Capitalisme sauvage
Les courses de bateaux à voile ont ceci d’injuste qu’elles favorisent leurs patrons, sur un mode très " capitalisme sauvage " où les riches, toujours, s’enrichissent. Depuis son OPA sur la flotte, à force de persévérance et d’excellence, Michel Desjoyeaux est devenu le nanti, le verni, le mieux loti. Au terme de ce 74e jour de course, le voici seul en tête avec 481 milles de marge sur son plus dangereux rival Roland Jourdain. Aujourd’hui, Foncia a encore gagné 40 milles sur Bilou. Et tout porte à croire qu’il continuera à galoper, toujours plus vite, toujours plus loin.
A l’horizon du bateau blanc qui navigue vent de travers dans de solides alizés d’est (25 nœuds), la situation semble limpide : contourner par l’ouest (mais pas trop) l’anticyclone des Açores puis attraper le flux perturbé qui va le propulser à vive allure vers la ligne d’arrivée.
ETA entre le 31 janvier et le 2 février
Si tout va bien, Foncia devrait mettre un point final à son périple devant les Sables d’Olonne entre le samedi 31 janvier à l’aube et le lundi 2 février au petit matin. Au rythme où vont les choses, Bilou pourrait n’arriver que deux jours plus tard. Or, contre toute attente, il faut remonter à l’édition 1996-1997 pour retrouver un tel écart entre les deux premiers. Mais, comme dit le très sage adage marin : " tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie…. ".
D’autant qu’on l’a vu, cette course ne tient parfois qu’à un fil, un bout, un vérin, un câble, une vague. Hier, dans un journal de la presse quotidienne régionale, Michel Desjoyeaux révélait avoir échappé à une grave avarie qui aurait pu mettre un terme définitif à sa course, alors qu’il menait le bal dans le Pacifique. Confirmation à la vacation du jour : " Je ne vous dirai pas ce que c’est, je vous montrerai ça à l’arrivée, mais ça s’est joué ric-rac, à un quart de seconde près, la course était finie ". Sébastien Josse, présent à cette même vacation, sait avec quelle soudaineté et quelle brutalité, l’aventure peut s’arrêter : " le Vendée Globe n’est pas un sprint planétaire, c’est une course d’usure et j’ai fait partie du mauvais wagon ".
15 nœuds pour Michel, moins de 10 pour les autres
Pour l’heure, Foncia, en est la locomotive. Le plan Farr est lancé sur des rails à 15 nœuds de moyenne, tandis que ses prétendants connaissent une progression erratique, contrariée par des anticyclones, des lignes de grains ou des vents contraires.
Sur Veolia Environnement, Bilou a franchi l’équateur ce matin à 9h30 et s’extirpe tout juste d’un pot au noir très actif, tandis qu’Armel Le Cléac’h, pourtant à 200 milles de la zone, en connaît les prémices. Marc Guillemot à quelques milles de Rio, est piégé dans une zone orageuse et voie Samantha Davies, récompensée par sa position Est, se rapprocher à 50 milles de son tableau.
Plus loin, aux abords de l’Uruguay, Arnaud Boissières a passé une nuit blanche pour tenter de faire avancer Akena Véranda dans des calmes tous aussi blancs. Mais comme l’ensemble de la troupe dont ses prédécesseurs Brian Thompson et Dee Caffari, la vitesse de " Cali " est inférieure à 10 nœuds. Au Nord des Malouines, Steve White est le seul à expérimenter du vent fort (40 nœuds), mais malheureusement de secteur nord, ce qui l’oblige à ferrailler au près dans une mer formée. A 800 milles du cap Horn, Rich Wilson attend le flux d’ouest qui le propulsera vers l’Atlantique, tout comme Raphaël Dinelli et Norbert Sedlacek, toujours empêtrés en plein anticyclone Pacifique.



















