
Armel et Alex se livrent à un duel sans merci depuis plusieurs jours sans qu’aucun des deux ne parviennent à se détacher. Les deux leaders alignent des trajectoires un peu différentes mais optimum pour leurs bateaux avec des vitesses assez similaires. Derrière Sébastien Josse en profite pour revenir un peu alors que Jean-Pierre Dick dont nous annoncions le retour hier a été contraint de faire demi-tour pour réparer sa faute après avoir franchi le “mur de glace”. Le reste de la flotte doit composer elle avec une succession de perturbations de l’Argentine à l’Australie.
Jean-Pierre Dick aura perdu quasiment huit heures après le franchissement de la ZEA (Zone d’Exclusion Antarctique) définie par la Direction de Course pour éviter aux solitaires d’approcher les glaces dérivantes, nombreuses sous le 45°S. En fait il semble que le skipper de StMichel-Virbac n’a pas intégré dans ses logiciels de navigation le fait que les points définissant ce « mur des glaces » avaient été remontés vers le Nord il y a plusieurs jours en raison de l’accumulation d’icebergs avant les Kerguelen.
Le solitaire a ainsi franchi la frontière interdite vers 16h20 vendredi et a commencé son demi-tour deux heures plus tard. Heureusement, le vent de secteur Nord lui a permis de revenir sur ses pas relativement rapidement puisque le monocoque pouvait reprendre sa route vers l’Est dès minuit. Le bilan est tout de même conséquent puisque ce sont près de huit heures qui ont été perdues et ses deux poursuivants en ont profité puisque Thomas Ruyant (Le Souffle du Nord pour le projet Imagine) et Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) ne sont plus respectivement qu’à 200 et 100 milles de son tableau arrière…
Laisser-passer
Et 300 milles devant cette troïka, Yann Éliès se voit contraint de ralentir et de changer de cap pour laisser passer une dépression tropicale violente et rapide venue de Madagascar : la trajectoire de ce système météo l’a fait glisser entre le tandem Meilhat-Beyou qui a pu échapper au choc en restant sur le 40°S, à 500 milles au Nord des Kerguelen, et le skipper de Quéguiner-Leucémie Espoir qui a tout de même perdu plus d’une centaine de milles dans cet évitement météorologique. Pour autant, le solitaire va devoir encore patienter au moins jusqu’au milieu de la journée pour passer au-dessus du centre dépressionnaire avec tout de même plus de 40 nœuds établis de secteur Sud-Ouest…
Pour le duo de tête, il a fallu enchaîner neuf empannages cette nuit le long du « mur des glaces » avant de retrouver un flux stabilisé de secteur Nord-Ouest modéré : Alex Thomson (Hugo Boss) et Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) devraient accélérer dans la journée avec l’arrivée d’une ondulation isobarique qui va les propulser vers le cap Leeuwin qu’ils devraient déborder en fin de week-end. Et à l’opposé du classement, encore dans les mers subtropicales de l’Atlantique, Didac Costa (One Planet-One Ocean) et Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) bataillent encore dans un anticyclone collant tandis que le peloton se débat dans un front avec plus de 35 nœuds d’Ouest… La variation climatique est devenue considérable entre le duo de tête et le tandem de queue !