Calme provisoire

Tanguy de Lamotte & Adrien Hardy- Initiatives Novedia
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Solidaires dans le mauvais temps, les Class’40 du Nord ont joué la dispersion et forment ce mardi matin, un éventail qui s’étale sur plus de 400 milles. La bonne nouvelle de la nuit est la remise en route du tandem britannique Stephen Card et Shaun Murphy (Orbis) : ils étaient les plus extrêmes au Nord, mais la réparation de leur grand voile les a obligés à piquer plein Sud pendant plus de 24 heures avant de pouvoir reprendre le fil du match. C’est aussi une bonne nuit que Patrice Carpentier et Victor Maldonado (Crédit Maritime) ont pu apprécier depuis leur nouveau départ du Portugal puisqu’ils étaient parmi les plus rapides sur l’eau et avaient déjà rattraper une place.

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Petits groupes

Le près a cette capacité à séparer les hommes… Car les Class’40 sont plus ou moins à l’aise dans les vents contraires, les voiles sont plus ou moins adaptées à ces conditions difficiles et les marins sont plus ou moins en phase avec une mer chaotique. Le bilan est clair : le duo leader Tanguy de Lamotte et Adrien Hardy (Initiatives Novedia) est bien calé en pointe, à la latitude de Madère dans une brise de secteur Nord-Ouest modérée et sur une mer un peu plus assagie. Comme il peut faire route directe vers Saint-Barthélemy à près de neuf nœuds, il devrait maintenir son avantage au moins jusqu’à la mi-semaine. Tout en se méfiant des Nordistes qui ont rasé l’île de Faïal dans la nuit et qui allongent sensiblement la foulée : les Italiens Giovanni Soldini et Pietro d’Ali (Telecom Italia) sont revenus dans le tableau arrière de Thierry Bouchard et Oliver Krauss (Mistral Loisirs-Pole Santé Elior).

Mais le groupe des poursuivants est mené par Damien Seguin et Armel Tripon (Cargill-MTTM) qui concèdent plus de soixante milles sur une voie médiane, entre le leader et les Nordistes. Ils ouvrent le chemin à quatre autres Class’40 dont celui de Bernard Stamm et Bruno Jourdren (Cheminées Poujoulat), celui des Finlandais Jouni Romppanen et Sam Öhman (Tieto Passion) et ceux des Britanniques Tim Wright et Nicholas Brennan (Palanad 2) et Peter Harding et Miranda Merron (40 Degrees). Cette journée de mardi s’annonce un peu comme une pause pour tous ces équipages qui vont bien progresser vers le but et voir la mer se calmer quelque peu. Tout ça dans un flux de secteur Nord-Ouest modéré qui va permettre de bricoler plus facilement, de sécher enfin l’intérieur du bateau et de s’alimenter normalement.

Des nouvelles du front

Une nouvelle perturbation est attendue pour mercredi soir avec son cortège de fronts pluvieux et des vents forts de Sud-Ouest. Le problème est qu’elle est positionnée très Sud, ce qui relègue l’anticyclone à portion congrue, comme un gros haricot des Canaries aux Caraïbes avec une barrière de calmes : impossible de descendre et de le traverser au risque d’y rester coller double-face pendant des jours… Toute la difficulté de la navigation consiste donc pour les partisans de la route plus ou moins directe à continuer d’affronter les vents mauvais jusqu’à ce qu’enfin (en fin de semaine), un vrai régime de Nord-Ouest puissant s’installe au milieu de l’Atlantique. Il pourrait donc y avoir quelques retournements de situation ces prochains jours.

Quant aux Canariens, ce n’est pas la joie : les alizés marocains commencent tout juste à se mettre en place et les deux tandems qui tentent de s’extraire de l’archipel ont bien du mal : David Consorte et Arnaud Aubry (Adriatech) ainsi que Erik Nigon et Marc Jouany (Axa Atout cœur pour Aides) ont redémarré dans la nuit mais à petite vitesse. Ils seront obligés de longer les côtes africaines pendant au moins deux jours pour progressivement accélérer, puis obliquer vers les Antilles.