C’est parti pour la Transgascogne 2019 !

@ C. Breschi

La flotte des 65 Mini 6.50 s’est élancée ce mercredi pour la première étape réduite de 320 à 270 milles qui s’annonce, certes, moins sportive que si elle était partie comme prévu hier à 13 heures, mais toutefois délicate. C4est la dernière course préparatoire et qualificative pour certains avant la Mini Transat.

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Bien qu’il n’y ait, a priori, pas de grandes options à jouer, les concurrents vont devoir négocier de nombreuses phases de molles et potentiellement une zone orageuse dans la deuxième moitié du parcours, puis de la pétole au moment de l’atterrissage sur les côtes espagnoles. Patience et opportunisme seront très probablement les maître-mots de ce premier round, entre Les Sables d’Olonne et Laredo, via l’île d’Yeu et la bouée SN-1 marquant l’entrée du chenal de Saint-Nazaire, qui risque non seulement de redistribuer les cartes à de nombreuses reprises, mais aussi de créer des écarts importants.

C’est donc à 11h45, avec un léger retard sur l’horaire prévu, que les concurrents de la Transgascogne ont pris le départ de la première étape de la course, un morceau de 320 milles finalement ramené à 270 milles en raison du report du départ de près de 24 heures à la suite du passage de la dépression Wolfgang sur le nord de la façade Atlantique, ce début de semaine. Auteurs du meilleur départ (comme les autres en bâbord amure), le duo Guillaume Quilfen et Claire Montecot (977 – Clair’Océan Sailing) a toutefois rapidement cédé les commandes de la flotte à Erwan Le Mené (800 – Rousseau clôtures) et Matthieu Vincent (947 – L’Occitane en Provence). Reste que si les favoris se sont d’emblée installés aux commandes de la flotte, le scénario annoncé de ce premier acte de la Transgascogne promet bien des rebondissements, notamment dans sa deuxième moitié et dans ses derniers milles. « Globalement, sur la première section du parcours jusqu’à la bouée SN-1 située à l’embouchure de l’estuaire de la Loire, il ne va pas se passer grand-chose. En revanche, sur la deuxième portion, il va falloir gérer des zones de molles à répétition. L’approche de la côte Cantabrique risque elle aussi de se jouer dans la pétole et de mettre à vif les nerfs de certains », explique Denis Hugues, le Directeur de course qui garde forcément en tête le finish de la dernière édition, à Avilès, qui avait largement redistribué les cartes dans les dix derniers milles, notamment chez les bateaux de Série. Erwan Le Draoulec qui menait alors la danse avec une avance de plus de deux milles avait vu Clarisse Crémer faire le tour de la paroisse, et lui coller une heure. « Les abords de l’Espagne s’annoncent vraiment très mous et je pense que les cartes vont être redistribuées à ce moment-là, mais je pense qu’il va vraiment falloir être opportuniste sur l’ensemble de la course, et à fond sur les réglages car le vent va être assez instable. On va faire avec et essayer de limiter la casse parce que c’est une course qui se joue au temps », a rappelé, de son côté, Kéni Piperol (956 – Caraïbe course au large), bien conscient que les Scow comme le sien n’auront pas forcément l’avantage dans les petits airs. Chose confirmée par Axel Trehin (945 – Cherche partenaire), dont le prototype vient d’être modifié avec un ajout de 20 kilos sur le bulbe de quille et l’installation de ballasts, mais qui risque de ne pas pouvoir en tirer parti lors de cette manche où le vent ne devrait pas dépasser les 15 nœuds.

Réussir à garder de la fraîcheur pour la fin de parcours

« Il va y avoir une part d’aléatoire liée aux différentes phases de molles que l’on va rencontrer. Pour monter jusqu’à SN-1, on va s’en sortir mais ça s’annonce effectivement plutôt casse-tête sur la fin. Ça va vraiment valoir le coup d’essayer de caler deux trois demies heures de sieste au début car ensuite, ce ne sera plus du tout le moment d’aller dormir. Si on n’a pas les yeux ouverts et qu’on reste arrêté, il y a clairement moyen de prendre des heures dans la vue au classement général. Il va falloir être assez philosophe dans la pétole. C’est peut-être ce qui fera la différence avec les plus jeunes, potentiellement plus nerveux dans ce type de conditions, mais je sais que mes concurrents directs maîtrisent le sujet », a déclaré le skipper morbihannais, avouant notamment redouter Erwan Le Mené et son plan Lombard de 2011, un concurrent plus que sérieux, et en particulier dans les petits airs, ainsi qu’il l’a démontré dès les premiers milles de cette première étape en faisait un bon break sur le gros de la meute dès le passage des roches de Petite Barge. Mais comme on l’a dit, la route est encore longue et la donne risque d’être chamboulée à plusieurs reprises d’ici à l’arrivée, au gré de la météo, mais aussi des petits pépins des uns et des autres, à l’image du problème de pilote automatique rencontré par Jean-René Guilloux (915 – Crédit Agricole 35) peu après le départ, et qui l’a contraint à rentrer réparer à Port-Olona avant d’envisager de repartir. Le verdict ? Vraisemblablement en milieu de nuit de jeudi à vendredi, selon les derniers routages.

Ils ont dit: Ambrogio Beccaria (943 – Geomag) : « Sur cette première étape, il va falloir rester calme, c’est sûr. Moi, je suis plutôt à l’aise dans la pétole et en plus de ça, je suis plutôt en confiance après mon début de saison. Du coup, je vais plutôt chercher à être bien en mer, à soigner ma stratégie, à peaufiner les détails… Ce n’est pas nécessairement le résultat qui m’intéresse même si, évidemment, je ne viens pas juste pour participer. Il va y avoir de nombreux pièges sur la route. Il est très probable que l’on compose avec des orages dans la journée de demain (jeudi) et que ce soit un peu pourri. En fait, je pense que ça va être bien au départ et qu’ensuite ça va être vraiment foireux tout le temps. L’arrivée notamment, sur les côtes Espagnoles, risque d’être compliquée. On sait par expérience que la donne peut-être complètement relancée. En tous les cas, je suis content. Je pars en config Mini-Transat, exception faite de mon bout dehors de rechange que je n’ai pas à bord. C’est une dernière répétition générale et je veux tout valider une dernière fois en mode course. »

Pierre Meilhat (485 – Le Goût de la Vie) : « Mon état d’esprit n’est pas basé sur la performance, même si j’ai évidemment envie de bien faire. Je suis content de partir, content de pouvoir me faire plaisir et de pouvoir identifier les petits déficits que je vais pouvoir améliorer l’année prochaine et l’année suivante parce que moi, je prépare la Mini-Transat 2021. Pour le moment, j’ai navigué 12-13 jours depuis que j’ai récupéré le bateau. Je n’ai donc pas grand-chose au compteur. Les conditions que l’on va rencontrer sur cette première étape vont être peinardes, sachant qu’on va pouvoir dormir au début et pas à la fin. Il va falloir gérer ça et ça fait aussi partie des objectifs mais je suis assez serein car pendant la qualif, j’ai réussi à le faire correctement. Le fait qu’il y ait pas mal de molle d’annoncée, c’est plutôt bien pour les bateaux comme le mien. On va sans doute prendre un peu de retard jusqu’à SN-1 mais ensuite, on va avoir la possibilité d’aller aussi vite que les autres. »

Félix de Navacelle (916 – Youkounkoun) : « J’aborde cette course plus détendu que les autres de la saison parce que c’est la dernière avant la Mini-Transat, même si la pression monte toujours un petit peu avant le départ. Je suis plus détendu aussi parce qu’il y a beaucoup moins de vent que ce qu’on aurait eu si on était parti comme prévu hier. Ça va être beaucoup moins sport mais on va quand même avoir de quoi se retourner la tête avec pas mal de molles sur la descente entre SN-1 et l’Espagne, avec pas mal de transitions. Le routage n’est pas très précis et j’espère qu’on y verra vite un peu plus clair. En tous les cas, j’ai hâte. Il va faire beau normalement et je suis content de pouvoir naviguer avec le bateau quasiment en mode Mini-Transat même s’il reste encore deux ou trois éléments à mettre à bord, mais en gros tout y est. »

Mathieu Gobet (455 – Mea Coule Pas) : « Pour ma part, je n’ai plus fait de solitaire depuis la Les Sables – Les Açores – Les Sables il y a un an. Depuis, je n’ai fait que la BSM en double, sur deux jours, c’est tout. L’objectif est donc vraiment de reprendre mes marques sur cette première étape. J’ai beaucoup travaillé cette année pour avoir du temps disponible ensuite. Aujourd’hui, le bateau est plus ou moins en configuration Transat. Je vais en profiter pour tout tester et me faire plaisir. Je n’ai pas vraiment d’objectif sportif. Forcément, j’ai envie d’aller un peu plus vite que les autres mais je n’ai pas envie que ça vienne pourrir ma course. Ce que je veux avant tout, c’est faire l’aller-retour et ne pas avoir de pépin, comme rentrer dans un pêcheur ou un truc comme ça. Je pense que ça va être cool et en plus, bien que je reste novice en voile, j’ai beaucoup navigué sur le Léman cette année et du coup, j’ai appris à composer avec la molle. J’espère que ça va m’aider à savoir quoi faire. »

Nicolas d’Estais (905 – Cheminant – Ursuit) : « Les difficultés de cette première étape vont être de bien gérer la partie côtière au début. Ce n’est pas trop mon fort et j’espère ne pas avoir trop de retard à la bouée SN-1 pour pouvoir me refaire sur la portion plus large, au portant. L’arrivée sur les côtes Espagnoles est toujours délicate. J’avais fait la course il y a deux ans et ça avait été bien le bazar dans les derniers milles. Tout le monde était arrivé en deux minutes et ça avait vraiment été la mistoufle. Ça avait été un enfer et j’espère que ce ne sera pas pareil mais en tous les cas, je suis préparé. J’aurais bien voulu qu’on parte dans le vent fort hier parce que je suis un peu moins bon que les autres dès que c’est un peu technique. Quoi qu’il en soit, j’ai hâte d’y aller. Je suis maintenant « off » jusqu’à la Mini-Transat. C’est donc le début de mes grandes vacances et je suis là pour me faire plaisir même si c’est la dernière course de préparation avant la transat. Je ne suis pas encore en config’ mais ça va malgré tout me permettre de me jauger par rapport aux autres bateaux. »

Fabrice Sorin (968 – Jules) : « Ça va être une première étape assez intéressante dans la mesure où on va avoir plusieurs phases à négocier. Le premier tronçon jusqu’à SN-1 va être jonché par du près et va donc être des bords assez tactiques à tirer dans du vent assez léger. Ensuite, dès qu’on va descendre, on va être au portant dans un vent qui va baisser à 7-8 nœuds. Là aussi, il faudra négocier ce qu’on appelle une petite aile de mouette. Il faudra donc empanner au bon moment. L’arrivée à Laredo risque d’être délicate. C’est un coin un peu difficile car il n’y a souvent pas de vent et généralement pas mal de pêcheurs. Clairement, ça va être intéressant. Je pense que cette première manche va créer des écarts, d’abord parce que pour nous, bateaux à bouts rounds, ça ne va pas être forcément facile à négocier, parce qu’on aime le vent. J’espère prendre du plaisir, ne pas faire les choses à l’envers et faire un résultat honnête. Dans les dix premiers, ce serait bien. »

Thomas d’Estais (819 – Go4it) : « Cette Transgascogne est ma première course à étapes et c’est sympa de vivre ça. En plus, le début du parcours, avec la traversée du golfe de Gascogne, est un peu le même que celui d’une transatlantique même si Laredo est relativement dans l’est. J’aimerais réussir à être bien en mer, ce qui n’avait pas vraiment été le cas lors de la Mini en Mai et je voudrais me rassurer un peu par rapport à ça. Au niveau performance, je vais essayer d’être le moins décroché possible de ceux de devant et pas trop mal figurer dans le classement des « bouts pointus ». Je suis content, en tous les cas je préfère que l’on parte dans des conditions plutôt tranquilles car ça va être un peu la loterie. Si les premiers tapent un peu dans la dorsale devant, il y a peut-être moyen de faire un truc mais je ne me mets pas trop de pression non plus. J’y vais vraiment pour passer un bon moment, prendre du plaisir en mer sur mon bateau et confirmer deux-trois trucs. Je pars avec des panneaux solaires pour la première fois. Ça va être cool de les tester et puis ça va être sympa à Laredo je pense. »