En ce vendredi, alors que l’arrière-port de Concarneau est balayé par un méchant vent de sud-est, les équipages procèdent aux dernières vérifications indispensables avant la grande traversée. Tous ne partent pas avec les mêmes ambitions, mais il n’est pas un équipage qui ne veuille se dire qu’il n’est pas allé jusqu’au bout de son potentiel.
Catégorie gros bras
Ils ont des palmarès à faire pâlir d’envie quiconque rêve de notoriété, pour certains l’Atlantique est un terrain de jeu à peine conforme à leurs ambitions. Ils cumulent les titres, les milles marins et l’expérience. La Transat AG2R comptera ainsi quatre anciens vainqueurs du Figaro, Nicolas Troussel associé à Christopher Pratt (Financo), Eric Drouglazet qui embarque à ses côtés Christophe Bouvet (Luisina), Dominic Vittet et Armel Tripon (Gedimat) comme l’incontournable Jean Le Cam qui vient piger aux côtés de Gildas Morvan (Cercle Vert). Dans ce petit monde fermé des vainqueurs potentiels, on retrouve aussi les habitués de la série comme Erwan Tabarly et Vincent Biarnes (Athema), Corentin Douguet et Thierry Chabagny (Suzuki) ou bien encore l’inusable Jean-Paul Mouren qui entamera une nouvelle année en Figaro aux côtés de Laurent Pellecuer (SNFE – Cliptol Sport). Sans oublier Jeanne Grégoire qui a choisi de faire équipe avec Nicolas Lunven , premier bizuth de la dernière solitaire du Figaro (Banque Populaire), Ronan Guérin et Luc Poupon (Solar Inox) ou bien encore Bertrand de Broc et Erwan Riou (Les Mousquetaires).
Jeunes espoirs aux dents longues
Ils ont débarqué sur le circuit avec l’ambition et l’enthousiasme de la jeunesse. Après avoir usé leurs fonds de cirés comme équipiers sur les courses en équipages ou sur les bancs de la voile olympique, ils voient dans cette transat, l’occasion de remettre au goût du jour le vieil adage qui dit que la valeur n’attend pas le nombre des années. Thomas Rouxel et Erwan Israel (Défi Mousquetaires) ne le savent que trop bien quand l’un a effleuré les marches de la gloire dans le dernier Trophée BPE et que l’autre fut l’auteur d’une Solitaire du Figaro exemplaire en 2006. A ce compte, on n’oubliera pas Franck Le Gal et Erwan Le Roux (Lenze), Eric Péron et Miguel Danet (Concarneau – Saint-Barth), Ronan Treussard et Anthony Marchand (Groupe Celeos), Liz Wardley et Nick Black (Sojasun).
Modestes mais déterminés
Et puis, il y a les autres : les sans-grades qui sont venus sans autre ambition affichée que de se dire que l’aventure fut belle, que de côtoyer des stars de la course au large est aussi l’occasion de continuer à progresser. Même si, au fond d’eux-mêmes, tous espèrent pouvoir faire un coup, bousculer les pronostics les plus évidents, accéder au bonheur de se trouver ne serait-ce qu’un temps sous les feux de la rampe. Elodie Riou et Bertrand Castelnérac (KPMG), Tangi Mahé et Claude Bertrac (Iroise Promotion), Gilles Favennec et Jean Galfione (Nivea), entre autres, le savent : la concurrence est vive, le plateau relevé. Mais il n’est pas forcément nécessaire de réussir pour entreprendre.
Au bout du compte, chacun part avec ses armes, ses ambitions. Il reste que tous vont devoir vivre trois semaines de mer en vase clos, enregistrer les aléas d’un classement qui fera selon l’heure, grimper leur humeur vers l’euphorie ou soumettra leur mental à rude épreuve. Ils retireront de cette traversée de l’Atlantique des choses qui n’appartiennent qu’à eux. Des amitiés se forgeront, il y aura des coups de gueule, des jours de moins bien, des « ça va le faire », des « je te l‘avais bien dit ». L’histoire ne retiendra qu’un vainqueur et quelques faits de course majeurs. Qu’importe si l’aventure promet d’être belle.
(source Transat Ag2r)