Depuis 05h35 TU ce matin et le passage de Norbert Sedlacek à la longitude du cap de Bonne Espérance, les 23 concurrents officiellement en course naviguent tous sans exception dans l’océan indien. Or, sur la piste de l’Indien, la route est cabossée et la cavalcade parfois sauvage. Samedi soir, l’arrière de la flotte a enduré un premier coup de tabac. Jean-Baptiste Dejeanty (19e au pointage de 16h00) relatait des vents de 60 nœuds, des surfs à 26 nœuds sous trois ris et trinquette et des vagues grosses comme des montagnes qui guérissent de l’envie de regarder derrière. Malheureusement, ces retardataires seront soumis aujourd’hui au régime de la double peine puisqu’une deuxième dépression encore plus violente (rafales à 65 nœuds, creux de 8 à 10 mètres) devait s’abattre sur eux dans la journée. Il faudra alors oublier la régate et courber l’échine en attendant l’accalmie.
Stamm en approche de Port-aux-Français
La première dépression va remonter toute la flotte, selon le scénario traditionnel du grand sud. Cet après-midi, elle était attendue aux alentours des Kerguelen et devait balayer Bahrain Team Pindar et Roxy, qui ont choisi des routes divergentes (le premier au nord et la seconde au sud) pour passer l’archipel. Samantha Davies, la plus rapide sur l’eau depuis hier, s’est emparée de la 11e place au détriment de Brian. Derrière elle, au pointage de 16h00, Bernard Stamm n’était plus qu’à 3 milles de Port-aux-Français, dans la baie du Morbihan où est mouillé depuis hier son compatriote Dominique Wavre. Quelle que soit la décision de Stamm,l’archipel des Kerguelen pourrait bien être la triste escale de ce Vendée Globe. Raphaël Dinelli qui souffre d’une infection au genou et dont la drisse de grand-voile est toujours endommagée, a évoqué à la vacation la possibilité de s’y arrêter à son tour pour tenter de réparer.
" JP " prend ses distances
Après 35 jours de régate océanique effrénée, bricolage et réparations sont devenus le lot quotidien des marins. Y compris chez les leaders. Michel Desjoyeaux a évoqué des problèmes techniques dont il souffre depuis plusieurs jours ; Marc Guillemot a raconté le remplacement sportif de sa dérive tribord, Yann Eliès frôlé l’onglée en réparant des renforts de pont et Jean-Pierre Dick s’est résolu à un bain de tête glacial pour vérifier la présence d’algues dans ses appendices. Cet épisode vivifiant précédé de plusieurs marches arrière n’a pas empêché le skipper de Paprec-Virbac 2 de larguer ses adversaires à 81 milles de son tableau arrière. Après une nuit à 19 nœuds de moyenne, " JP " attaque aujourd’hui son 7e jour en tête, devant un très solide Mike Golding qui semble avoir trouvé un modus vivendi avec son bateau. Le top 10 s’étire désormais sur 392 milles – contre 140 milles il y a une semaine- et chacun optionne aujourd’hui pour le franchissement de la porte ouest Australie, 310 milles devant. Manœuvres sous spi et changements de voiles sont au menu dans un vent d’ouest de 15 nœuds qui va progressivement fraîchir pour s’orienter au nord-ouest lundi. Mais qu’importe la peine. Ce dimanche, corps et organismes étaient revigorés par la présence d’un soleil éclatant… première apparition depuis l’entrée des premiers dans l’Océan Indien, il y a presque 10 jours.
Les 5 premiers au pointage de 16h00
1- Jean Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) à 14 376 milles de l’arrivée
2- Mike Golding (Ecover) à 81 milles
3- Roland Jourdain (Veolia Environnement) à 114,4 milles
4- Michel Desjoyeaux (Foncia) à 115,3 milles
5- Sébastien Josse (BT) à 175,8 mille