Aux Açores, François Gabart contrôle toujours

Macif
DR

A un peu plus de 1200 milles des Sables d’Olonne, on pouvait croire que François Gabart – ce matin au cœur de l’archipel des Açores, entre Terceira et San Miguel – aurait encore pris un peu d’avance en touchant le premier hier les bons vents de sud-ouest qui doivent le porter a vive allure vers le port vendéen. Mais c’est finalement Armel Le Cléac’h qui s’est montré le plus rapide cette nuit. Le skipper de Banque Populaire, avec un meilleur cap sur la route directe pour l’instant, est parvenu a reprendre les milles perdus hier. Un peu plus au sud, il est revenu à 88 milles du leader dans un vent de sud-ouest d’une vingtaine de noeuds qui devrait pousser les deux skippers au moins jusqu’à hauteur de La Corogne, au cap Finisterre. Une situation forcément usante pour les deux marins après 75 jours de course autour du monde. Jusqu’à la fin, il va falloir éviter toute erreur, se montrer irréprochable dans les manœuvres, vigilant en permanence sur les réglages pour optimiser au maximum la bonne marche du bateau, saisir la moindre opportunité météorologique… Chasseur ou chassé, les dernières heures de ce Vendée Globe promettent d’être intenses jusqu’au passage libérateur de la ligne d’arrivée, ce week-end (probablement samedi soir). Avec un skipper surdoué aux avant-postes et un poursuivant tout aussi talentueux réputé pour sa ténacité, la dernière ligne droite se fera sous haute tension, avec la hantise de la casse en sus.

- Publicité -

Cruel dilemme

Car c’est bien la hantise des derniers milles, quand l’homme et la machine s’approchent de la fin du tour du monde, usés par l’accumulation de la fatigue et des milles. Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec 3) en sait malheureusement quelque chose, lui qui navigue sans quille depuis deux jours. A 500 milles des Açores, il lui reste encore quelques poignées d’heures pour faire le choix d’abandonner ou de tenter de rejoindre les Sables d’Olonne. Cruel dilemme, car si pour l’instant le skipper niçois parvient à conserver sa troisième place, dans un vent portant d’une quinzaine de nœuds et une mer relativement maniable, son retour en Vendée est conditionné par une météo qui lui permette de continuer à naviguer sans risque fort de chavirer… Il lui sera de toute façon très compliqué de conserver sa place sur le podium malgré cette magnifique résistance, mais il y a une différence notable entre abandonner et finir 4e d’un Vendée Globe! Alex Thomson (Hugo Boss), le plus rapide de ces dernières 24 h avec 350 milles parcourus, naviguait ce matin 7 nœuds plus vite que son adversaire direct. Alex n’est plus qu’à 90 milles du tableau arrière de Jean-Pierre Dick. En plus de viser une formidable troisième place, sur son plan Farr de 2007, il pourrait également boucler le parcours en moins de 80 jours…

Retour vers le portant

A 1500 milles de l’Anglais, à 30 milles dans l’est de l’archipel Fernando de Noronha, Jean Le Cam (SynerCiel) est toujours à la lutte avec Mike Golding (Gamesa). Après une progression lente et difficile au large de la côte brésilienne, Golding s’est recalé dans le sillage du Breton, 35 milles derrière. Les deux marins d’expérience filent désormais à un peu plus de 15 nœuds sur la route directe vers l’équateur, distant de 250 milles. Dans un vent de sud-ouest de 15 nœuds, le skipper de SynerCiel devrait revenir dans l’Atlantique Nord en fin de soirée aujourd’hui… enfin !

Un peu plus de 300 derrière, le Suisse Dominique Wavre (Mirabaud) retrouve également le plaisir d’une navigation moins complexe. Le vent n’est pas très fort mais il est maintenant de travers et permet une progression vers le nord, à un peu plus de 11 nœuds de moyenne. 160 derrière dans l’ouest, à la latitude de Salvador De Bahia, la situation s’améliore progressivement également pour Arnaud Boissières (Akena Vérandas), même s’il progresse toujours lentement au près dans un vent de nord-est de 10 nœuds. Le skipper sablais a empanné cette nuit. Plus à l’est, à 175 milles de Dominique Wavre, l’Espagnol Javier Sanso (Acciona 100 % EcoPowered), en proie à d’importants soucis électroniques et de girouettes cassées qui lui interdisent de recevoir toute information de force et direction du vent, navigue toujours à faible vitesse dans un flux de nord-est de 8 nœuds qui devrait bientôt passer à l’est, lui permettant d’ouvrir un peu les voiles et de faire route directe vers le nord.

Coup de frein à l’arrière

Après une impressionnante remontée, Bertrand De Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) se trouvait fortement ralenti ce matin et évoluait à 8 nœuds à moins de 3000 milles des leaders. Il glisse actuellement plein est pour traverser une zone sans vent avant de se recaler vers le nord prochainement, au près. Toujours dans un flux portant, au reaching, Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur), qui vient de passer la latitude de Rio de Janeiro, devrait en revanche bénéficier du vent de sud-est qui le pousse actuellement à un peu plus de 13 nœuds toute la journée. A près de 4200 milles de François Gabart enfin, Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) progresse péniblement au près, dans la bordure ouest d’une zone de hautes pressions, au large de Buenos Aires (Argentine). Le skipper franco-italien, privé de trois voiles de portant (gennaker, petit et grand spi) va maintenant devoir adapter son parcours aux configurations de voiles qui restent disponibles à son bord.

Christophe Favreau

Classement de 5h
 1         François Gabart Macif à 1223.2 nm
 2         Armel Le Cléac’h Banque Populaire à 88.2 nm
 3         Jean-Pierre Dick Virbac Paprec 3 à 597.1 nm
 4         Alex Thomson Hugo Boss à 688.8 nm
 5         Jean Le Cam SynerCiel à 2213.7 nm
 6         Mike  Golding Gamesa à 2235.2 nm
 7         Dominique Wavre Mirabaud à 2625.2 nm
 8         Arnaud  Boissières Akena Verandas à 2782.8 nm
 9         Javier Sanso Acciona à 2800.6 nm
 10       Bertrand de Broc Votre Nom autour du Monde à 2991.7 nm
 11       Tanguy de Lamotte Initiatives cœur à 3318.5 nm
 12       Alessandro Di Benedetto Team Plastique à 4182.0 nm