Le monde de la voile et de la course au large aura les yeux rivés sur Lausanne au cours des dix prochains jours : le Comité international olympique doit valider la semaine prochaine le programme des Jeux olympiques et confirmer l’entrée de la course au large parmi les épreuves de voile qui se dérouleront à Marseille. Décidée par World Sailing en 2018, cette petite révolution a cependant rencontré des résistances de la part de la « vieille garde » du monde de la voile olympique qui a trouvé des appuis au sein même du CIO.
Si la tendance est à l’optimisme, les défenseurs de l’entrée de la course au large, dont la Fédération française de voile, ont dû se mobiliser jusqu’au bout. Ainsi Courseaularge peut révéler aujourd’hui que son président Nicolas Hénard a adressé récemment une lettre au patron du CIO, Thomas Bach, pour « défendre l’inclusion de l’épreuve de course au large » dans le programme de voile des JO de Paris-2024.
Première étape cruciale, ce lundi avec une réunion en visioconférence de la Commission du programme olympique.
Présidée par l’Autrichien Karl Stoss, membre du CIO, cette commission a pour mission « d’analyser le programme des sports des Jeux de l’Olympiade et d’adresser des propositions à la commission exécutive du CIO pour examen ». Les 23 membres vont donc passer en revue tout le programme des JO de Paris-24, dont les sports additionnels (breakdance, escalade, skateboard et surf) ainsi que les épreuves nouvelles proposées par chaque fédération internationale. Avant de soumettre, sous l’autorité de la Direction des sports du CIO, des propositions à la Commission exécutive, le gouvernement olympique, qui se réunit la semaine prochaine (du 7 au 11 décembre) et validera définitivement le programme.
Composée de 23 personnes, la Commission du programme réunit 11 membres du CIO, notamment la très influente Suédoise Gunilla Lindberg, ancienne vice-présidente du CIO et secrétaire générale de l’Association des comités nationaux olympiques (ACNO), mais aussi l’Italien Giovanni Malago, président du Comité national olympique transalpin, le Brésilien Bernard Rajzman ou encore l’ancien rameur australien James Tomkins.
Interrogée par Courseaularge, une source a indiqué avoir des « échos positifs » avant cette réunion de la Commission du programme, concernant le programme de voile. « Mais c’est difficile à vérifier ».
Un membre de cette commission, sollicité par Courseaularge, n’a pas souhaité faire de commentaires : « Dans la mesure où le sujet est sensible, et en tant que membre de la Commission du programme, je ne peux pour le moment apporter aucun commentaire sur le programme des JO de Paris-2024. Il faudra attendre la réunion de la Commission exécutive de la semaine prochaine ».
Comment peut-il encore y avoir des doutes sur la présence de la course au large dans le programme des JO de Paris-2024 ? La décision d’intégrer parmi les dix séries olympiques la course au large en équipage double et mixte, mais aussi le kitefoil et de la planche à voile iQFoil, au détriment du Finn, a été prise il y a deux ans par World Sailing à Sarasota (États-Unis) à une large majorité (77%).
Le Comité d’organisation des JO de Paris-2024, par la voix de son président Tony Estanguet et du directeur des sports Jean-Philippe Gatien, a approuvé sans réserves ces modifications, qui vont dans le sens des réformes engagées par le CIO dans son Agenda-2020 pour favoriser la parité hommes-femmes, rajeunir le programme et le rendre plus spectaculaire.
Mais profitant du renouvellement de mandat à la présidence de World Sailing (le Danois Kim Andersen a été battu par la Chinois Li Quanhai) et de la crise du Covid-19, les défenseurs des séries olympiques traditionnelles et donc détracteurs de la course au large n’ont pas perdu tout espoir de revenir en arrière, et de convaincre le CIO de maintenir le programme actuel. Ils se sont appuyés en cela sur le Singapourien Ng Ser Miang, influent vice-président du CIO et ancien vice-président de la Fédération internationale de voile, qui s’est fait le porte-parole notamment des nations de l’Est et de certaines nations asiatiques.
Mais World Sailing a rappelé à plusieurs reprises que la réforme du programme avait été entérinée par un vote contraignant. Face à la réticence de certains, l’instance basée à Londres a même dû rappeler à l’ordre certaines fédérations nationales qui traînaient les pieds dans la mise en œuvre de la réforme.
Dans son premier discours suivant son élection début novembre, Li Quanhai n’a pas remis en cause le programme. « Comme nous l’avons indiqué à plusieurs reprises par le passé, nous nous conformons à notre processus de décision », a commenté la semaine dernière un porte-parole de World Sailing, interrogé par Courseaularge.
World Sailing nous apprend du reste que de nombreux athlètes rêvent déjà de participer à la course au large à Marseille en 2024. Notamment un certain Ivica Kostelic. Le Croate âgé de 40 ans, ancienne star mondiale du ski alpin (quadruple médaillé d’argent olympique, champion du monde de slalom) espère se qualifier en 2024 avec sa partenaire Petra Kliba. Avant cela, il envisage de disputer la Route du Rhum 2022 et s’entraîne pour cela à Cherbourg, avec pour coach Nicolas Jossier, qui a disputé notamment deux éditions de la Solitaire du Figaro.