Partis de Pointe à Pitre le 25 novembre à bord du trimaran classé deuxième des Multi 50 sur La Route du Rhum – La Banque Postale, Lalou Roucayrol et ses trois équipiers s’étaient préparés à dignement fêter leur retour et le superbe podium de Région Aquitaine – Port-Médoc. Mais comme le sait si bien Lalou, les océans, et l’Atlantique en particulier, ne se domptent pas si facilement. « Nous nous attendions à avoir une traversée difficile pour rentrer à Port-Médoc. Nous avions fait un gros briefing avant le départ, en prévision du vent fort, et émis toutes les hypothèses, même celle du retournement et étions prêts à affronter cela. Tout le monde savait où trouver le matériel de sécurité et quels étaient les gestes à avoir dans ce genre de situation extrême » expliquait Lalou à son arrivée ce matin. En contact permanent avec Éric Mas, son routeur de Météo Consult, le skipper attendait une météo difficile pour les jours suivants, notamment pendant la nuit du 3 au 4 décembre. « Nous faisions preuve de la plus grande prudence et le bateau n’excédait généralement pas les 10-15 nœuds. Nous avions même corrigé notre route pour essayer de passer au nord de la zone la plus touchée par les vents forts et la grosse mer. »
Les circonstances de l’accident
Ce matin du 2 décembre, 24 heures avant le gros temps prévu, Lalou et son second, Dominique Labeyrie sont de quart et bénéficient de jolies conditions de glisse : « Nous étions tribord amure avec 18/22 nœuds de vent au portant. C’était agréable sous solent, grand-voile haute à 16/20 nœuds. Dominique était dehors et moi à l’intérieur, en veille. Subitement, alors que l’on subissait des grains jusqu’à lors à 32 nœuds max, le vent a refusé en rentrant à plus de 40 nœuds. J’ai dit à Doms de choquer la Grand-voile, ce qu’il a fait tout de suite ; et quasiment instantanément le vent est rentré à 48 nœuds, si ce n’est plus. » Lalou avoue en effet que c’est la dernière fois qu’il a vu l’anémomètre. « Je me suis jeté dehors et j’ai essayé d’abattre mais au même moment le bateau a enfourné le flotteur bâbord. Le ralentissement a été violent et j’ai été projeté dans la cloison de bras avant, sonné et sans pouvoir me relever. J’ai vu Dominique au-dessus de ma tète, accroché au winches de traveller à l’arrière. Le vent a continué et le bateau s’est retourné en moins de 5 secondes. Le choc fut d’une telle violence que nous n’avons rien pu faire. » La balise de secours déclenchée, le CROSS a rapidement mis en place les opérations de secours, en coordination avec les autorités Américaines.
Les secours
Le porte-container La Scala, dérouté pour secourir l’équipage, est arrivé sur zone quelques heures plus tard. « La manœuvre dans les conditions de vent et de mer réalisée par le Capitaine Pavel Toader a été exemplaire » explique Lalou. « Nous avons été récupérés par un filet descendu le long de la coque du Cargo. Mais au moment de se dégager, la voute arrière de la Scala est venu frapper violemment le flotteur bâbord du trimaran. » Le bras avant du trimaran cassé, le flotteur doit dorénavant s’être désolidarisé de la coque centrale. Conscient d’avoir perdu son bateau, aboutissement d’un projet de plus de 4 ans et d’un investissement total, Lalou sait qu’il faut vite rebondir. « J’ai beaucoup réfléchi pendant ces 5 jours à bord de La Scala et noirci pas mal de feuilles. Nous allons voir ce que nous pouvons faire avec mes partenaires, la Région Aquitaine et Port-Médoc. Je vais soigner mon petit bobo au pied et vite me remettre en marche. Le futur se passe maintenant » conclut-il.