
La situation s’annonce compliquée pour Isabelle Joschke à bord de MACSF. Victime de la perte de son deuxième aérien, elle se retrouve sans instrument lui indiquant les données du vent. Les conditions étant de plus en plus musclées à l’approche du cap Horn, la navigatrice devra être encore plus prudente.
Actuellement 8e après une belle remontée, elle va devoir temporiser pour la remontée de l’Atlantique.
” La nuit a été longue pour moi, on voit que le jour se lève, c’est le bon moment pour aller dormir. Hier j’ai perdu mon aérien, le dernier qui marchait est tombé en panne donc le bateau a fait demi-tour tout seul alors qu’il y avait 30 nœuds et une mer pas possible donc ça a été difficile de récupérer ça. Depuis, je n’ai plus d’aérien donc je n’ai plus aucun instrument qui indique le vent. Et comme je navigue en vent arrière, c’est hyper compliqué, je dois toujours surveiller la marche, la vitesse et le cap du bateau pour ne pas qu’il sorte de ses rails. J’ai passé la nuit là-dessus et maintenant les conditions sont un petit peu plus stables.
Je suis toujours au portant VMG mais j’ai pris un ris dans la grand-voile donc ça me permet d’assurer mes arrières. C’est vrai que cette nuit j’étais grand-voile haute et comme c’est un temps à rafales avec le vent de sud-ouest, c’est beaucoup moins tolérant avec une grand-voile haute. Maintenant que c’est plus tolérant, j’ai pris un ris et je vais pouvoir aller dormir.
Je passe tout mon temps à surveiller la marche du bateau, la vitesse, le cap, l’assiette, sentir s’il est sur son bon cap, s’il accélère trop, et quand je dors, je dors avec ma main gauche dans un gant de ski et ma main droite sur la télécommande avec le pouce sur le bouton du pilote pour ajuster la trajectoire dès que je sens que le bateau part en sucette.
C’est une situation qui n’est pas confortable car je sais que j’ai encore un gros mois de navigation et ça va plus du tout être le même tempo, le même confort, ça va être plus difficile d’aller vite, j’aurais souvent besoin de lever le pied, le bateau sera souvent moins rapide donc ça sera frustrant. De plus, je vais moins dormir et je vais être très sollicitée par la marche du bateau. Et à côté de ça le cap Horn arrive et ça me réjouit car j’avoue que j’ai hâte de sortir des mers du Sud, ça commence à faire long, je souffre du froid et malgré la beauté des paysages, j’ai vraiment besoin de changer de climat, de mettre le cap au Nord.
Le passage va être dur car c’est que du vent arrière donc sans aérien ça risque d’être compliqué. Mais c’est vrai que je me réjouis de passer à une autre séquence. Et il y a autre chose aussi, le cap Horn figurait dans mes gros objectifs de ce Vendée Globe. Il y avait les mers du Sud, finir la course bien entendu et passer le cap Horn. Ça serait une grande satisfaction. ”