« Maintenant, c’est une course de nuages, a résumé Dominic Vittet (4e sur ATAO Audio System avec Lionel Lemonchois). Hier soir, nous sommes restés scotchés avec E.Leclerc/Bouygues Telecom à côté d’un stratus et Groupe Bel nous a collé 10 milles ! » Finis les alizés bien établis entre 15 et 25 nœuds. En traversant un petit front, les 25 concurrents encore en course sont entrés dans une zone de vents très instables. Il faut donc sauter d’un nuage à l’autre. Jouer en bordure de gros cumulo-nimbus noirs. Mais certains sont sournois. Deux nuages d’aspect similaire peuvent engendrer 0 ou 30 nœuds de vent ! Après 16 jours de mer – et à environ quatre jours de l’arrivée – les nerfs des coureurs sont donc mis à rude épreuve. « Hier, on a chassé les grains toute la journée, raconte avec un léger accent anglais Sam Davies (9e sur Roxy avec Alexia Barrier). On en a attrapé quelques-uns avec 30 nœuds de vent ! »
Pas de grandes options possibles dans ces conditions. Il faut faire du gagne petit. Chercher le bord le plus rapprochant en suivant les variations du vent. Parti le plus au nord du groupe de tête, Gildas Morvan (11e sur Cercle Vert avec Erwan Tabarly) se veut philosophe. « Partout sur le plan d’eau, le vent est très aléatoire. Nous, on essaye de naviguer avec ce qu’on a, sans tirer des plans sur la comète. Ces jours-ci, on navigue plus à l’instinct qu’à l’ordinateur ! » Savoir lire les nuages. C’est justement tout l’art des grands navigateurs.
En tête depuis lundi matin, Kito de Pavant et Pietro d’Ali (Groupe Bel) ont réussi à creuser un peu l’écart avec leurs poursuivants directs. Mais il suffit d’un mauvais nuage pour que tout soit redistribué. « On a plus de pression en étant en tête, raconte Kito de Pavant ça va être chaud jusqu’au bout. Mais bon, on est en tête, on en profite et on verra bien qui arrivera le premier à Saint-Barthélemy. »
Premier à Saint-Barth ? Ils peuvent presque tous y croire. A commencer par Armel Le Cleac’h et Nicolas Troussel (3e sur Brit Air). Les tenants du titre ont tenté une option sud à plus de 100 milles du reste de la flotte. Un décalage qui offre un avantage psychologique de taille. Personne ne peut les contrôler. Depuis qu’ils ont empanné hier soir, ils font route direct vers Saint-Barth avec un meilleur angle de vent que leurs adversaires. Depuis, à chaque classement, ils reprennent des milles sur les premiers. De 34 milles mardi à 4h00, leur retard s’est réduit à 13 milles dix heures plus tard… A ce rythme, ils pourraient être en tête mercredi matin et arriver dès samedi à Gustavia. Mais cela reste du conditionnel. Car, comme le rappelle Charles Caudrelier (10e sur Bostik avec Nicolas Bérenger) : « quand c’est foireux au niveau météo, tout est possible ! » On l’aurait presque oublié…
Ils ont dit à la vacation de 12h00…
Kito de Pavant (Groupe Bel) : « On a repris un peu du vent. La fin de nuit était un peu mollassonne. On a eu moins de 15 nœuds de vent pendant quelques heures. Ça nous a fait tout drôle. On n’avait l’impression de ne pas avancer. Cela a duré quelques heures. Brit Air a perdu hier puis est revenu aujourd’hui. Au final, c’est le même écart qu’il y a 24 heures. D’après les fichiers, il n’y a pas de raison qu’il soit plus avantagé que nous. Ce n’est pas gagné, ni pour l’un ni pour l’autre, et pas perdu non plus pour tous ceux qui sont autour de nous. On est en tête, on en profite et on verra bien qui arrivera le premier à St Barth. »
Jeanne Grégoire (Banque Populaire) : « On a enfin retouché un peu de vent. On continue à se faire des nœuds au cerveau à chaque grain. Ce que je veux faire après cette course ? Faire une belle saison Figaro. Et puis comme beaucoup de ceux qui sont sur l’eau vers St Barth, l’objectif est d’être un jour au départ du Vendée Globe. Pour moi ce serait un aboutissement. Après le Vendée Globe, je veux bien faire femme au foyer ! Mais sûrement pas skipper de trimaran… »
Dominic Vittet (Atao Audio System) : « on a la chance d’être encore dans le match, donc on reste concentrés et solidaires. Ça va être une course de nuages. Le vent n’est pas clairement établi. C’est tout le système nuageux qu’il faut très bien exploiter. La nuit dernière, on est restés scotchés avec E.Leclerc/Bouygues Telecom à côté d’une espèce de stratus et Groupe Bel nous a collé 10 milles. Pourtant, hier soir, on était assez euphoriques. On avait passé une super journée, à faire que des bordures de nuages. On pensait qu’on allait éclater tout le monde au pointage, et en fait, on a pris une tôle ! »
Charles Caudrelier (Bostik) : « ce matin, on a repris 6 milles. La roue tourne ! On n’est pas là où on voudrait. On est donc un peu déçus. Il faut philosopher. Parfois, on est au milieu du paquet, et ça ne va pas. On a même plongé sous la quille pour voir si on n’avait pas quelque chose de coincer. Mais rien. Hier, il y avait une bulle sans vent. Impossible de la traverser. Le vent bouge tout le temps. C’est très variable à cause des nuages et du petit front au-dessus de nous. Il y a une grande bande de nuages qui fout le bordel sur la flotte.
On a du mal à s’imaginer gagnant, mais on voit qu’il reste encore de la route. Mais comme on est au milieu du paquet, on n’y croit pas trop. On essaye de jouer avec ce qu’on a. On hésite entre tenter le tout pour le tout et essayer de naviguer propre quitte à rester derrière. Objectivement, on aimerait être dans les 5 ou 6 premiers à l’arrivée, mais la route est encore longue. Quand c’est foireux, il peut se passer tellement de chose. Il faut garder espoir. »
Gildas Morvan (Cercle Vert) : « Pour l’instant, on a perdu un peu de terrain sur le groupe de tête avec notre option nord. On est restés encalminés il y a 2 jours. Partout sur le plan d’eau, le vent est aléatoire. On essaye de naviguer avec les vents qu’on a, et ne pas tirer des plans sur la comète. Il n’y a rien de très clair sur les fichiers. Ces jours-ci, on navigue plus à l’instinct qu’à l’ordinateur. »
Armel Le Cleac’h (Brit Air) : « On a empanné hier soir pour enfin faire route vers St Barth. A chaque classement, on grappille des milles et des places. Ce qui veut dire qu’on a plus de vent. On a eu quelques grains sympathiques ce matin. C’est monté à 30 nœuds. Il y a une alternance de passages nuageux avec des grains. Des zones avec moins de vent, et des zones avec beaucoup de vent. On avait 34 milles de retard ce matin à 5h, et 19 milles à midi. C’est bon signe, mais la route est encore longue. Il faut naviguer sur le bord rapprochant et jouer les bascules de vent. Pour l’instant, on est encore trop écarté des autres bateaux pour vouloir faire du marquage. Dans deux ou trois jours, on sera plus fixé sur les positions. A priori, le premier vol Brit Air Concarneau/St Barth doit atterrir le 29 ! »
Sam Davies (Roxy) : « ça va bien, il fait chaud, il fait beau ! On est remonté dans le nord. Ce n’était pas facile de choisir, car les prévisions sont différentes tous les jours. On a donc choisi de faire le moins de distance possible. Et puis c’est peut-être mieux d’approcher St Barth par le nord. On ne veut pas prendre de risques pour gagner à tout prix, mais bien naviguer pour faire la meilleure place possible. Hier, on a chassé les grains toute la journée. On en a attrapé quelques-uns avec 30 nœuds de vent. Sinon, j’ai récupéré de l’eau de pluie dans la grand-voile pour me rincer les cheveux après la douche hier. On a plus bu que d’habitude. Il nous reste donc un peu moins d’eau que prévu. »
Classement à 16H32 (heure de Paris)
1 Groupe Bel
2 Banque Populaire
3 Brit Air
4 ATAO Audio System
5 VEOLIA
6 Aquarelle.com
7 E. Leclerc / Bouygues Telecom
8 Brossard
9 Roxy
10 Bostik
11 Cercle Vert
12 Des Pieds et des Mains
13 Delta Dore
14 AXA Atout Coeur pour Aides
15 Siemens
16 Lubexcel
17 Suzuki Automobiles
18 Groupe CELEOS
19 Les Mousquetaires
20 Entreprendre Au Pays de Lorient
21 GUY HOQUET Immobilier
22 Gédimat
23 Objectif Océans
24 Port Olona