Ce qui attend les skippers

A 13h02, les 29 skippers vont s’élancer très rapidement vers le cap Finisterre, distant d’environ 350 milles dans un flux de secteur Nord de 15 à 20 nœuds. Les leaders devraient donc être déjà au large des côtes espagnoles lundi matin avant de mettre le clignotant à gauche pour descendre très rapidement vers le tropique du Cancer…

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Le départ va être plutôt tranquille comparé à d’autres éditions, vent de travers. Les skippers devront faire attention au trafic. Les premiers jours vont ressembler à une course type Solitaire du Figaro, très technique pour Jérémie Beyou. “Il va falloir être rapide pour arriver à se faufiler avant l’anticyclone. Celui qui sera devant mercredi ou jeudi pourra être content. ”

De fait, tout est lié à l’anticyclone des Açores qui est installé ce samedi de l’Islande aux Açores et qui se déplace lentement vers le Sud sous la pression d’une ancienne dépression tropicale. Celle-ci s’échappe vers le Groenland et laisse de l’espace à l’anticyclone des Bermudes voué à se décaler vers le Sud-Est et fusionner avec son compère açorien !

A partir de l4espagne, il va falloir jouer sur l’angle d’attaque du vent toujours orienté au Nord pour glisser vers les archipels madérien et canarien. Il faut donc s’attendre à une dispersion de la flotte le long des côtes du Portugal, les « foilers » devant choisir des routes plus agressives pour aller très vite vers la bordure orientale de l’anticyclone, quand les « dériveurs » auront plus de facilité à glisser sur une voie plus directe. Il est ainsi probable que les derniers-nés des prototypes vont devoir manœuvrer plus souvent pour se recadrer car à ce jour, il apparaît favorable de ne pas trop s’écarter de la route directe. Donc longer les côtes africaines à plus ou moins 200 milles où la brise serait plus soutenue.

Mais avec sur la route, les trois archipels qui perturbent les alizés : Madère qu’il faudra déborder soit à une bonne cinquantaine de milles dans l’Est, soit laisser à bâbord à plus de cent milles ; les Canaries qu’il faudra traverser dans un bon renforcement des alizés à plus de vingt-cinq nœuds (mais avec l’incertitude des dévents des îles) ou largement déborder à l’Ouest à plus de deux cents milles (mais dans un flux un peu moins soutenu d’une quinzaine de nœuds).

Mais c’est au niveau de l’archipel du Cap-Vert que les leaders devront choisir : passer entre le Sénégal et les îles où les alizés semblent plus musclés en fin de semaine, ou rester au large en parant largement Santo Antão, le relief le plus à l’Ouest qui culmine à près de 2 000 mètres ! Dans le premier cas, une traversée du Pot au Noir pourrait s’effectuer autour du méridien 28° Ouest, ce qui est positif pour sortir à l’équateur au vent de la flotte ; dans le deuxième cas, le point de percussion serait plus à l’Ouest, autour du méridien 31°Ouest, ce qui impose une voie plus délicate pour changer d’hémisphère puisque les solitaires finiraient très poches des côtes brésiliennes en accrochant les alizés austraux…

Pour mémoire, les IMOCA de la génération après 2008 peuvent aisément aligner 350 milles par jour, alors que les « foilers » atteignent plus de 400 milles sans trop forcer. Ainsi avec cette configuration météorologique, la descente de l’Atlantique Nord s’annonce extrêmement rapide pour les leaders avec une traversée du golfe de Gascogne en moins de 24 heures, le franchissement du tropique du Cancer (latitude 23°26’ Nord, soit légèrement en dessous de Canaries) après trois jours et demi de mer, la latitude de l’archipel du Cap-Vert avant le week-end prochain… Bref, il n’y a pas de trou de vent jusqu’au Pot-au-Noir et les écarts entre les premiers et les derniers avant d’entrer dans cette Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) risquent fort d’atteindre plus de mille milles !