Charles Caudrelier a franchi le cap Leewin. Toujours en tête, il conserve encore une belle avance sur Thomas Coville qui lui-même voit revenir Armel Le Cleac’h. A Cap Town, Tom Laperche espère réparer. Il a été rejoint par Anthony Marchand. Dernier mais bientôt 4e Éric Péron poursuit son tour à son rythme.
Charles Caudrelier est le premier à franchir le Cap Leeuwin, battant ainsi par la même occasion le record de François Gabart, datant de 2017, de plus d’une journée. Bien plus loin, à Cape Town, Anthony Marchand est arrivé pendant la nuit. Il va retrouver son équipe et celle de SVR-Lazartigue qui a communiqué dans la journée. « Il y a une mini possibilité de continuer » a confié Tom Laperche. Il convient de réaliser un petit travail de projection depuis la terre pour se rendre compte de ce qu’il se passe là-bas, dans ces mers où le ciel est bas, la lumière rare et l’espoir si loin. La succession des jours et la répétition des efforts pourraient finir par banaliser ce que ces marins sont en train de vivre. La difficulté se ressent pourtant pleinement à observer un homme résister à tout, à s’employer à longer la ZEA (zone d’exclusion des glaces) et à avancer toujours. Cet homme, c’est Charles Caudrelier.
Alors que la plupart de ses rivaux ont tous eu à gérer des avaries techniques conséquentes, lui continue à progresser, constant dans l’effort, s’autorisant même à temporiser quand il le faut. Attention : c’est tout sauf un long fleuve tranquille. Il faut s’imaginer qu’à bord du Maxi Edmond de Rothschild, Charles a enchainé 12 à 13 empannages hier. « Il doit être bien fatigué là », insistait ce matin Guillaume Rottée, le Directeur de course de l’ARKEA ULTIM CHALLENGE – Brest. « C’était bien actif avec toutes ces manœuvres, ce vent très instable, il faut tout le temps régler les voiles et ce n’est pas évident », confiait le skipper du Maxi Edmond de Rothschild hier. Il a donc tenu bon et s’est rapproché des côtes australiennes.
Charles a explosé le record détenu depuis 2017 par François Gabart. Ce dernier avait bouclé le trajet entre Ouessant et le Cap Leeuwin en l’espace de 19 jours, 14 heures et 10 minutes, ce qui constituait jusqu’alors le temps de référence. Même si le skipper de Macif avait emprunté une route bien plus Sud que le Maxi Edmond de Rothschild, Charles s’est offert le record avec plus d’une journée d’avance. Ce jeudi 25 janvier, Charles Caudrelier et le Maxi Edmond de Rothschild ont franchi la longitude du cap Leeuwin, à la Pointe Sud-Ouest australienne à 19h 14min et 05 secondes (heure française) après 18 jours 5 heures 44 minutes et 5 secondes de course. Lancé dans une course autour du monde et non dans une tentative de record, le leader de l’Arkea Ultim Challenge Brest le martèle, les chiffres l’importent peu et seul son classement compte. Pour autant, grâce son incroyable navigation, le skipper du Gitana Team s’offre au passage le nouveau meilleur temps de référence en solitaire entre Ouessant et le cap Leeuwin. Il améliore le chrono établi par François Gabart en 2017 de 1 jour 8 heures 25 minutes et 55 secondes. Depuis le départ de Brest le 7 janvier dernier, le Maxi Edmond de Rothschild a réellement parcouru 13 007 milles, soit une vitesse moyenne de 29,54 nœuds.
Derrière, Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) tient bon à la 2e place. En prise avec des conditions particulièrement virulentes, il comparait ces derniers jours à « un train fantôme » où « il n’y a pas de vie retour ». Le ciel s’est depuis dégagé et il a pu poursuivre sa route avec un peu plus de quiétude. Du côté d’Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI), tous les voyants sont au vert. Le plus rapide sur la journée de mercredi, le skipper progresse toujours à plus d’une trentaine de nœuds de moyenne. « Continuer est une mini-possibilité » (Tom Laperche) © Guillaume Gatefait Dans le même temps, à plus de 3 800 milles plus à l’Ouest, la réalité est bien différente pour Tom Laperche. Dans un communiqué publié en fin de matinée, SVR-Lazartigue est revenu sur la situation. Le bateau est arrivé lundi dernier, amarré mardi avant que l’équipe ne s’active pour « constater l’étendue et la gravité des dégâts » et « l’étude des différentes options ». Et la suite ? « Continuer est une mini-possibilité mais ce n’est pas simple, admet Tom. Quand j’ai vu les dégâts, j’ai tout de suite compris que ça allait être compliqué ». Et d’ajouter : « rien n’est facile au Cap. Il faut trouver la bonne grue, avoir les autorisations, la logistique. Ça ne va pas aussi vite que nous espérions mais on se bat ». Désormais, plusieurs options sont sur la table dont la « mini possibilité de continuer » ou encore une réparation rapide « pour rendre le bateau étanche et le ramener par la mer à vitesse réduite sans dérive ». Une fois qu’Anthony Marchand aura à son tour rejoint Cape Town, ils ne seront plus que quatre dans un arc de 4 300 milles, la distance qui sépare Éric Péron (ULTIM ADAGIO) de Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild).