Le Cam : « Le Vendée Globe est avant tout une aventure »

Jean Le Cam Synerciel
DR

Jean Le Cam a fait la une lors des deux dernières éditions du Vendée Globe. En 2004-2005, c’était au cap Horn qu’il a pris la tête de la course avec Vincent Riou doublant le cap dur 15 heures et 30 minutes plus tard. En janvier 2009, à 200 milles à l’ouest de ce même cap, son VM Matériaux s’est retourné, nécessitant l’intervention de Vincent Riou, qui est venu à son secours. S’il a déjà vécu des hauts et des bas dans le Vendée Globe, Jean Le Cam trouve normal son choix de repartir le 10 novembre prochain. « J’ai fait 16 Solitaires du Figaro. C’est seulement mon troisième Vendée Globe… Poulidor un nombre incalculable de Tours de France… bon Poulidor n’est peut-être pas le meilleur exemple parce qu’il avait la fâcheuse habitude de terminer second. Tout ça pour dire que je me donne encore beaucoup de marge. Et j’y retourne parce que c’est une belle course, tout simplement. Le Vendée Globe est avant tout une aventure. Il faut d’abord arriver. Je suis très content d’être au départ, de le faire. Après, c’est à la fin de la foire que l’on compte les bouses ! »

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On connaît l’acharnement et la détermination de Jean Le Cam. Ses trois victoires dans la Solitaire du Figaro en témoignent. Cela peut ainsi surprendre que le skipper de l’ex-Gitana 80, désormais sous les couleurs de Synerciel n’a participé à aucune course sur ce bateau jusqu’ici. « Nous avons préféré ne pas naviguer et nous concentrer sur la préparation du bateau. Nous savions que notre projet était tardif. Se comparer aux autres ne rentrait pas dans notre timing. Et les entraînements à la journée ne sont pas significatifs pour un Vendée Globe. Synerciel est certes plus rustique mais il a aussi prouvé sa fiabilité puisqu’il a déjà parcouru de nombreux milles, dont un tour du monde avec la Barcelona World Race. »

Parmi les modifications effectuées, l’objectif principal a été de réaliser des gains de poids. « Plus il est léger, plus on améliore le coefficient de traînée, ce qui est très intéressant dans une logique de tour du monde lorsque l’on cherche à avoir des centres de voilure assez bas tout en gardant de la performance. Je préfère donc la légèreté. Le centre de voilure s’élève avec un bateau trop lourd parce qu’il faut porter beaucoup de toile. De plus, plus les voiles sont grandes, plus elles sont difficiles à manipuler en solitaire. Les principes retenus étaient de concevoir des voiles faciles à manœuvrer et aux plages d’utilisation larges de façon à les changer le moins souvent possible, pour se préserver physiquement. »

Quant à l’avenir de la classe IMOCA, Le Cam croit que nous sommes à un moment clé, où « il faut diminuer l’impact de l’argent sur le niveau sportif. » Et cela afin d’inciter les jeunes à entrer dans le circuit et de garantir le niveau sportif.  « Tout ça veut dire qu’il faudrait aller, selon moi, vers une standardisation des bateaux, à un certain niveau, notamment coque, pont, mât… Après, il restera une forme de liberté, au niveau de l’informatique, des sources d’énergie… L’idée est de garder la flotte actuelle telle qu’elle est et introduire un nouveau bateau qui soit aussi performant, ce qui permet de faire une transition en douceur. Il suffit de voir ce qui se passe autour de nous avec la classe 6.50 par exemple. Il n’y a eu qu’un seul prototype construit cette année. C’est très significatif. Alors que les bateaux de série qui sont accessibles aux jeunes se développent. »

Mais pour autant, le skipper de Synerciel n’envisage pas une monotypie stricte. « Il s’agirait d’avoir des pontons identiques mais nous pouvons laisser une certaine forme de liberté pour le roof, sur les winchs, pour l’accastillage, sur un certain nombre de choses qui n’atteint pas la structure même du bateau ni sa performance. Les gens d’expérience comme moi avons beaucoup de conseils à donner pour la construction de ce bateau. (…)  Dans le cas de la création d’un IMOCA que j’appellerais « évolution », cela peut être un investissement encore performant dans huit ans. Cela aidera les jeunes à trouver des investisseurs et cela ouvrira la classe par la même occasion à de nouveaux skippers. L’idée est de mettre des moyens en commun pour développer l’ensemble des bateaux, au lieu que tout le monde investisse dans son coin. C’est la voie que je défendrais, et pas a moitié ! »