Francis Joyon mardi au départ de la Route de la Découverte

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Le détenteur du record du Tour du Monde à la voile en Solitaire devra passer sous la barre des 10 jours, 11 heures, 50 minutes et 20 secondes fixée par le trimaran de 60 pieds Sodebo. Pour "tenir" les 15,5 noeuds de moyenne, et compte tenu de l’impossibilité de rester sur la route directe, direction des vent oblige, c’est à plus de 22 noeuds que Joyon devra traverser l’Atlantique, seul à bord du grand plan Irens-Cabaret.
Jean-Yves Bernot, routeur-navigateur complice de tous les exploits de Francis s’attache à déceler la plus propice des fenêtres météo. Il sait qu’avec ce diable de Joyon, il peut pousser le "curseur de l’impossible" plus haut qu’avec n’importe quel marin ; c’est donc dans des vents annoncés à plus de 30 noeuds qu’IDEC quittera en début de semaine prochaine les côtes d’Espagne pour un long sprint " en apnée" totale jusqu’à San Salvador.

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L’automne propice à la Route de la Découverte
"Des fenêtres peuvent se présenter à tout moment sur ce trajet qui est très particulier, "explique Francis Joyon en stand-by à Cadix depuis plusieurs semaines; "le risque de cyclones est important en été et l’automne nous apporte des vents de nord très intéressants. Une bonne situation se présente en cette fin d’octobre. A moi de la saisir."

Des difficultés de ce parcours…
"Contrairement à ce que l’on peut penser, l’allure trop portante n’est guère appréciée de nos trimarans qui sont plus performants aux allures de largue ou au "reaching". J’avais une possibilité de partir dès ce dimanche matin, mais le vent trop à l’ouest m’aurait obligé, pour aller vite, à m’écarter de son lit et donc de ma route directe. Pour marcher à 15 noeuds sur la route directe, il faut être à 22 noeuds tout le temps. Ce parcours nous oblige de toutes façons à tirer de nombreux bords… Ensuite, les dévents au passage des grandes îles des Canaries peuvent être pénalisants (Gran Canaria culmine à 1959 mètres!), avec le risque de se trouver encalminé… Il existe ensuite mi Atlantique des zones de transition à bien négocier, quand l’alizé mollit ou se renforce brutalement… il faut ainsi savoir se repositionner en permanence en fonction du comportement de l’alizé qui fluctue beaucoup en force et en direction. Il y a aussi un risque de "molle" sur l’arrivée…

Sur les traces de Christophe Colomb.
Le navigateur Génois était parti le 3 août 1492, de Palos de la Frontera en Andalousie, non loin de Cadix, avec 3 navires, 2 caravelles, la Pinta et La Niña, et une nef, la Santa Maria, et pas plus de 90 membres d’équipage. Cette petit flotte avait fait escale près d’un mois à Las palmas aux Canaries, pour éviter les Portugais qui naviguaient dans le secteur des Açores. Les 3 884 milles théoriques du parcours record passent ainsi par le sud de Gran Canaria et Ténériffe. " La position du bateau est envoyée toutes les heures au WSSRC, organisme qui valide les records,  qui va ainsi contrôler la légitimité de ma route, et éventuellement valider un record de vitesse sur 24 heures…"

Un comparatif avec le trimaran Orma
"Ce comparatif à distance avec le trimaran Orma Sodebo de Thomas Coville est très intéressant ; quand on observe les "polaires" de vitesse d’un 60 pieds comme celui de Thomas en 2005, on constate que dans des vents inférieurs à 15 noeuds, le 60 pieds marche plus vite que mon grand bateau. Au delà de 16-17 noeuds, mon grand trimaran devrait aller plus vite…"

A fond tout le temps
"Je pars sur un rythme de transat, un peu moins de 5 000 milles à effectuer en route réelle et il faudra être à fond tout le temps, comme sur l’Atlantique Nord…"

Flashback
La Route de la découverte a d’abord été une course transatlantique en équipage créée en 1984 et qui n’aura connue que deux éditions, le temps pour Philippe Poupon et son grand catamaran de l’emporter en 12 jours et 21 heures dès l’édition inaugurale, avant que Serge Madec et Jet-Services V, catamaran de tous les exploits ne l’emportent à son tour en 88 face à une trentaine d’équipages.
Francis Joyon et son premier trimaran IDEC s’était emparé du temps référence en novembre 2004, et Thomas Coville sur son trimaran de 60 pieds Sodebo lui avait quelques mois plus tard, en juillet 2005, ravi le record.