Rien ne semble l’arrêter… Yves Le Blévec (Actual) continue de glisser vers le Sud et collera la route orthodromique dans quelques heures. Son léger décalage dans l’Ouest lui a fait parcourir quelques milles supplémentaires, mais cette petite cuillère lui a permis de contourner soigneusement l’île de Fogo avec ses 2 892 mètres d’altitude. Impressionnant de voir ce piton volcanique planté au milieu de cette terre aride et qui occasionne un dévent de plusieurs dizaines de milles sous le vent de l’île Capverdienne. Yves ne le sait que trop bien pour y avoir fait un stop avec Orange 2 de Bruno Peyron lors d’une tentative du record Jules Verne, alors avortée. L’équipage avait amené le géant à stopper sa route et à s’abriter sous le vent de l’île pour en inspecter le dessous des coques, à l’abri des alizés de Nord-Est. Yves doit fort bien s’en souvenir… Aussi, au pointage de 14h00, Yves a augmenté son avance sur Adrien Hardy (Brossard), fidèle poisson pilote collé à la carène du plan Lombard nouvelle génération. 35 milles d’avance pour Yves ce jour après en avoir compté 27, 14 et 4 petits milles hier même heure. Impressionnant ! Les écarts font actuellement le grand écart et ce samedi, on compte 6 concurrents en 100 milles et 16 concurrents en 200 milles. Jamais la course n’a connu de tels écarts et cela ne fait que commencer quand on voit les vitesses du jour. La flotte de tête titille les 10 nœuds, là où le reste de la flotte affiche du 5/7 nœuds de vitesse moyenne. Nul doute, le vent a tendance à s’effacer derrière pour mieux pousser devant. En parlant de devant, on retrouve les incontournables « seconds » du moment avec Nick Brennan (Rafiki), David Sineau (Bretagne Lapins), Yann Riou (Caméléon), Fabien Desprès (Soitec), Kristian Hajnsek (Adria Mobil), Olivier Cusin (Energies autour du monde) ou encore Peter Laureyssens (Ecover), qui a perdu quelques places après son arrêt express Capverdien. Par contre, un concurrent mérite un coup de zoom bien particulier : Ronan Deshayes sur son Pco Technologies de 2002. Ronan est revenu aux avant-postes et pointe en 5e place ce jour. Superbe 4e de la première étape, rappelons que Ronan est allé se réfugier sous l’île de Gran Canaria (Canaries) pour réparer avant de plonger plein Est et d’aller frôler le Cap Blanc Mauritanien dans le début de la seconde étape. Une vitesse constante pour compenser le nombre de milles en plus, et le voilà qui revient dans le top 5 après avoir été dans les 25e il y a plusieurs jours. Chapeau bas et gageons qu’il pourrait créer encore la surprise.
Car, le prochain écueil sera le Pot au Noir et personne ne peut trop savoir à quel grain il se fera moudre… Nuages pernicieux, rafales à 40 nœuds, vent tournant et pluie diluvienne pendant quelques minutes, le Pot au Noir sera le plat principal des jours à venir. Situé pour le moment entre 9° et 8° Nord, il resterait sur le papier environ 150/200 milles à Yves pour en connaître les premiers effets. Maintenant, « sur le papier » ne veut pas dire grand chose dans cette zone . Le Pot au Noir bouge, se dissout pour mieux se reformer et enfler au gré des journées. Mettre de l’Ouest dans sa route est permet dans les livres de traverser une zone moins large, toucher les alizés de Sud-Est tout en restant le plus Est possible permet d’ouvrir plus les voiles et, logiquement, d’avaler plus rapidement les milles. Un vaste dilemme face auquel se trouve confronté nos marins d’ici quelques heures, voir quelques jours. Et le hic, c’est que la porte peut s’ouvrir pour l’un et se refermer pour l’autre… Difficile de se reposer alors sur des statistiques, l’observation du ciel et du baromètre prend alors le relais.
Duel au soleil… Autre duel à surveiller de près dans le classement série : celui d’Hervé Piveteau (Jules – Imprimerie Cartoffset) et de Stéphane Le Diraison (Cultisol-Institut Curie). Hervé tient la pôle position avec 11 petits milles d’avance et a pu observer que Stéphane est venu se recaler avant la traversée de l’archipel dans son ouest. Un décalage de Stéphane certainement en vue du Pot au Noir et d’une stratégie établie en amont. A suivre… Comme il est également intéressant de noter le décalage dans l’Est de Francisco Lobato (BPI) qui tient bien sa 3e place pour le moment. Une fois de plus, l’approche et le passage du Pot au Noir pourrait très bien redistribuer les cartes. Maintenant, ne nous leurrons pas… La vitesse des bateaux est telle dans le petit temps que si l’on constate des ralentissements, les bateaux ne s’arrêterons pas… Il suffit de se rappeler les premières 24 heures de course de cette deuxième étape où dans un calme quasi-plat, ils avaient parcouru 80 milles en 24 heures ! Dernière information concernant les Séries : ils sont 8 concurrents en 100 milles et 21 en 200 milles.
Nouvelles du large :
– Sam Manuard (Sitting Bull) s’est arrêté à Mindelo. Sam connaît des problèmes de vitesse depuis les Canaries et sa position en milieu de peloton en était la malheureuse preuve. Il y a retrouvé Alex Pella (Generalitat Valenciana).
– Plusieurs bateaux pourraient s’arrêter à Mindelo dans les heures et jours à venir : Xavier Haize sur Fidelia Assistance, Sébastien Picault sur Groupe Royer, Yannick Allain (Centifolia Chaveta) sans oublier Isabelle Joschke (Degrémont Synergie) ou encore Andrea Caracci (Speedy Bonsai). Stephan Bonvin sur Fondation Theodora fait également route sur le canal séparant les deux îles les plus Nord-Ouest de l’île. S’arrêtera, s’arrêtera pas ? Le pointage de ce soir nous en dira un peu plus.