" Je prendrai, demain, le départ de ma première transat en solo, en course. Le départ de la Mini.
Nous serons 84. Non, c’est désormais 89 qui avons beaucoup donné pour obtenir notre place dans le bassin des chalutiers de La Rochelle, pour ce qui est sans doute devenue la plus difficile à atteindre des transats solo.
Le nombre de têtes que l’on a plus l’habitude de voir sur leurs gros bateaux dans les magazines et qui avaient fait le déplacement pour la très bon enfant soirée des 30 ans, montre à quel point ces petits bateaux ont servi de révélateur à maintenant plus d’une génération de marins.
Déambuler sur les pontons à quelques jours du départ suffit, par quelques indices, à comprendre à quel point cet aspect « pied à l’étrier » est aujourd’hui une motivation importante des participants. En 2005, j’étais venu aider un ami à préparer son bateau la dernière semaine et nous étions loin d’être aussi opérationnels. A quelques jours du départ les bateaux fermés étaient l’exception qui confirmait la règle du joyeux capharnaüm et de la «to do list» longue comme le bras. En 2007, maintenant en série comme en proto, beaucoup de bateaux sont plus que prêts. Et leurs skippers ne font plus que de rapides aller–retour sur les quais. Ils sont pros, au moins dans l’esprit. Cette mini n’est, ils l’espèrent, que la première étape de leur parcours au large. Je caricature un peu mais indubitablement, le mouvement s’accélère.
Pour ne pas déroger à la nouvelle règle, il ne me reste quasiment que les courses de frais à embarquer et cette dernière journée va être consacrée à la météo et aux partenaires.
Ce qui pour le moment, me procure le plus d’émotion (mais nous ne sommes pas encore demain) c’est qu’il ne me reste plus que 2 navigations, les 2 étapes, sur mon bateau. Ensuite il faudra m’en séparer.
Et, bien sur, j’ai pris mon temps pour m’amarrer à ma place dans le bassin. Pour en profiter un peu.
La météo qui s’annonçait favorable a été contrariée par une dépression mal venue qui a motivé un retard du départ, tant il semble que la mini, à sa 30ème édition, reste encore et toujours sur la sellette. Revers de la médaille d’un héritage «dissident» assumé, revendiqué parfois, qui a construit la légende de «l’esprit mini» que l’on racontera bientôt aux enfants au coin du feu.
A défaut de départ, dimanche, nous avons eu une pétole. Pardon, un promène sponsors. Encore pardon, un prologue. Sans classement puisque interrompu, l’un des principaux intéressés ayant, vous l’aurez compris fait défaut. Cela a quand même permis au coureurs quelques plouf équipés d’éponges et à l’organisation de retirer des pontons du bassin qui étaient affectés à d’autres priorités.
Le village de course est fermé, les bateaux sont à couple et le départ devrait finalement être donné dans la simplicité. Comme il y a 30 ans. "
Matthieu Girolet