Départs millimétrés, manœuvres bien huilées : Ben Ainslie manie son bateau avec aisance. « Il a un timing parfait sur l’eau » raconte le président du Comité de Course Philippe Faure. «On voit qu’il a fait du dériveur ». Une aisance qui paie puisqu’il n’a concédé qu’une seule défaite sur six matchs disputés depuis le début de la compétition. L’italien Paolo Cian est l’autre skipper en forme. Il est lui aussi en tête avec cinq points. Pour autant, rien n’est joué et les concurrents qui conservent leurs chances de se qualifier pour les quarts de finale sont nombreux.
Côté français, ils sont désormais trois à avoir engrangé quatre victoires depuis le début de l’épreuve à Marseille : Philippe Presti, Pierre-Antoine Morvan et Sébastien Col. La plus belle victoire du jour est sans aucun doute celle que Sébastien Col a arrachée à l’Australien Peter Gilmour cet après-midi. Rien n’était joué au départ : Col a même dû enrouler la bouée après avoir mordu la ligne. Mais le local de l’étape a repris l’avantage dans la première remontée au vent. « On a choisi de croiser derrière Gilmour. Et sur une bataille de virements de bord on est revenu au contact et on a repris l’avantage » raconte le skipper d’All4One. De son côté, Peter Gilmour a tenté de forcer le passage et a finalement écopé d’une pénalité. Un beau spectacle qui a atteint son paroxysme à la bouée sous le vent quand l’un des équipiers de Gilmour est passé à l’eau. Les Australiens ont réussi à remonter Yasuhiro Yaji à bord mais le match était perdu. « On est content d’avoir rentré des points mais tout va se jouer demain » confie Sébastien Col. De retour d’Auckland où il a disputé les Louis Vuitton Trophy, Col n’a pas son tacticien habituel. Il navigue pour la première fois avec le vice champion de France de match racing Cédric Chateau. « Le fait de naviguer avec des gens différents est une opportunité. Cela amène de la fraîcheur. On en a besoin aussi. C’est intéressant de prendre du recul ».
Les aînés en difficulté
Après une journée d’hier difficile marquée par quatre défaites, Pierre-Antoine Morvan est sorti de sa spirale négative. Le Vannetais s’est imposé cet après-midi face à Gian Luca Perris, Francesco Bruni, Peter Gilmour et Bertrand Pacé. Les deux « aînés » du Match Race France sont d’ailleurs les concurrents qui sont les plus mal classés après deux jours de compétition. Le français Bertrand Pacé (48 ans) n’a qu’une victoire à son actif sur sept matchs courus. Peter Gilmour (50 ans) n’a battu que deux adversaires sur huit duels disputés. « On savait que ça serait difficile, » analyse le français Thierry Douillard qui navigue avec Gilmour père et fils. « Les équipages engagés s’entraînent beaucoup et connaissent bien les J80. L’expérience arrive à combler en partie notre manque d’entraînement mais cela ne suffit pas tout à fait. Et on a eu beaucoup de pénalités aujourd’hui ».
Les journées sont d’autant plus compliquées à négocier pour les douze skippers que le vent a du mal à s’installer. « Une des difficultés de ce sport est d’alterner les pics de concentration et les moments où il ne se passe rien. Ce n’est pas évident. Les journées sont souvent longues avec des interruptions », commente Marc Bouët l’entraîneur de l’équipe de France de match racing.