Jean-Pierre Dick : « Je veux monter le projet parfait avec le bateau parfait ! »

Jean-Pierre Dick
DR

Jean-Pierre, le Vendée Globe 2012-13 devait être ton dernier. Pourquoi ce changement de programme ?
Jean-Pierre Dick :
« En 2011, mes partenaires et moi avions décidé d’acquérir un MOD70 pour de nouveaux défis après le Vendée Globe. Plusieurs raisons avaient dicté ce choix, notamment la promesse d’un circuit international avec en point d’orgue un tour du monde avec escales. Cette épreuve n’aura pas lieu et, plus globalement, il n’y a pas de circuit en MOD70. Cela ne nous convenait pas. Après le chavirage survenu l’automne dernier, j’ai pris du temps pour réfléchir à un nouveau projet. Le choix de repartir en 60 pieds IMOCA s’est fait naturellement car les courses sont garanties dans cette classe. Après la mise à l’eau de St Michel-Virbac, je participerai au championnat Ocean Masters de 2015 à 2017, avec bien sûr le Vendée Globe comme objectif n°1. Je ressens un goût d’inachevé depuis la dernière édition (Jean-Pierre avait terminé quatrième de l’épreuve après avoir parcouru les 2 600 derniers milles sans quille, ndlr). »

- Publicité -

As-tu envisagé des alternatives au Vendée Globe, comme la Volvo Ocean Race ?
JPD : « Il y avait deux grands éléments à prendre en compte pour définir le nouveau projet. Mes envies, tout d’abord, mais aussi les ressources financières de mes partenaires. Les coûts de la Volvo Ocean Race se réduisent mais ils restent supérieurs à ceux d’un Vendée Globe. Mes partenaires auraient eu du mal à suivre. Et de toute façon, le Vendée me motive énormément ! »

On imagine que tu reviens une quatrième fois pour gagner…
JPD :
« Tout à fait. Je n’ai pas encore atteint mon rêve de gagner le Vendée Globe, je veux faire un dernier assaut. Je sais que cela ne sera pas simple. J’aurai 51 ans au moment du départ, d’autres prétendants à la victoire seront bien plus jeunes. Mais je vais compenser mon âge avancé par une préparation adaptée et une certaine sagesse dans la conception du bateau. Je veux monter le projet parfait avec le bateau parfait ! »

C’est pourquoi tu vas lancer la construction d’un bateau neuf. Le choix du cabinet d’architectes VPLP/Verdier s’est imposé comme une évidence ?
JPD : « VPLP/Verdier, c’est la référence du circuit IMOCA aujourd’hui. Il n’y a qu’à voir les résultats du dernier Vendée pour s’en convaincre (les plans VPLP/Verdier ont terminé 1er, 2e et 4e, ndlr). Ce choix m’a semblé le plus sûr dans un contexte économique tendu. Mon dernier bateau, Virbac-Paprec 3, était déjà un plan VPLP/Verdier. Je ressens une forme d’attachement. Je me réjouis à l’idée de concevoir ce nouveau prototype qui sera le fruit de mes 13 ans d’expérience en IMOCA. Le choix du chantier n’a pas encore été fait. Mais cette fois, mon futur monocoque ne sera pas construit en Nouvelle-Zélande mais en Europe. »

Safran et Banque Populaire se sont associés pour concevoir ensemble un même moule de coque. Pourrais-tu toi aussi mutualiser les compétences avec un autre skipper ?
JPD : « Je n’exclus effectivement pas d’engager des discussions avec d’éventuels skippers qui lanceraient eux aussi une construction. Mais pour faire un partenariat, il faut être deux. Et pour l’instant, je suis tout seul (rires). Plus sérieusement, nous commençons tout juste le projet et il est encore trop tôt pour se prononcer sur cette question. Les choix techniques ne sont pas encore arrêtés. »

En attendant la construction de ton 60 pieds IMOCA, pourquoi ne participeras-tu pas à la prochaine Route du Rhum en MOD70 ?
JPD : « Tout simplement parce que je ne sens pas l’affaire. Les MOD70 n’ont pas été conçus pour naviguer en solitaire. Et honnêtement, je me suis fait peur lors du chavirage. Je pense qu’il est parfois bon de faire preuve d’une certaine sagesse. Je préfère me donner du temps pour réfléchir au nouveau projet, pour faire les bons choix. »

Propos recueillis par Olivier Bourbon