
Après 37 jours de course dans son premier Vendée Globe, Fabrice Amedeo poursuit son parcours initiatique dans l’océan Indien. Chaque jour qui passe lui fait prendre la mesure du défi que représente la navigation dans ces mers difficiles et, presque paradoxalement, le conforte dans l’idée qu’il est, quoi qu’il arrive, un homme heureux en mer. Relativement épargné par les soucis techniques depuis le départ des Sables d’Olonne, le skipper de Newrest-Matmut a, depuis la nuit dernière, un gros chantier sur le feu qui va l’obliger à monter dans le mât. Explications…
Comme chaque jour, à chacune de ses conversations téléphoniques avec la terre, la voix de Fabrice Amedeo transmet l’enthousiasme et cette inébranlable volonté de partager les émotions. Mais en ce mardi, le skipper de Newrest-Matmut a surtout une mésaventure à raconter : « Hier, dans un grain à 40 nœuds, mes trois drisses se sont emmêlées autour de l’étai de J2. Au lever du jour, j’ai démêlé ce que je pouvais autour du câble, mais je n’ai pas réussi à le faire autour de l’émerillon (pièce rotative située en haut). Il n’y a donc pas d’autre solution que de monter dans le mât, jusqu’au capelage (23 mètres) pour arranger tout cela ». Une nouvelle et une perspective peu engageantes, qui prennent tout leur sens quand on sait que le marin originaire de Segré est extrêmement sensible au vertige et qu’il avait tenté d’exorciser cette peur en sautant en parachute quelques semaines avant le départ du tour du monde. Malgré cela, la perspective de cette ascension demeure une épreuve par laquelle il va falloir passer. Reste à savoir quand… « Trois possibilités se sont présentées. J’ai d’abord pensé à monter tout de suite dans le mât, mais les conditions ne permettent pas de réaliser cette opération aujourd’hui. Entre la mer formée et les averses de neige, je me suis dis que ce n’était pas le bon endroit ! L’idée de se mettre à l’abri aux Kerguelen ne m’apparaît pas non plus raisonnable étant donnée l’arrivée prochaine de cette fameuse dépression. Cela m’amènerait trop Sud. L’objectif est donc de faire route à une allure modeste dans un premier temps, avec une voilure réduite, puis de moins en moins modeste parce qu’en étant de moins en moins sous toilé, et d’aller négocier la dépression. Je vais ainsi profiter du prochain anticyclone pour monter dans le mât et dérouler tout ça !».
Bizutage indien
C’est donc en début de semaine prochaine qu’une première opportunité pourrait se présenter pour Fabrice Amedeo, sous la forme d’un anticyclone et d’une accalmie permettant une ascension dans le mât. Encore faudra-t-il qu’il n’impose pas de faire trop de route. Si le moral reste bon à bord de Newrest-Matmut, les prochaines heures, les prochains jours ne vont pas être les plus drôles pour son skipper qui sait qu’il n’aura pas d’autre choix que de s’imposer ce nouveau défi. De quoi achever son baptême du feu Indien également marqué par des conditions très froides allant même jusqu’à geler le pont ce matin et lui donner l’occasion de faire des boules de neige. Une chose est sûre, si le Pacifique n’aura rien d’une promenade de santé, c’est tout de même avec impatience que le bizuth attend désormais de saluer le cap Leeuwin !