Les équipages, bien qu’éprouvés et usés par une traversée qui n’a rien eu d’un long fleuve tranquille, font de nouveau appel à leurs réflexes de régatiers comme en témoignent les cinq petits milles qui séparent ce jeudi matin les redoutables paires de Telecom Italia (Solidini-D’Ali) et de Cheminées Poujoulat (Jourdren-Stamm). S’arrêteront ou s’arrêteront pas ? Si les ennuis techniques des uns et des autres suggèrent que les plus proches poursuivants des leaders profiteront d’une escale sur l’île en forme de gros rocher pour réparer leurs avaries et goûter à la douceur tropicale de Gustavia, rien pour l’heure ne permet de l’affirmer.
Pit-stop or not pit-stop ?
On imagine d’ailleurs volontiers que les discussions tactiques battent leur plein dans les cockpits sur fond de grands débats stratégiques au regard des prévisions météo et des évolutions annoncées de l’alizé. En tout cas, du côté de Tanguy de Lamotte et Adrien Hardy, même avec 110 milles d’avance, pas de pit-stop qui tienne. La chose est entendue et les deux jeunes navigateurs, auteurs d’une navigation aussi précise qu’inspirée, ne vont pas évidemment pas prendre le risque de voir s’envoler dans une bulle de pétole intempestive, ou une zone de calme malvenue, des bénéfices construits et gagnés dans le tourmente des dépressions qui ont tant malmené la flotte. A 1 840 milles de Progreso, la route est encore trop longue et semée de pièges et d’embûches pour s’offrir un tel luxe. Surtout quand dans les rétroviseurs pointent et se chamaillent comme des chiffonniers deux associations de navigateurs de haute voltige, les Soldini-D’Ali et Jourdren-Stamm, qui n’ont certainement pas dit leur dernier mot.
Quoi qu’il en soit, force est de constater que le passage de la porte de Saint-Barth tient toutes ses promesses et ravive déjà le suspense. Les prochaines 24 heures – alors qu’Initiatives-Novedia progresse à 250 milles de ce point de passage obligé – s’annoncent pleines de surprises. Rappelons en effet que Telecom Italia, Cheminées Poujoulat et Cargill MTTM (Seguin-Tripon), aux trousses des deux jeunes loups de mer de tête, progressent dans un mouchoir de 25 milles. Qui de ces trois tandems affalera les voiles pour réparer et se donner tout le potentiel pour le dernier tronçon de la course aux détours de la mer des Caraïbes et du golfe du Mexique, bien malin qui peut le deviner…
Les bénéfices de Crédit Maritime
L’arrière de la flotte n’est évidemment pas en reste alors que cette dernière nuit reste marquée par le joli coup réalisé par le duo franco-mexicain, Patrice Carpentier et Victor Madonado, à bord de Crédit Maritime. Les deux compères, repartis bons derniers après deux escales techniques, tirent en effet profit de leur persévérance sur une route au nord. Lancés à près de 10 nœuds de moyenne, ils ont d’ores et déjà gagné une place aux dépens des Britanniques de Keysource (West-Worswick) engagés sur la voie du sud. Derrière le groupe des huit premiers bateaux, entre 500 et 1000 milles des leaders, la progression vers Saint Barth dans des conditions enfin devenues plus clémentes et favorables à la glisse pour l’ensemble de la flotte, la course a bel et bien repris tous ses droits.
Classement du 05/11/09 à 8h (UTC)
1. Tanguy De Lamotte-Adrien Hardy (Initiatives-Novedia), à 1804 milles de l’arrivée
2. Giovanni Soldini-Pietro D’Ali (Telecom Italia), à 109.52 milles
3. Bruno Jourdren-Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), à 116.24 milles
4. Damien Seguin-Armel Tripon (Cargill-MTM), à 137.57 milles
5. Tim Wright-Nicko Brennan (Palanad 2), à 273.46 milles