La mer s’assagit et les alizés sont bien établis

Edmond de Rothschild TJV 2013
DR

Depuis le passage du cap Finisterre hier, les deux MOD70 ont incurvé leurs trajectoires pour contourner l’anticyclone des Açores. En se recadrant plus franchement dans le Sud, Edmond de Rothschild (Sébastien Josse/Charles Caudrelier) a bénéficié d’un flux plus soutenu que son rival Oman Air-Musandam (Sidney Gavignet/Damian Foxall). Mais à 17h, les duos affichaient une vitesse moyenne similaire, de l’ordre de 27 nœuds. L’avance d’Edmond de Rothschild se portait à 80 milles. Joint ce midi à la vacation, Charles Caudrelier se montrait toutefois prudent : « En multicoque, tout va très vite, donc notre avance peut vite fondre ». Usés par un début de course éreintant, les marins apprécient les jolies glissades au portant dans les alizés. Et ces bonnes conditions devraient durer car le vent de Nord-Est est bien établi jusqu’à la latitude du Cap-Vert. Les MOD70 sont partis pour passer très à l’ouest de Madère. Edmond de Rothschild atteindra la latitude de l’archipel portugais vers 19 heures françaises.

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Le duel entre Actual (Yves Le Blevec/Kito de Pavant) et Arkema – Région Aquitaine (Lalou Roucayrol/Mayeul Riffet) continue de plus belle ! Avec une trajectoire plus Est que ses concurrents pour aller chercher plus de pression, Actual semble avoir réalisé une bonne opération : il domine maintenant de 11 milles le trimaran aquitain et caracole à 17 nœuds. Dans un vent qui mollit le long des côtes portugaises, le classement peut être totalement redistribué. FenêtréA-Cardinal (Erwan Le Roux/Yann Eliès) reste aux aguets, 1 mille derrière Arkema – Région Aquitaine. Les paris sont largement ouverts ! Dans quelques heures, le trio prendra le train des alizés comme l’ont fait avant eux les deux MOD70. Il va falloir désormais empanner au bon moment et réaliser la meilleure trajectoire jusqu’à la latitude de Madère. Plus de 200 milles derrière Actual, Rennes Métropole – Saint-Malo Agglomération (Gilles Lamiré/Andrea Mura) a doublé ce midi le cap Finisterre dans de petits airs et devrait ralentir encore dans la dorsale anticyclonique qui se rapproche des côtes. Enfin, Vers un monde sans Sida (Eric Nigon/Samy Villeneuve) rentre dans le golfe de Gascogne sereinement poussé par un vent d’Ouest de moins de 20 nœuds.

Des rafales supérieures à 50 noeuds pour Actual

 

IMOCA : MACIF stoppé, PRB nouveau leader

Une journée marquée par l’arrêt de MACIF (François Gabart/Michel Desjoyeaux) depuis 15 h (heure française) dans le port portugais de Peniche au nord de Lisbonne pour réparer le safran tribord endommagé hier soir. Le tandem était largement en tête jusque l’incident (50 milles d’écart avec ses poursuivants). Cette halte profite à trois mousquetaires : PRB (Vincent Riou/Jean Le Cam) désormais en tête moins d’1 mille devant Maître CoQ (Jérémie Beyou/Christopher Pratt) et à moins de 3 milles de Safran (Marc Guillemot/Pascal Bidégorry)… Sous spi dans des conditions plus clémentes, les marins en profitent pour récupérer des deux premiers jours difficiles tout en continuant à régater à couteaux tirés. Bientôt, ils prendront le train des alizés. Derrière, Cheminées Poujoulat a perdu du terrain, il se situe à 25 milles du nouveau leader PRB. A l’arrière de la flotte, trois IMOCA (Team Plastique, Initiatives-Cœur et Energa) ont doublé le cap Finisterre et naviguent désormais dans un vent de Nord-Est faiblissant.

Pascal Bidégorry et Marc Guillemot sur Safran

 

De GDF SUEZ (Sébastien Rogues/Fabien Delahaye), à 4 heures françaises, à EcoElec-Frantronic à 13h21, les 26 Class40 ont successivement quitté Roscoff, avec une (re)mise en jambe dynamique pour la plupart d’entre eux. Les conditions de navigation étaient encore animées tôt ce matin en Manche. Mais le flux de Nord-Ouest a rapidement molli à 15-20 nœuds, avant un léger refus au secteur Ouest. Passé Ouessant, tous les concurrents ont opté pour une trajectoire bien au large de l’île de Sein. Avec une mer qui a tendance à s’assagir, la traversée du golfe de Gascogne s’annonce moins agitée que pour les trois autres classes de la Transat Jacques Vabre. Les premiers devraient arriver au cap Finisterre dans la nuit de lundi à mardi.

Ils ont dit :

Marc Guillemot, skipper de Safran (IMOCA) : « Le début de course – sortie de Manche et golfe de Gascogne – s’est déroulé comme prévu : humide, tonique et sportif. En ce moment, nous sommes au portant pour longer les côtes portugaises. Nous essayons de nous reposer, car depuis le milieu du Golfe, nous étions un peu cramés. On prend un rythme normal pour l’alimentation, le sommeil et le séchage ! On a eu quelques petits soucis techniques mais rien de dramatique, rien qui nous empêchera de continuer à attaquer comme on fait maintenant.

Nous allons négocier l’anticyclone, préparer la descente vers les Canaries, vers le Sud. La bagarre va continuer, car il y a toujours des stratégies à mettre en place. Il y a toujours un avantage à être plus dans l’Est ou plus dans l’Ouest. Nous verrons ce que les variations de vent nous permettront de faire. »

Charles Caudrelier, co-skipper d’Edmond de Rothschild (MOD70) : « Ça ne va pas mal, nous glissons au portant à bonne vitesse, c’est plaisant. Mais sur ces bateaux, il faut faire très attention, même dans des conditions de rêve. Nous avons essayé de  dormir mais on ne l’a pas fait autant qu’on l’aurait voulu. Nous avons beaucoup manœuvré pour contourner les petits grains dans la nuit et nous nous sommes recalés dans le sud. Le copain (Oman Air-Musandam) est allé tout droit. En multicoque ça va très vite, donc notre avance peut vite fondre. Le routeur n’est pas à bord mais on lui fait entière confiance. »

Eric Nigon, skipper de Vers un Monde sans Sida (Multi 50) : « Nous sommes repartis de Brest ce matin à 8h, nous avons attendu le jour pour passer le goulet. On est en trace directe vers le cap Finisterre. Les réparations ont été faites rapidement mais il a fallu attendre presque 24h que la dépression passe pour repartir en course. Maintenant, on a beaucoup de mer et moins de vent. On navigue sous gennaker. Ça bouge dans tous les sens, ce n’est pas très bon pour le bateau. »

François Damiens, co-skipper d’Initiatives-Cœur (IMOCA) : « Nous sommes contents de sortir de ce golfe de Gascogne : ça ne fait pas peur mais c’est inconfortable. Nous allons commencer à manger, c’était un peu du gaspillage avant ! Les premiers jours, je me demandais un peu ce que je faisais là, j’avais des hauts et des bas. A bord, on entend le bateau qui travaille, on se demande parfois comment il résiste… On ne s’est pas beaucoup vu avec Tanguy, il y a énormément à faire sur le bateau et il faut anticiper. Tanguy s’en sort bien avec sa cheville mais au final j’ai été moins malade que lui ! Pourtant je ne suis pas né sur un bateau… J’ai juste eu le mal de mer pendant une heure, parce que j’étais trempé. Je suis très content de ce début de traversée qui se passe comme je l’imaginais. L’avant départ a été un peu pénible mentalement. Dire au revoir, revenir, attendre, etc… j’avais envie que le golfe de Gascogne soit derrière nous ! »

Classement de 17h
MOD70
1 -EDMOND DE ROTHSCHILD à 4129,48 milles de l’arrivée
2 – OMAN AIR MUSANDAM à 80,39 milles du premier

Multi 50
1 – ACTUAL à 4540,91 milles de l’arrivée
2 – ARKEMA – Region Aquitaine à 11,54 milles du premier
3 – FENETREA CARDINAL à 12,96 milles du premier

IMOCA
1 – PRB à 4586,89 milles de l’arrivée
2 – Maître CoQ à 0,97 mille du premier
3 – SAFRAN à 2,49 milles du premier

Class40
1 – GDF SUEZ à 5086,22 milles de l’arrivée
2 – Tales Santander 2014 à 9,16 milles du premier
3 – Mare à 17,25 milles du premier