Bord à bord aux abords de la porte des Aiguilles

Macif
DR

24 jours, 2 heures, 18 minutes, c’est le temps de référence établi par Vincent Riou en 2004 entre les Sables d’Olonne et le cap de Bonne-Espérance. Si tout porte à croire que ce record devrait être battu, reste à connaître l’identité du nouvel impétrant. Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) et François Gabart (MACIF) ne cessent de jouer à « pousse toi de là que je m’y mette » pour des écarts parfois inférieurs à un mille. Les vitesses ont légèrement diminué, mais on reste malgré tout dans des moyennes quotidiennes légèrement déraisonnables.

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Derrière ce trio, Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) et Alex Thomson (Hugo Boss) tiennent la cadence, tandis que Mike Golding (Gamesa), Jean Le Cam (SynerCiel) et Dominique Wavre (Mirabaud) pointent maintenant à 400 milles. Pour Jean Le Cam, la journée a débuté par un bain forcé. Après avoir constaté un comportement anormal de son voilier, il a fini par découvrir un filet de pêche coincé dans le bas de sa quille. Une marche arrière, puis une autre n’ont pas permis de résoudre le problème et Jean a fini par se résoudre à plonger.

Derrière, la situation météorologique est toujours aussi tordue pour Arnaud Boissières (AKENA Vérandas), Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) et Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets). Ce dernier pourrait recueillir les dividendes de son option de contourner la cellule anticyclonique qui barrait la route par l’ouest et dispose de bonnes chances de doubler ses camarades d’infortune d’ici quelques jours. Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) et Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) n’ont pas ce genre de soucis. Le premier semble avoir échappé aux charmes vénéneux de Sainte-Hélène quand le navigateur italien continue d’exalter son simple bonheur d’être en mer.

Un choix difficile pour les leaders
Maigre consolation pour les retardataires, le menu au programme des prochains jours devrait être autrement plus corsé pour les hommes de tête. La porte de Crozet, située par 39°S, empêche les solitaires de plonger au sud pour monter dans le train des dépressions de l’océan austral. Pour épicer la donne, une nouvelle cellule anticyclonique est en train de se former à la pointe sud-est de l’Afrique. Deux solutions s’offrent aux leaders : tenter de se frayer un trou de souris ou sinon contourner ces hautes pressions par le sud pour rester dans les vents d’ouest. Mais pour ce faire, il faudrait accepter de plonger jusqu’au 48°S soit à la latitude où nombre d’icebergs ont été repérés par CLS et le CROSS Réunion, qui ont fourni les données à la direction de course. Ralentir en restant proche de la route directe au risque de décrocher de la tête de flotte ou jouer la carte de l’option sud et des glaçons, dans les deux cas, frissons garantis…

Ils ont dit

François Gabart (MACIF) : « On est derrière le front, au reaching. Il y a un peu plus de mer donc on va un peu moins vite que ces derniers jours mais on continue de bombarder. Je suis très content du classement de ce matin. Bien que ce soit anecdotique, ça fait toujours plaisir d’être devant. »

Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) : « L’hydrogénérateur est à moitié de sa puissance, je dois faire attention à ma consommation mais je n’ai pas encore mis l’éolienne. J’attends de voir si je peux gérer ça avec les panneaux photovoltaïques. Mais le bateau va bien, il n’y a pas de casse, rien à déclarer. Je le surveille et je contrôle avant d’entrer dans les mers du Sud. Il me reste l’étape de l’anticyclone de Sainte-Hélène à passer, je vais faire mon possible pour sortir le plus rapidement de là. »

Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) : « S’il y a un problème c’est avec l’hydrogénérateur. Ce n’est pas irrémédiable mais il faut que je m’en occupe rapidement. » 

Bertrand de Broc (Votre nom autour du monde) : « Sainte-Hélène nous fait des petites misères mais aujourd’hui c’est le grand bleu. J’avais une belle liste de petits problèmes techniques que j’ai attaquée aujourd’hui avant d’arriver dans une météo plus coriace. J’avais un petit problème avec un hydrogénérateur, j’ai dû changer un bout coincé dans la palme. Ça faisait deux jours que ça traînait donc j’en ai profité. »

Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) : « J’ai profité d’une super journée vendredi pour faire une petite gym tonique. C’était une journée idéale pour faire le tour du bateau. J’ai pu faire des échauffements avant de monter dans le mât. Je suis monté à 30 mètres pour changer un aérien qui donne la force et la direction du vent. J’en avais deux mais j’en avais perdu un il y a quelques jours, c’était le moment idéal de le remplacer avant d’entrer dans les mers du Sud. J’ai aussi pu vérifier le gréement, le mât est dans un état parfait. »

Classement de 16h
 1         François Gabart  Macif à 18 177.0 nm
 2         Jean-Pierre Dick  Virbac Paprec 3 à 4.5 nm
 3         Armel Le Cléac’h  Banque Populaire à 15.9 nm
 4         Bernard Stamm  Cheminées Poujoulat à 83.5 nm
 5         Alex Thomson  Hugo Boss à 152.8 nm
 6         Mike  Golding  Gamesa à 399.0 nm
 7         Jean Le Cam  SynerCiel à 422.4 nm
 8         Dominique Wavre  Mirabaud à 456.3 nm
 9         Javier Sanso  Acciona à 791.5 nm
 10       Arnaud  Boissières  Akena Verandas    à 1276.8 nm