De l’avis de tous les marins, elle est dure cette transat ! Depuis le départ de Brest le 17 mars dernier, les conditions météo, les choix tactiques, le stress de la casse, la pression de la régate ont tiré sur le physique des solitaires. Ce matin à la vacation de 5 heures, les skippers semblaient engourdis, un peu « cramés » au dire de Gildas Morvan, pourtant une force de la nature : “C’est une transat difficile. Tout à l’heure, pendant une heure, j’étais à 30 nœuds établis, on ne voyait rien… On en a bavé quand même. Dans ces conditions, les empannages sont dangereux. Je fais attention, je mets le harnais pour aller à l’avant mais on a vite fait de faire une bêtise. Il faut faire attention“.
Les grains leur font perdre la tête. Il faut reprendre la barre, au pire empanner quand la bascule est trop importante tout en restant sur la route directe, se méfier de la mer qui se lève. “J’ai fait un paquet d’empannages, je ne sais pas combien, mais peut-être une trentaine ! J’ai pris toutes les bascules. Il y a des grains qui lèvent du clapot, quand on empanne ce n’est pas forcément facile de ne pas faire de bêtise.” avouait Erwan Tabarly ce matin. Jusqu’au bout, les alizés vont donner du fil à retordre à toute la flotte.
Dans le classement, il risque bien d’y avoir des bascules aussi…. Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012), actuellement 3e, surveille ce qu’il se passe au-dessus et en-dessous : « Gildas (Morvan) et Erwan (Tabarly) sont sur la route à coup d’empannages, ça va être intéressant de voir ce que ça va donner. Il y a Anthony (Marchand) qui fait un beau retour par le nord et qu’il va falloir surveiller. » Le skipper de Bretagne – Crédit Mutuel Performance, l’air de rien, fait en effet une superbe remontée. Au détriment d’Adrien Hardy qui vit des heures difficiles. Il navigue en équilibriste avec son seul safran bâbord. Le pilote ne tient pas la route, Adrien est contraint de barrer quasi en permanence, et se pose des questions quand à son prochain empannage. Malgré tout, il ne veut pas baisser les bras, pas maintenant, à moins de quatre jours de l’arrivée : “Je ne vais pas lâcher le morceau. Je ne vais pas laisser ma place aux autres. Le problème, c’est de se reposer, parce que je n’ai pas une autonomie indéfinie“.
Ils ont dit
Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer) : « Cette nuit c’était plus calme, quelques bascules de vent mais un ciel plus uniforme. J’ai une vingtaine de nœuds de vent, toujours sous spi. J’ai pu me reposer un peu. L’ ETA c’est dimanche matin entre 3h TU et 5h TU pour les routages, mais j’ai l’impression qu’on va mettre un peu plus de temps… Cette nuit je n’ai pas cherché à contrôler Gildas (Morvan) parce que de toutes façons on avance quasiment à 10 nœuds tous les deux, ça fait 80 milles d’un bord ou de l’autre. Je me suis concentré à prendre les bascules dans le bon sens. J’ai quand même fait un paquet d’empannages, je ne sais pas combien, mais peut-être une trentaine ! »
Gildas Morvan (Cercle Vert) : “C’est un peu plus calme que la nuit d’hier. Le vent est un peu plus stable, un peu moins fort et ça permet de mettre le pilote régulièrement pour aller dormir. Le vent bouge sans arrêt donc il faut suivre. En général ça mollit un peu et juste après on empanne. J’ai bien peur que ce soit comme ça jusqu’à l’arrivée. Dans ces conditions les empannages sont un peu dangereux. Je fais attention, je mets le harnais pour aller à l’avant mais on a vite fait de faire une bêtise. Il faut faire attention”.
Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) : ” Pour moi c’est calme, je n’ai pas beaucoup de vent par rapport à mes petits copains du nord je pense. J’avais peur qu’on ait une nuit comme la précédente mais finalement c’était étoilé sans nuage. J’essaie de suivre un peu les oscillations, ce n’est pas facile parce que la mer n’est vraiment pas bonne. J’ai essayé de suivre mais au final c’était très compliqué d’essayer de gagner un petit peu. Du coup, je suis plus dans l’optique d’aller chercher quelque chose sur le long terme.”
Adrien Hardy (Agir Recouvrement) : ” C’est dur ! C’est surtout dur parce que la course va être encore plus rude. Le bateau ne va pas droit du tout et c’est fatiguant, c’est stressant. Ca fait déjà maintenant 48 heures que je n’ai pas beaucoup dormi. J’ai du mal à me reposer et d’un côté je n’ai pas envie de lâcher le morceau. J’ai passé des heures à gagner du terrain et je veux me battre parce que je sais que malgré cette avarie il y a encore quelque chose à jouer. C’est assez dur de barrer dans ces conditions et sur l’autre bord ça va être encore pire. C’est un peu la souffrance. »
Classement de 5 heures
1 ARMOR LUX – COMPTOIR DE LA MER Erwan Tabarly à 716,69 milles
2 CERCLE VERT Gildas Morvan à 47,75 milles
3 SKIPPER MACIF 2012 Fabien Delahaye à 68,87 milles
4 AGIR RECOUVREMENT Adrien Hardy à 102,21 milles
5 BRETAGNE – CREDIT MUTUEL PERFORMANCE Anthony Marchand à 102,90milles
6 DLBC – MODULE CREATION Yoann Richomme à 126,35 milles
7 LES RECYCLEURS BRETONS Simon Troel à 212,57 milles
8 LA SOLIDARITE MUTUALISTE Damien Guillou à 231,32 milles
9 BRETAGNE – CREDIT MUTUEL ESPOIR Corentin Horeau à 266,48 milles
10 REGATES SENONAISES Arnaud Godart Philippe à 389,87 milles
11 TEKTON / AGM – REGION MARTINIQUE Eric Baray à 1960,38 milles
ABD SPONSOR ME Kristin Songe Moller
ABD GROUPE QUEGUINER – LEUCEMIE ESPOIR Yann Elies
ABD GEDIMAT Thierry Chabagny
ABD SEPALUMIC Frédéric Duthil