Ils ne sont donc plus que quatorze en course mais encore dix-sept en mer puisqu’il ne faut pas oublier Sébastien Josse (BT) et Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) qui font route vers Auckland, le premier à 250 milles de la ville de la Coupe de l’America 2000 et 2003, le second à environ dix jours du port néo-zélandais… Mais le dernier en date à avoir jeté l’éponge est Jonny Malbon, décidément poursuivi par les problèmes techniques depuis quasiment son départ des Sables d’Olonne, le 9 novembre de l’an dernier ! Le jeune Anglais a en effet indiqué à la Direction de Course qu’il avait officiellement abandonné : Artemis fait aussi route vers Auckland, distant de 900 milles environ… Jonny Malbon pourrait être à bon port jeudi prochain. Sa grand voile se désagrège inexorablement et le solitaire sait qu’il n’aura pas d’alternative après la Nouvelle-Zélande jusqu’au cap Horn… En accord avec son sponsor, le Britannique a préféré préserver l’intégrité de son bateau et envisager d’autres courses Imoca pour cette saison à venir.
Horn y soit qui mal y pense…
Le " caillou " est une véritable borne marquant le passage du Pacifique à l’Atlantique, mais il ne suffit pas de le passer : encore faut-il le parer, c’est-à-dire continuer une centaine de milles en plus pour atteindre le détroit de Le Maire ou contourner l’île des Etats. Alors seulement, la mer commence à reprendre des allures moins musclées, des ondulations moins volages, des mouvements plus métronomiques : derrière les tapis de mousse et les forêts primaires de la Tierra del Fuego, les vents sont parfois encore mauvais, mais la houle du Pacifique ne vient plus se fracasser sur le tableau arrière. Les dangers sont encore nombreux et les inconnues incernables jusqu’aux Sables d’Olonne, mais au moins, l’insoutenable lourdeur de l’air n’est déjà plus qu’un souvenir… Le Horn est une obsession, un poids, une angoisse, un nœud au ventre, une falaise sans âme si ce n’est celles qui ont vécu leurs dernières heures, fracassées sur le faux Horn, un promontoire à trente milles dans le Nord-Ouest qui a la fâcheuse apparence de son vrai frère… Plusieurs milliers de navires seraient sédimentés dans les eaux glacées et tumultueuses de ces parages désolés !
Pour Michel Desjoyeaux (Foncia), le Horn n’est plus une découverte car pour la seconde fois, il devrait embouquer le détroit de Drake entre Terre de Feu et péninsule antarctique, en tête du Vendée Globe. Après 2001, ces premiers jours de 2009 marquent une étape importante dans son tour des ondes : Roland Jourdain (Veolia Environnement) reste son plus fidèle dauphin ! Mais si son compagnon était aussi présent il y a huit ans, à la même place et avec un écart similaire, cette fois le vainqueur de l’édition 2000 devra compter sur un concurrent qui n’a pas besoin de mouiller dans une crique pour réparer, ce qui avait été le cas précédemment… Roland Jourdain n’a fait part d’aucun souci technique à bord de son monocoque et ne devrait concéder que six heures environ à Michel Desjoyeaux ! Les 7 000 milles à parcourir jusqu’aux Sables d’Olonne s’annoncent plein de rebondissements.
Horn de bataille…
Car derrière se profile aussi un autre " gars de Port la Forêt " ! Jean Le Cam (VM Matériaux) a beau être distancé de plus de 450 milles, cela peut n’être rien à l’échelle d’un océan aussi impalpable qu’un Atlantique qui a bien le temps de changer de visage au fil des semaines à venir… Certes le skipper marquait un sacré coup de pompe samedi à la vacation radio, mais il va avoir l’avantage d’une météo plus coopérative que ses devanciers : alors que le leader et son dauphin vont se faire brasser jusqu’aux abords des côtes chiliennes avec le passage d’un front, Jean Le Cam va bénéficier d’un flux d’Ouest 20-25 nœuds plus régulier pour en finir avec le Pacifique. De quoi reprendre le fil du match s’il s’avérait que le vent s’essouffle entre l’Argentine et les Falkland.
Mais pour Vincent Riou (PRB) et Armel Le Cléac’h (Brit Air), le Horn aura des allures de champ de bataille : de nouveau une dépression va venir creuser des tranchées et bombarder des déferlantes avec plus de quarante nœuds établis et une mer épouvantable. Les deux inséparables profitaient ce dimanche de bonnes conditions de glisse, mais ce détour de l’extrême s’annonce assez rugueux ! Et du rude, il y en a aussi derrière, loin derrière, à 6 000 milles du cap Horn, là où Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) entrent tout juste dans l’océan Pacifique… Une nouvelle cartouche qui devrait imposer aux deux navigateurs de rester sur une route assez Nord, en visant l’île Stewart au Sud de la Nouvelle-Zélande.
Les 5 premiers au pointage de 16h00
1- Michel Desjoyeaux (Foncia) à 7 202,3 milles de l’arrivée
2- Roland Jourdain (Veolia Environnement) à 86,6 milles du leader
3- Jean Le Cam (VM Matériaux) à 478,3 milles
4- Vincent Riou (PRB) à 720,8 milles
5- Armel Le Cléac’h (Brit Air) à 744,5 milles