Kito de Pavant: «En Méditerranée, on sait naviguer aussi»

Kito de Pavant Groupe Bel
DR

Kito de Pavant se bat contre l’idée qu’il faut être breton pour faire du bateau. « Moi je suis Méditerranéen, même si je suis né en Dordogne, et c’est vrai que j’entends ça tous les jours.  Les gens qui me voient travailler sur le bateau à Palavas me disent : ‘Mais qu’est-ce qu’un Breton vient faire ici ?’. Mais je ne suis pas Breton (rires). En Méditerranée, on sait naviguer aussi. On a un joli plan d’eau, une jolie mer bleue avec du vent et des conditions parfois difficiles, et je crois que dans notre région qu’est le Languedoc-Roussillon, on a finalement les conditions un peu rudes qu’on peut rencontrer en Bretagne ou en Vendée. Et on est quelques uns à avoir montré qu’en Méditerranée on sait faire du bateau en solitaire. »

- Publicité -

Marin baroudeur, fier d’avoir découvert la Martinique au sextant lors de sa première transat,   le skipper a poursuivi sa quête des grands espaces sur le lac Tanganyika. Son âme d’aventurier reprend ensuite le large, aux Antilles, sur l’Océan Indien, le Pacifique, la mer Rouge, la mer de Chine. Mais il souligne qu’il n’est pas quelqu’un qui a le goût du risque.  « Je ne suis pas quelqu’un d’inconscient, je ne suis pas un casse-cou. Je sais qu’il y a des dangers et on essaye justement dans la préparation de la course de maîtriser un maximum de paramètres, à tous les niveaux. Donc le bateau on le prépare pour qu’il soit performant mais surtout solide, on essaye de gérer tous les aspects météo pour savoir où il faut aller, quand il faut. Au niveau de la sécurité on va faire ce qu’il faut pour ne pas prendre trop de risque… On en prendra forcément, puisque par l’enjeu de cette course, on est d’abord des compétiteurs. Mais il ne faut pas se laisser piéger par cette envie de gagner. Je pense que plus on avance, plus on maîtrise les choses… Ou en tout cas, on a l’impression de les maîtriser. L’expérience aide pour savoir quand il faut calmer le jeu mais d’un autre côté on pousse de plus en plus. J’ai un bateau qui a 5 ans, j’ai fait plus de 100 000 milles avec le bateau ce qui équivaut à quatre Vendée Globe. Je le connais par cœur et je sais qu’aujourd’hui je vais beaucoup plus vite qu’il y a quatre ans. »

Certains skippers rêvent du Vendée Globe depuis leur enfance, mais ce n’est pas trop le cas de Kito, qui considère plutôt que c’est un défi réalisable. « Ça n’a jamais été un rêve donc ce serait plus par défi. Cette histoire du Vendée Globe, elle est arrivée parce que j’ai rencontré la personne qui voulait faire la même chose que moi, et en même temps. Avec Groupe Bel on s’est trouvé et on a eu envie de faire ça. Mais c’est vrai que je n’en avais jamais vraiment rêvé. C’est bien sûr un défi super mais pour moi c’était quelque chose de réalisable, à ma portée. D’ailleurs, à chaque fois que j’ai contacté un sponsor pour faire une course, c’est parce que je me sentais capable de bien le faire. Je ne suis jamais allé voir un sponsor en disant « je veux aller sur la lune » (rires). »

Si dans les moments durs, la solitude peut être difficile à supporter et que la vie à bord n’est pas toujours facile, Kito estime qu’il est néanmoins bien préparé pour ces trois mois en mer. « La solitude, on l’accepte, on est formaté pour ça. Mon expérience, ma vie de marin ont fait que je me suis souvent retrouvé seul sur le bateau et c’est quelque chose que j’aime beaucoup et que j’assume. Quand j’ai décidé de faire le Vendée Globe, j’ai intégré le fait d’être seul pendant 80 jours dans ma préparation. Ça se gère automatiquement. Mais je ne dis pas que c’est facile pour autant, on ne rigole pas tous les jours… A moins de s’appeler Samantha Davies, on ne danse pas toujours sur le pont! (rires) »