Encore un changement de leader

Macif 2009 Eric Peron
DR

Il y a sept jours, au large de Bénodet, les dix-sept solitaires de la Transat Bénodet – Martinique s’élançaient pour 3 474 milles d’un parcours dont ils ne présumaient alors certainement pas qu’il serait aussi disputé. Une semaine après le coup de canon, les leaders se sont succédés en tête de la course, les conditions météo ont joué sur tous les registres en insistant sur les couleurs les plus foncées et les cartes n’ont cessé d’être redistribuées. Malgré quelques petits décalages marqués au gré des opportunités sur ce premier tiers de la route antillaise, nul n’a pris l’ascendant de manière significative… loin de là.

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Depuis 16 heures, Eric Péron joue les premiers rôles après avoir littéralement traversé le terrain de jeu du Sud au Nord. Dans son sillage, le jeune Fabien Delahaye, en lice pour sa première course transatlantique en solitaire et déjà couronné en double sur la Transat AG2R 2010 avec Armel Le Cléac’h, affiche un moral au beau fixe et s’affirme en chef de file de cette nouvelle génération de figaristes. Derrière, Erwan Tabarly, Thomas Rouxel (Bretagne – Crédit Mutuel Performance), Nicolas Lunven (Generali) ou encore Jeanne Grégoire (Banque Populaire) sont à la lutte. Mais avec des compteurs remis à zéro aux Açores et une suite propice à entretenir tous les scénarios, il est aujourd’hui plus que jamais question d’une large ouverture offerte aux amateurs de petits coups tactiques.

Anticipation à tous les niveaux
Actuellement soumis à un régime de Nord Nord Est force 4 qui va progressivement passer Nord, les solitaires connaissent des conditions très changeantes du fait des premiers effets de cette deuxième dépression qui occupe les esprits depuis plusieurs jours. Ainsi, le front froid attendu ce soir va-t-il générer des vents de force 5 rafales à 6, tournant au Nord Nord Ouest. Moins soutenu que prévu, le phénomène sera plus facile à négocier dans l’ensemble. Mais attention toutefois à bien observer sa trajectoire, l’incertitude entretenue par cette dernière laissant encore à penser qu’elle pourrait ne pas traiter tous les marins sur un pied d’égalité.

Les prochaines 24 heures s’annoncent délicates et que l’obsession pour les marins sera alors de soigner l’anticipation afin de se concentrer sur leur sortie de dépression. Pour Frédéric Rivet l’heure est au repos. Victime de la casse de son étai, le skipper vendéen a en effet connu la même mésaventure que Gildas Morvan (Cercle Vert) il y a quelques jours. Sur le pont toute la nuit, l’ancien leader de la flotte a mis en place une réparation de fortune, assurant ainsi sa sécurité et celle de son monotype, et espère bien passer le coup de vent annoncé sans dommage. Forcément déçu, celui qui effectue sur cette Transat Bénodet – Martinique sa toute première traversée de l’Atlantique reste bien évidemment dans la course et entend achever son aventure dans les meilleures conditions.

Ils ont dit
Thomas Rouxel (Bretagne – Crédit Mutuel Performance) : « Ce début de transat a été compliqué avec des conditions difficiles. On a eu pas mal de portant et à part la traversée de l’anticyclone qui nous a ralenti, le reste a été rapide et intense avec beaucoup de soucis mécaniques et notamment le coup de vent au passage du cap Finisterre. Pour le moment, c’est une course qui a été vite et sur la route. La suite s’annonce difficile pour quelques jours, avec un front froid de secteur Nord avec du vent fort, une allure au largue serré. Ca va aller vite, mais c’est une allure qui demande beaucoup d’investissement personnel. Il faut être à la barre, c’est assez bourrin comme allure. Donc ça va être dur pendant deux jours, puis on aura un système de vent portant, plus classique sur la fin du parcours. »

Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham) : « Le moral ne va pas trop mal. On s’apprête à aborder de grosses conditions. La flotte est pas mal compacte, il n’y a pas beaucoup d’écart. Le classement ne veut pas dire grand chose. Je suis bien placé. Content d’être là où je suis. Les dernières 36h, c’était du portant très très fort jusqu’en milieu de nuit et après le vent a molli autour d’une vingtaine de nœuds cette nuit, ce qui a permis de se reposer, car les dernières 24h, je n’avais pas pu dormir, j’étais bloqué à la barre. Ca s’annonce compliqué en terme de vent, ça s’annonce très humide. On est sous pilote automatique à l’intérieur du bateau dans ces conditions là, même si ce n’est pas agréable. Après on aura du spi avec du vent fort. »

Classement de 16h
1 Eric Peron MACIF 2009 à 2130 milles de l’arrivée
2 Fabien Delahaye PORT DE CAEN OUISTREHAM à 1,1 mille
3 Erwan Tabarly NACARAT à 6,2 milles
4 Thomas Rouxel BRETAGNE – CREDIT MUTUEL PERFORMANCE à 6,7 milles
5 Nicolas Lunven GENERALI à 7,1 milles