Vendée Globe. Alexia Barrier entre réparations, frayeurs et petits bonheurs

Photo envoyée depuis le bateau TSE - 4MYPLANET pendant le Vendee Globe, course autour du monde à la voile, le 17 Décembre 2020. (Photo prise par le skipper Alexia Barrier)

Alexia Barrier a passé le cap Leeuwin ce lundi à bord de son Imoca TSE-4myplanet après 49 jours en mer. Depuis son départ, la navigatrice mène son Imoca, le vétéran de la flotte, avec énergie et plaisir.

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Pendant plusieurs semaines, Alexia était en tête du dernier groupe, menant devant Miranda Merron, Clément Giraud, Kojiro Shiraishi, Sébastien Destremau et Ari Huusela. Mais les conditions très variables dans ce grand Sud ont été plus avantageuses pour ses concurrents. La navigatrice méditerranéenne ne baisse pas les bras et a comme objectif de revenir sur Miranda et Clément avant le cap Horn. Ces 50 jours de course commencent à se faire ressentir pour Alexia, avec les petits bobos, les soucis techniques et la dureté des éléments. Cependant, la joie de vivre de la navigatrice et le bonheur qu’elle exprime d’être en mer prennent le dessus.

Une bastaque cassée et réparée !
Ainsi, vendredi 25 décembre, jour de Noël, Alexia expliquait à son équipe : « Ce matin, la bastaque tribord s’est cassée, le mât s’est plié en deux, puis est revenu à sa place, droit comme un i, un truc de fou. J’ai eu une grosse frayeur et cru que le Vendée Globe était terminé pour moi ! Je fais route vers le nord-est pour réparer, plutôt qu’à l’est. » Encore sous le choc de cette immense émotion, la navigatrice s’est mise en situation de réparer la bastaque et imaginer un système pour inspecter mât et gréement avec une caméra. L’inspection s’est révélée concluante sans présenter de dommages irréversibles ! Et c’est seulement samedi qu’Alexia a pu reprendre sa route en en surveillant intiment son mât et en reprenant graduellement confiance.
Ce matin à la vacation officielle du Vendée Globe, Alexia raconte sa mésaventure, cliquez ici pour télécharger l’audio.

Entre bobos et réparation, la course continue
La descente de l’Atlantique s’est plutôt bien passée pour Alexia quand les soucis techniques et les bobos sont apparus au cours des miles parcourus sur l’océan indien.
Les voiles : « Un jour, j’ai voulu hisser un petit gennaker qui n’est pas de toute première jeunesse… mais il y a une jolie fenêtre dedans, d’un mètre carré. Il ne me reste que le grand Gennak et le spi, je vais rester conservatrice, car je vais avoir besoin de ces voiles dans des lieux plus cléments. »
L’hydrogénérateur : « Ce matin (21 décembre), c’est bricolage sur mon hydrogénérateur tribord. Obligée de m’accrocher à l’arrière du tableau arrière les pieds dans l’eau pour démonter les pièces cassées, pas hyper confortable mais ça l’a fait. Pendant ce temps les oiseaux s’amusent au-dessus de ma tête, des petits, des grands, c’est la fête à l’arrière de TSE-4myplanet. »
Le pilote automatique : « Ça faisait longtemps que je n’avais pas barré parce qu’il fait super froid. Avec les soucis de pilote, j’ai barré en mode commando dans des conditions musclées. Sans casquette, je peux difficilement rester dehors à 5 degrés et à me prendre des vagues dans la tête. Pourtant, j’aimerais bien voir des baleines. »
Les mains : « J’ai très mal aux mains, je ne prends pas le temps de les masser et de faire des étirements. Je sais que je dois le faire. Et du coup quand je barre, je ne suis pas à 100%. »
Mais la navigatrice méditerranéenne garde sa joie de vivre et partage son bonheur d’être encore en course dans les mers du sud.

Les petits bonheurs
Se confronter aux autres, dépasser Ari, devancer Miranda et Clément dans la descente de l’Atlantique, ces moments de compétition, Alexia les savoure et les cherche. Son objectif est de remonter au classement avant le cap Horn. « Je me suis fait un peu distancée cette semaine par Miranda et Clément. A vrai dire, ils vont beaucoup plus vite que moi. Charge à moi de naviguer plus intelligemment ces prochains jours pour essayer de raccrocher le wagon. »
Et puis, les petits bonheurs se sont aussi ces rencontres, comme les pétrels, les albatros, le phoque, gardien de l’océan indien, qui animent ses journées.
« Quand j’ai passé les 40èmes rugissants début décembre, incroyable, il y avait un gardien à l’entrée de ces 40èmes. Ce gardien, c’était un phoque et j’étais très surprise de le voir là. C’est la première fois que je croise un phoque en pleine mer. Je peux vous dire que ça m’a fait du bien de le voir. On s’est regardé les yeux dans les yeux, ça faisait un mois que je n’avais pas regardé un être vivant dans les yeux. Ça m’a apporté beaucoup de réconfort pour les jours à venir de le rencontrer, racontait Alexia. Pour Noël, j’ai voulu inviter des albatros pour le dîner, mais ils ne voulaient pas entrer à cause de leurs grandes ailes. Et moi j’avoue que je ne voulais pas dîner dehors, il faisait trop froid, alors j’ai dîner toute seule, mais c’était aussi très bien. »

A presque mi-parcours, Alexia réalise son rêve d’être encore en course dans les mers du Sud. Elle continue de partager son combat pour la sauvegarde des océans. Ainsi elle aura largué 3 balises sur sa route pour aider les scientifiques à récolter des données sur la salinité, les courants, les températures. La navigatrice collecte des données de surface grâce à son thermosalinomètre et réalise des prélèvements hebdomadaires d’eau qu’elle conserve soigneusement jusqu’à son arrivée.