Décrocher la lune

Luna Rossa
DR

« Ce Luna Rossa est différent dans le sens où chacun de nos challenges a sa propre histoire et là il s’agit vraiment d’une nouvelle équipe. J’ai toujours fonctionné comme si c’était un groupe différent » déclarait le skipper Francesco de Angelis. « Notre première participation était vraiment intéressante car nous partions de rien en 1997 et nous avons réussi à disputer la Coupe en 2000. Mais la seconde était très compliquée. C’était un groupe très talentueux, mai rien n’en est sorti. Avec celui-là, nous sommes toujours en train d’écrire l’histoire. Nous avons un bon groupe, avec beaucoup d’idées et un but commun. Nous avons l’expérience suffisante mais aussi de la jeunesse (Spithill a tout juste 26 ans mais participe à sa troisième campagne) et de l’enthousiasme. »
Même si son challenge n’a été lancé qu’assez tard en 2004, Luna Rossa était la première équipe à s’installer à Valencia, prenant ainsi une longueur d’avance sur tous les autres challengers, et même le Defender. Les Italiens ont d’abord monté une base temporaire au Yacht Club de Valencia et ont commencé à naviguer, bien avant tout le monde, pendant les mois où doit se jouer la Louis Vuitton Cup. Ils n’ont d’ailleurs pas participé au premier Acte de Marseille et ont continué à s’entraîner, avant de prendre part aux Valencia Louis Vuitton Acts de 2004. En 2005, ils effectuent une très bonne saison, s’installant au passage parmi les quatre équipes leaders.

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Pendant cette saison 2005, les hommes de Bertelli se sont battus en match racing pour essayer de surclasser leurs concurrents directs, les trois meilleures équipes du circuit. Sans succès à Valencia et Malmö-Skåne où ils terminent quatrièmes. Mais à Trapani, enfin, ils finissent par battre BMW ORACLE Racing. Lors de cette épreuve, les quatre premières équipes ont d’ailleurs terminé à égalité avec chacune neuf victoires et deux défaites. Après le partage des ex-aequo, Luna Rossa finit troisième au classement général. Si battre Alinghi, BMW ORACLE Racing et Emirates Team New Zealand est évidemment une priorité pour 2006, De Angelis se garde cependant de faire des pronostics hâtifs. « Les outils ne sont pas les mêmes pour tous, or, nous devons travailler avec les outils dont nous disposons. Nous devons considérer cela pour expliquer les raisons (de leurs défaites). Nous utilisons tous des bateaux anciens et je ne pense pas que tout le monde ait réussi à gommer les différences préexistantes. Nous progressons tous, mais le point de départ n’était pas le même. Alinghi semble encore plus rapide qu’avant. Le reste de la flotte fait des progrès mais pas assez importants pour arriver au top, donc, c’est comme une sorte de situation bloquée. Voilà pour la partie technique. D’un point de vue sportif, nous pouvons tous nous améliorer et je pense que Luna Rossa est sur de bons rails. »

Contrairement aux progrès constants dont l’équipe a fait preuve en match racing, les régates en flotte ont été plus contrastées. Après son démarrage en trombe avec une victoire dans l’Acte 5 de Valencia, Luna Rossa a terminé la saison avec une sixième place à Trapani. « Sportivement parlant, les régates en flotte qui viennent de se terminer ont été pour nous un peu amères pour finir la saison. Nous n’avons pas navigué à notre niveau. Toutefois, je sais sur quoi nous devons travailler, et je suis heureux que nous soyons parmi les leaders en match racing. »
Naturellement, la prochaine étape pour Luna Rossa, comme pour les autres challengers, est de trouver le moyen de battre Alinghi. Le Defender a été parfait en match racing jusqu’au dernier jour de régate. Malgré deux défaites, il signe une série impressionnante de 31 + 2 victoires. Autrement dit, si les challengers ne progressent pas en tant que groupe, alors la Coupe restera bien au chaud dans les mains d’Alinghi. Selon De Angelis, la suprématie du Defender s’appuie sur les restes de la dernière Coupe, mais pour lui, il est aussi évident que Luna Rossa et les autres concurrents doivent progresser. Les Louis Vuitton Acts leur ont donné cette opportunité.
" Si vous regardez les gars qui sont au top, nous avons tous encore beaucoup de travail à faire. Je pense qu’Alinghi a fait très fort et a réussi à s’améliorer encore par rapport à la dernière Coupe. Les compétitions ont été utiles pour tout le monde. C’est l’occasion de voir ce que fait Alinghi. Nous avons tous une grande mission et beaucoup de travail à faire à la maison cet hiver. Nous verrons si les nouveaux bateaux qui vont sortir ce printemps sont assez performants pour réduire l’écart. »

Luna Rossa aura aussi un nouveau bateau en 2006 mais De Angelis n’est pas en mesure de dire quand aura lieu sa mise à l’eau, et si ce nouveau Class America régatera lors des Louis Vuitton Acts l’année prochaine. Le design team et l’équipe technique sont donc au travail tout l’hiver. De leur côté, les navigants sont actuellement en déplacement sur différentes compétitions internationales avant d’être à nouveau réunis à Valencia dès le mois de mars. Ils pourront alors intégrer leur nouvelle base, très élégante, dont la construction s’est achevée dans le Port America’s Cup. Cette nouvelle base incarne parfaitement la fraîcheur d’esprit et la nouvelle identité de cette équipe. Les panneaux qui recouvrent les murs extérieurs sont translucides et laminés avec des tissus composites qui ont servi pour les voiles lors de précédentes campagnes. Ce look ultra moderne est à la fois audacieux, racé et élégant, et caractérise à merveille le côté high tech de la voile. Si le nouveau bateau des Italiens est du même acabit, alors la troisième campagne de Luna Rossa Challenge pourrait bien être la bonne.

DBo. (Source ACM)