guère de risque à tenter des stratégies, des options, des choix qui peuvent – comme tous les choix – s’avérer au mieux extrêmement payants, au pire catastrophiques… et ménager l’ensemble des possibilités entre ces deux extrêmes.

Bruno Ménard