Joyon revient à 10 milles de Gabart

@ Aubin Houdet

Le suspense reste entier entre François Gabart toujours leader, et Francis Joyon qui revient à 12 mn. Alors que le final a déjà commencé avec le passage de la tête à l’Anglais, les deux skippers vont aborder la partie la plus compliquée pour rejoindre basse-terre.
Ce sont environ vingt-cinq milles à couvrir vers la bouée de Basse-Terre. Or ces milles sont probablement les plus difficiles à parcourir : le vent est rejeté en altitude par les montagnes qui prolongent le volcan de La Soufrière et ce ne sont plus que de maigres risées qui se déplacent aléatoirement sur une mer presque lisse. On a déja vu des marins solitaires totalement encalminés, sans un gramme de vent, pendant plusieurs heures ! La position de « chasseur » est alors parfois plus confortable : Franck Cammas avait ainsi débordé Marc Guillemot en 1998 sur ce tour de la Guadeloupe, avec à l’arrivée, un delta de seulement huit minutes et demie…

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Le canal des Saintes pour conclure
Alors une heure, voire une heure et demie ne sont pas suffisantes pour s’assurer de la victoire ! François Gabart le sait, lui qui a déjà effectué ce tour de l’île en 2014 sur son monocoque MACIF. Mais Francis Joyon est encore plus armé puisqu’il a quatre participations finales au compteur… Et une fois cette bouée mouillée à moins d’un mille de la côte, devant Rivière-Sens, il faut encore s’en dégager ! Quatre tout petits milles pour atteindre les alizés qui prennent du muscle dans l’entonnoir du canal des Saintes.

Bref ce dernier tronçon entre la Tête à l’Anglais et l’îlet à Cochons n’est pas une sinécure. Surtout quand des grains viennent déverser des bassines de pluie. La visibilité se réduit à peau de chagrin, et tous les répétiteurs ont beau illuminer le pied de mât et le cockpit, pas facile de s’y retrouver. Et quand en plus une voile s’agrandit à l’horizon, le syndrome de 1978 revient forcément à l’esprit : 98 secondes pour l’éternité séparaient Mike Birch de Michel Malinovsky après 23 jours de mer !

Alors qui est le plus armé pour ce final à suspense ? François Gabart est un as en météo et peut compter sur Jean-Yves Bernot pour déjouer les pièges devant lui. De son côté Francis Joyon dispose d’un trimaran plus facile à manœuvre même s’il est proportionnellement moins toilé. C’est cette capacité à réagir, à trouver la veine de vent salvatrice qui pourrait bien changer la face finale à l’entrée du canal des Saintes. Ce tour pourrait jouer des tours…