
Dernier épreuve de la semaine, la tempête Thêta a joué a chamboule tout avec la flotte des IMOCA qui s’étale sur plus de 620 milles entre Alex Thomson et Sébastien Destremau (31e).
Premier hors-d’œuvre de ce Vendée, comme l’a décrit Kito de Pavant, cette tempête a dévoilé un peu de l’humain de chaque skipper engagé sur ce Vendée Globe qui reste avant tout une aventure forte, unique. On est dans le bain avec eux. Une fois passée la course reprend ses droits. La dépasser au plus vite, c’est l’assurance de filer vers le Sud et de creuser l’écart, comme « une espèce de catapulte », dixit Burton. Et dans la flotte, tout le monde l’a compris. Alex Thomson le premier qui devait être le boss ce soir, tout sourire, lui qui a à peine dormi depuis le départ.
La fameuse dépression tropicale commençait à se combler, progressivement, en se déplaçant lentement vers l’Est. Les premiers à l’aborder en début de journée ont donc eu les conditions les plus rudes. C’est Alex Thomson qui s’est rapproché le plus de son centre à bord de HUGO BOSS. « Il s’agit de la route la plus engagée, la plus proche de la trajectoire optimum avec un vent de travers de 20 à 25 nœuds », soulignait dans la matinée Christian Dumard, le météorologue du Vendée Globe.
À 35 milles du Britannique, Jean Le Cam et son IMOCA à dérives droites étaient toujours là. Le « Roi Jean » qui dispute son 5e Vendée Globe, savourait lors des vacations : « On est quand même à 4 jours de course, et je suis dans les temps des ‘foilers’. Papi fait de la résistance ! » Le marin de Yes We Cam! prévoyait de sortir de la dépression vers 21h. Le duo Thomson-Le Cam s’est fait rejoindre par un troisième homme : Nicolas Troussel. À bord de CORUM L’Épargne, lui aussi a pris une trajectoire plus proche du centre de la dépression.
Un trio en embuscade
Derrière, Thomas Ruyant (LinkedOut), Charlie Dalin (Apivia) et Kevin Escoffier (PRB) ont fait preuve de prudence. En début de journée, ils ont décidé de se décaler à l’Ouest pour s’éloigner de la route optimale et éviter des conditions trop éprouvantes. « Je veux rester maître de mon destin », confiait d’ailleurs Kevin Escoffier alors qu’il naviguait par 30 à 35 nœuds. En milieu d’après-midi, le vent était moins fort (20 nœuds de moyenne) la mer légèrement moins formée que pour Alex Thomson et Jean Le Cam.
Derrière les leaders, l’écart se creuse
« Thêta aspire bien le premier tiers de la flotte, mais le fait qu’elle ne s’active plus au Nord va bloquer le reste des concurrents », souligne Jacques Caraës, le directeur de course. Ainsi, pour les skippers suivant Alan Roura (La Fabrique, 18e à 15h), il va falloir s’armer de patience avec des vents moins forts, ne facilitant pas la transition vers l’alizé. « Le jeu va se refermer, on va voir accélérer les bateaux à foils », confirme Benjamin Dutreux (OMIA – Water Family)
Les écarts commencent déjà à être conséquents : à 15h, on comptait déjà plus de 620 milles de retard pour Sébastien Destremau (31e) par rapport à Alex Thomson.
Les « messieurs bricolage »
« Le Vendée Globe, c’est une emmerde par jour », disait Michel Desjoyeaux. Et les skippers l’expérimentent au quotidien. Nicolas Troussel (CORUM L’Épargne) assure « passer plus de temps à réparer qu’à naviguer ». Sébastien Simon (ARKEA PAPREC) a profité de la proximité avec les Açores pour monter en haut du mât sans parvenir à résoudre complétement le problème (girouettes endommagées). Maxime Sorel a constaté des problèmes de pilotes automatiques. Enfin, Louis Burton a transformé le pont de Bureau Vallée 2 en « atelier de composite » pour réparer une fissure sur une cloison. « J’appréhende la prochaine fois qu’on va refaire du près dans une mer formée », explique-t-il à l’unisson des autres skippers.
Armel Tripon, le retour
Pour le moment les favoris sont là. Charlie Dalin sur Apivia, Thomas Ruyant sur LinkedOut et Alex Thomson confirment leur statut. La bonne surprise vient de Nicolas Troussel sur Corum L’Epargne dont le bateau semble aller vite et il navigue intelligemment. Le skipper reste prudent pour ménager sa monture. Sébastien Simon sur Arkea Paprec a mis du temps pour être dans la course. Il semble avoir retrouver la niak. S’il a un souci d’aérien, il va pouvoir réparer. Il peut revenir. Derrière, Armel Tripon sur l’Occitane ne s’avoue pas vaincue. Il peut très bien revenir d’ici le Cap.