Gabart et Le Cléac’h enfoncent le clou

François Gabart Macif
DR

Il n’y a guère que le duo de tête et les cinq bateaux de l’arrière qui peuvent se réjouir de la situation ce matin sur la route du Vendée Globe, à la fin du 33e jour de course. Pour des raisons très différentes, puisqu’avec une flotte étalée sur 3500 milles (l’équivalent d’une grosse transatlantique!) les conditions météo et leurs évolutions respectives sont évidemment très disparates d’un bout à l’autre de l’Indien, qui est tout sauf une “autoroute du sud” linéaire : de Bonne Espérance où vient de passer le dernier Alessandro Di Bendetto (Team Plastique) à l’aplomb de l’Australie qui n’est plus qu’à 700 milles pour les leaders, il y a à peu près toute la gamme : des fronts, des calmes, de la tempête…

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Pour résumer  : à l’avant, l’irruption sur la trajectoire de l’ex-cyclone Claudia perturbe les bateaux classés entre la 4e et la 8e position. Non seulement ils vont devoir affronter une mer grosse et chaotique, potentiellement violente, mais de surcroît le système est rapide et ils ne pourront pas en bénéficier pour aller vite très longtemps. Ils devraient être ralentis en arrière de ce système. Ce devrait être particulièrement le cas pour le duo Jean Le Cam (Synerciel)-Mike Golding (Gamesa) et leur désormais suiveur Dominique Wavre (Mirabaud)… qui ont déjà beaucoup souffert dans des calmes ces dernières 72 heures et sont relégués à plus d’un millier de milles du duo des meneurs  Macif et Banque Populaire.

Le “club des 5” n’est plus !

On constate au moins deux choses importantes ce jeudi matin : primo Armel Le Cléac’h a réussi à reprendre à François Gabart la poignée de milles qu’il lui avait concédé voilà vingt quatre heures et les deux meneurs naviguent à vue ! Incroyable… Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) est à 100 milles, mais il s’accroche à cette troisième place en espérant la même chose que les deux de devant : pouvoir passer par le sud en évitant les affres de Claudia et les calmes qui vont suivre. Cela semble bien parti pour eux.

Deuxième constat important : le fameux “club des cinq” de l’avant  n’existe plus. Il a éclaté. Alex Thomson (Hugo Boss) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), font le choix de remonter vers le nord-est. Leur objectif est probablement d’aborder la perturbation attendue sous l’Australie par le nord… en tous cas d’éviter à tout prix de se retrouver dessous puisqu’il faudrait alors affronter des vents très soutenus de secteur Est, pleine face donc. Alex Thomson et Bernard Stamm, déjà perturbés par une répétition de petits pépins (hydrogénérateur pour l’Anglais, colonne de winch pour le Suisse qui s’est aussi soigné une molaire cassée…) jouent gros car ils vont avoir moins de vent que les trois bateau du “bas” pendant au moins une journée. Mais ils n’ont guère le choix : se retrouver face au vent et à la mer par 45° sud n’est pas une perspective acceptable sans frémir. Et au moins, ils seront sur une position très différente, bien plus nord, que celle des trois leaders. Donc potentiellement en position d’attaque au cas où une opportunité se présente.

Tout cela pour dire que du 4e au 8e, les quelques jours à venir vont être difficiles à avaler, à la fois sur l’eau et à la lecture des classements. Derrière en revanche, on ne sera pas perturbé par Claudia (qui passera devant) et l’Indien devrait offrir de bonnes conditions de glisse pour Javier Sanso (Acciona), Arnaud Boissières (Akéna Vérandas), Bertrand de Broc (Votre nom autour du monde), Tanguy De la Motte (Initiatives-Coeur) et enfin Alessandro Di Benedetto (Team Plastique). De quoi recoller un peu, peut-être, aux marins du milieu du classement, lesquels ont donc beaucoup de souci à se faire entre vents trop faibles par moments et irruption de vents trop forts à d’autres. Le tout en sachant que devant, loin devant,  deux jeunes loups aux dents longues cavalent toujours, avalent les milles à grandes vitesses et jouent la fameuse scène (école Desjoyeaux pour François Gabart) du “tout va bien à bord”.

Bruno Ménard

Classement de 5h  

 1          François Gabart  Macif à 14 326.3 nm
 2         Armel Le Cléac’h Banque Populaire à 1.9 nm
 3         Jean-Pierre Dick  Virbac Paprec 3 à 99.8 nm
 4         Alex Thomson  Hugo Boss à 287.9 nm
 5         Bernard Stamm Cheminées Poujoulat à 299.3 nm
 6         Jean Le Cam SynerCiel à 1054.0 nm
 7         Mike  Golding Gamesa à 1090.1 nm
 8         Dominique Wavre Mirabaud à 1306.3 nm
 9         Javier Sanso Acciona à 1731.9 nm
 10       Arnaud  Boissières Akena Verandas à 2123.4 nm